Les convalescentes – Michèle Gazier

Par Avisdupublic.net @avisdupublicnet

Michèle Gazier a longtemps tenu la chronique littéraire de Libération puis celle de Télérama. Elle a également participé à la découverte de la littérature espagnole contemporaine. Des chroniques à l'écriture de romans, il n'y avait qu'un pas. Michèle Gazier l'a franchi voici quelques années. Les convalescentes est son avant-dernier roman. Voici notre critique.

Professeur, mariée, un enfant, la trentaine, Lise est admise dans une maison de repos, à Saint-Libron, dans le Languedoc-Roussillon après avoir foncé délibérément avec sa voiture dans la grille du lycée où elle enseigne le français. Elle souffre de dépression. Oriane, jeune parisienne de bonne famille souffre d'anorexie. Elle suit une énième cure à Saint-Libron. Dans le Grand Hôtel voisin, Daisy, américaine de la côte Est, se rétablit d'un grave accident de la route, sous le regard de Maxime, son élégant et mystérieux mari. Tout est étrange dans ce couple : l'accident a coûté la vie à Gladys, la précédente épouse de Maxime, et Daisy, blessée mais vivante, a pris la place de la défunte... La rencontre du séduisant Maxime, surnommé par Oriane et Lise " l'homme en noir ", réveille en elles toutes sortes de fantasmes, d'angoisses, de souvenirs.
Trois femmes, trois souffrances et un homme.

Les convalescentes, trois âges de la vie d'une femme

Lise, Oriane, Daisy. Les convalescentes sont trois femmes d'âge différent qui vont se rencontrer durant leur convalescence. Lise, la trentaine est dépressive. Forcément, elle est professeur. Mais ce n'est pas son métier qui est à l'origine de son mal, même si Lise ne l'a pas vraiment choisi. C'est sa vie tout entière, sa vie de femme, de mère, qui lui pèse. Lise a épousé Fred, ce beau jeune homme sportif et premier de la classe que toutes les filles se disputaient. Elle l'a remporté comme on gagne le gros lot à la foire. A-t-elle seulement été amoureuse de lui ? Si elle l'a épousé c'est parce qu'elle s'est retrouvée enceinte et que la perspective d'un enfant a tout changé pour Fred. Est-ce là que tout commence ? Que tout finit ? Que se défait ce qui aurait pu être une vie tranquille, voire heureuse ?
Oriane a vingt-quatre ans. Elle est tellement venue à Saint-Libron en cure qu'elle ne compte même plus ses séjours. Elle n'est pas sûre que ça change grand-chose. Elle est anorexique comme d'autres sont alcooliques. Dès qu'elle rentre chez elle, elle arrête de manger. Lorsqu'il s'agit d'ingérer de la nourriture, Oriane déclare qu'elle a l'impression d'être à la fois violée et gavée. Pour appeler au secours, Oriane va jusqu'à s'automutiler.
Daisy est une belle et richissime américaine d'une cinquantaine d'années. Elle séjourne non pas à la maison de repos, mais au Grand Hôtel de Saint-Libron. Daisy est clouée dans un fauteuil roulant suite à un accident de voiture qui a coûté la vie à l'ex-femme de son nouvel époux, Maxime, un homme séduisant et mystérieux.
C'est à l'heure du tea-time que des liens vont se tisser entre ces trois femmes. Et puis Oriane se laisse troubler par Maxime. Lise est également troublée elle aussi, mais d'une autre manière. Cet homme lui rappelle quelqu'un, mais qui ?

Les convalescentes, entre drame et tension

C'est dans cette petite station thermale où le temps semble s'être arrêté, où rien ne se passe que peu à peu des tensions s'installent. Lise ne sait plus à qui faire confiance, Oriane rechute et fuit la compagnie de Lise pour ne rechercher que celle de Maxime, quant à Daisy elle souffre de plus en plus de vertiges. Est-ce dû aux calmants que lui donne son mari mais que le médecin ne lui a jamais prescrits ?
Avec une grande finesse et beaucoup de délicatesse, Michèle Gazier observe et analyse les sentiments, les blessures de ses personnages. Le style est sobre et le roman se lit très aisément. Après avoir finement planté le décor, analysé les blessures et le ressenti des quatre personnages, peu à peu Michèle Gazier crée un climat de tension, de drames en filigrane. Les convalescentes est surtout un roman d'atmosphère. Le mal-être de chacune des femmes est d'abord pesant, pour devenir angoissant. Les convalescentes se transformant en polar. Si Michèle Gazier écrit dans un style très fluide, et nous offre un bon moment de lecture, nous regrettons cependant de ne pas pouvoir nous attacher d'avantage à ces femmes. Nous avons l'impression d'observer le tout d'en haut et on aurait bien aimé le voir de plus près.

Les convalescentes - Michèle Gazier

  • La fluidité de l'écriture de Michèle Gazier
  • La description tout en finesse des personnages
  • La distance malgré tout avec les personnages
  • Le côté cliché de la belle et richissime américaine

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  • Titre : Les convalescentes
  • Année de sortie : 2014
  • Maison d'édition : Points
  • Nombre de pages : 216