Dans le Chronogyre #2 LETTRE OUVERTE A L’AMI PUBLIC NUMÉRO UN

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Cher Pierre (vous permettez que je vous appelle Pierre ?),

Dans le Chronogyre #2 LETTRE OUVERTE A L’AMI PUBLIC NUMÉRO UN

A la minute où j'écris cette lettre, je ne sais pas par où commencer : égrener vos faits d'armes télévisuels et cinématographiques serait bien trop scolaire et barbant. Or vous n'avez jamais été tenté par le commentaire pompeux. Au contraire, vous écouter a toujours été pour moi un plaisir, une découverte, une parenthèse lumineuse. Je n'ai pas souvenir d'avoir découvert la télévision dans mon enfance sans vous y retrouver : votre cv est tellement long que chaque génération peut trouver en vous son propre Pierre Tchernia.

Pour les plus jeunes, vous êtes " Magic " Tchernia, co-présentateur des Enfants de la télé pendant de longues années. Mais pour les (un peu) moins jeunes, vous êtes Monsieur Cinéma. Et si ce terme a traversé les générations, certains d'entre nous n'ont jamais eu la chance de vous voir interroger des candidats au sujet de leurs connaissances cinéphiles. Si je devais définir ce qu'était Monsieur Cinéma, je parlerai d'un Questions pour un champion où les questions culturelles se limiteraient (mais peut-on parler de limites dans ce cas ?) à la filmographie des réalisateurs et acteurs du cinéma mondial. Je parle donc d'une époque où les plus jeunes avaient la chance de découvrir le cinéma à travers des programmes de télé.

Dans le Chronogyre #2 LETTRE OUVERTE A L’AMI PUBLIC NUMÉRO UN

Bien sûr, je ne connaissais rien encore mais le cinéma me fascinait. Et vous étiez ce grand monsieur souriant qui apportait cette culture sur un plateau jusque dans le salon familial. Et puis surtout, vous présentiez L'ami public numéro un : la seule émission qui nous permettait de découvrir des extraits de dessins animés de Walt Disney en exclusivité à la télévision française. Enfant, je me suis toujours demandé qui de Walt Disney ou de Mickey Mouse était le fameux ami public numéro un, mis en avant dans votre émission. En grandissant, j'ai eu la réponse : l'ami public numéro un, c'était vous : vous qui êtes un pionnier de la télévision. Vous qui, avec votre complice de toujours le scénariste René Goscinny, avez produit quelques belles adaptations des aventures d' Asterix (mais aussi de Lucky Luke) au cinéma. Vous qui avez été la voix-off de toutes ces adaptations en dessin animé (" Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute? Non! Un petit village d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur. Et la vie n'est pas facile pour les garnisons de légionnaires romains des camps retranchés de Babaorum, Aquarium, Laudanum et Petitbonum ") vous permettant même une apparition dans Mission Cléopatre. Vous dont la cinéphilie éclairée mais jamais critique va de Woody Allen (un de vos maîtres) à Jacques Tati en passant par Michel Serrault (votre acteur fétiche, présent au casting de vos 4 films en tant que réalisateur).

Comment fait-on pour traverser 60 ans de cinéma français et conserver ce capital sympathie qui fait qu' encore vous êtes probablement la personnalité la plus aimée du paysage audiovisuel français (le fameux PAF dont vous êtes un des illustres papas) ?

Mais pourquoi vous écrire ? C'est un peu égoïste je l'avoue, mais en publiant ce texte, j'ai le secret espoir que, du fond de votre retraite bien méritée, vous puissiez un jour avoir l'occasion de lire ces lignes. Simplement pour pouvoir vous témoigner tout l'amour (le mot n'est pas trop fort, non) que je vous porte en tant que cinéphile. Si je vis ma passion pour le cinéma, c'est probablement grâce à vous. Et je ne suis pas le seul : laissez-nous vous remercier, Monsieur Pierre Tchernia, car grâce à votre sourire, nous sommes tous des enfants de la télé et du cinéma.