True Detective, saison 2 – critique

Par Fredp @FredMyscreens

Après une longue attente, l’auteur Nic Pizzolatto a enfin révélé l’intégralité de sa seconde histoire de True Detective. Une 2e saison bien différente de la première par son ambiance et son thème général mais qui n’en retrouve pas la maestria ni le mysticisme, provoquant plutôt l’ennui. Dommage.

L’année dernière, Matthew McConaughey et Woody Harrelson avaient fait forte sensation dans la première histoire de True Detective, nous entraînant dans les méandres d’un récit se déroulant sur plusieurs années avec un meurtre mystique fascinant. Nic Pizzolatto était alors attendu au tournant pour livrer une seconde saison au moins à la hauteur. Après les multiples rumeurs de casting, ce sont donc Colin Farrell, Vince Vaughn puis Rachel McAdams et Taylor Kitsch qui ont été confirmés alors que l’histoire restait encore très secrète.

Celle-ci débute donc dans un premier épisode qui prend le temps de présenter ses personnages tous plus dépressifs les uns que les autres dans la ville fictive et corrompue de Vinci avant d’initier une intrigue autour du meurtre d’un entrepreneur mafieux. 4 personnages vont y être liés malgré eux : le flic motard qui tombe sur le corps après une tentative de suicide, un flic qui a quelques problèmes de paternité, une autre qui a également eu une enfance difficile avec son père patron d’une secte et enfin un mafieux à deux balle qui a également quelques soucis avec sa femme et ses subordonnés.

Après cette longue mise en place qui a au moins le mérite de nous immerger dans une cité qui rappellera en surface l’ambiance du L.A. de James Ellroy, l’intrigue va rapidement dévier et se ficher complètement de ce fameux meurtre qui aurait pu créer une véritable guerre de gangs et d’intérêts pour différents partis. Il n’en sera rien et la série va alors s’orienter dans différentes directions qui n’ont pas vraiment d’intérêt. Si bien que des séquences exceptionnelles (la grande fusillade du 4e épisode par exemple) arrivent sans que l’on comprenne trop pourquoi.

L’histoire devient vite assez confuse alors qu’elle ne mérite pas de l’être (alors que la 1re saison qui était pourtant moins linéaire était beaucoup plus cohérente) et surtout sera d’une lenteur abominable tout en zappant complètement l’ampleur de la corruption dont on parle. Le manque de rythme est total et les scènes de dialogues filmées sans inventivité interminables voir ridicules (à l’instar des échanges entre Vaughn et Kelly Reilly sortis tout droit d’Amour Gloire et Beauté). Il faut dire que les rôles caricaturaux de ces personnages tous dépressifs et ayant un souci avec la paternité (que ce soit avec leur père ou le fait d’être père) ne font rien pour nous attacher à eux malgré toute la bonne volonté des acteurs.

Cependant, même de ce côté, c’est plutôt bancal tant ils ont tous conscience de jouer dans True Detective et de prendre la relève de McConaughey, pouvant alors faire rebondir leur carrière. Farrell joue (pour ne pas dire copie) ainsi la même chose que les 2 personnages de la 1re saison, Rachel McAdams est très crédible mais Vince Vaughn en mafieux du dimanche fait vraiment peine à voir, à la fois par son jeu loin d’être à la hauteur et par son personnage qui fait plus pitié qu’autre chose et n’est jamais crédible dès qu’il profère une menace.

True Detective saison 2 parle donc sans arrêt pour ne rien dire avec une intrigue inintéressante au possible dont on n’arrive même pas à sortir les personnages. Pourtant il y a de très bonnes choses. La photo et la musique sont magnifiques pour nous immerger et des séquences comme la fusillade, la fuite de la soirée d’orgie organisée on ne sait plus trop par qui ou la traque de Taylor Kitsch dans les souterrains sont d’excellents moments de tension. Mais tout cela se noie malheureusement dans le reste jusqu’au dramatique final prévisible. Bref, cette seconde saison nous aura bien déçu et on espère que Pizzolatto va retrouver un peu plus d’inspiration pour nous emporter dans une 3e histoire afin de redonner rapidement au label True Detective sa valeur qualitative.