Saw 5 (Que la partie s'arrête... Pitié !)

Par Olivier Walmacq

genre: horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
année: 2008
durée: 1h32

l'histoire : Il semble que Hoffman soit le seul héritier du pouvoir du Tueur au puzzle. Mais lorsque son secret risque d'être découvert, il n'a pas le droit à l'erreur et doit éliminer chaque menace. Les pièges vont se multiplier pour se refermer, inexorablement, en déclenchant autant de frissons que de cas de conscience...   

La critique :

Bis repetita... Comme une impression de marteler toujours la même antienne avec ce cinquième volet, donc Saw 5, sorti en 2008, qui utilise la formule gagnante (à défaut d'être convaincante) de ses prédécesseurs : une série de tortures débiles, des pièges machiavéliques, une immense demeure transformée en "Parc Astérix" de l'horreur, des enquêteurs qui piétinent et toute une série de flash-back clippesques en guise de scénario. Telle est la recette "miracle" (ou plutôt fantaisiste) de la saga depuis le second chapitre. Saw 5 n'échappe donc pas à la règle.
La seule différence, c'est que ce cinquième opus n'est plus réalisé par Darren Lynn Bousman, mais pas un certain David Hackl, le chef opérateur des trois précédents volets.

Au niveau de la distribution, Saw 5 réunit Costas Mandylor, Tobin Bell, Scott Patterson, Betsy Russell, Mark Rolston, Julie Benz et Shawnee Smith. Certes, les personnages interprétés par Tobin Bell (Jigsaw lui-même) et Shawnee Smith (Amanda) sont décédés depuis belle lurette (depuis Saw 3 pour être précis), mais les acteurs sont à nouveau engagés pour cette cinquième partie, celle de trop, à l'instar des trois précédents chapitres... Quant au scénario, il reprend là où les choses s'étaient arrêtées dans Saw 4.
Attention, SPOILERS ! Après la mort d'Amanda, il semble que Hoffman soit le seul héritier du pouvoir du Tueur au puzzle. Mais lorsque son secret risque d'être découvert, il n'a pas le droit à l'erreur et doit éliminer chaque menace, en particulier l'agent Peter Strahm.

Les pièges vont se multiplier pour se refermer, inexorablement, en déclenchant autant de frissons que de cas de conscience. Premier constat : Saw 5 est probablement l'épisode qui ressemble le plus au second chapitre. A l'instar de Saw 2, ce cinquième volet met à l'épreuve un nouveau groupe d'individus lambdas. Clairement, on se contrefout de leur sort et de ce qui leur arrive.
Le film aussi par ailleurs. Second constat : faute de scénario, Saw 5 cherche à brouiller les pistes par toute une série de flash-back qui font carrément allusion aux quatre premiers épisodes. C'est ainsi que plusieurs acteurs effectuent des caméos inattendus, notamment Emmanuelle Vaugier (Saw 2) et Danny Glover (Saw premier du nom).

Pour la petite anecdote, un rôle pour un flash-back a été proposé à Danny Glover, mais l'acteur a décliné l'invitation. Pas de problème ! David Hackl reprend nûment une séquence du tout premier chapitre. En résumé, David Hackl ne fait pas beaucoup mieux que son prédécesseur (Darren Lynn Bousman). Encore une fois, la recette et la mécanique bien rôdées sont appliquées à la lettre.
Pourtant, on pensait vraiment avoir touché le fond du panier avec Saw 4. Néanmoins, Saw 5 va encore plus loin dans la bêtise, le ridicule et le grotesque. Certes, avec le tout premier piège en guise d'introduction, David Hackl fait évidemment référence à l'univers d'Edgar Allan Poe, avec cette nouvelle version gore et sanglante du "Puits et de la Pendule".

Hélas, la comparaison s'arrête bien là. Sinon, que dire de plus ? Cette fois-ci, les séquences de torture sombrent dans l'hystérie générale. Tête décapitée, électrocution et bras cisaillés font partie des inimitiés. Dans tout ce marasme gratuit et inutile, on ne sait plus très bien "qui" est "qui". Plus précisément, on se contrefout du sort de ces victimes égoïstes.
D'ailleurs, on ne sait même plus très bien pourquoi ils sont punis... Mais peu importe... Mieux encore, on ne sait même plus "qui" piège "qui". Est-ce Jigsaw, pourtant décédé, qui continue de mettre à l'épreuve son nouvel épigone (donc Hoffman) ? Ou est-ce ce dernier qui manipule ses nouvelles victimes ? Encore une fois, l'ancien tueur au puzzle (Oui, je sais... Faut suivre...) avait tout prévu depuis le début.

Que ce soit les réactions de ses victimes, des policiers, de sa femme et de ses successeurs, le serial killer se transforme ici en thaumaturge et en vaticinateur. Incroyable ! C'est d'ailleurs la grande révélation de cette chronique de Saw 5 : Jigsaw est en vérité le descendant de Nostradamus ! Lui aussi est doué d'un don de prescience, nous livrant à nouveau de longues homélies sur les comportements humains, hélas prévisibles... Non mais franchement...
Comment David Hackl et ses producteurs peuvent-ils nous pondre de telles inepties ? Quant au fameux successeur de Jigsaw, interprété par un Costas Mandylor toujours aussi placide et monolithique, le serial killer brille surtout par son manque de charisme et ses répliques absconses. Ne parlons même pas de la conclusion finale qui annonce évidemment un sixième chapitre au titre grotesque.
Par politesse, nous éviterons les mauvais calembours...

Côte: Navet

 Alice In Oliver