Amnesia
Réalisé par : Barbet Schroeder
Avec : Marthe Keller, Max Riemelt, Bruno Ganz, Corinna Kirchhoff
France/suisse, 2015, 1h36
Date de sortie : 19 août 2015
Présenté en séance spéciale au Festival de Cannes 2015
Description
Début des années 90, un an après la chute du Mur de Berlin. Martha vit, sans eau courante ni électricité, dans une belle maison isolée sur la côte de l’île d’Ibiza. Jo son nouveau voisin a vingt ans, il vient de Berlin, il est musicien et veut faire partie de la révolution électronique qui commence. Pour démarrer, l’idéal serait d’être engagé comme DJ dans le club L’Amnesia.
Un jour Jo se rend chez Martha pour soigner une brûlure. Des liens de forte amitié se créent au fur et à mesure de leurs rencontres, et progressivement Martha livre ses mystères : ce violoncelle dont elle ne joue plus, cette langue allemande qu’elle refuse de parler…
« Présenté en Séance Spéciale au Festival de Cannes 2015, Amnesia est certainement l’un des films les plus personnels de Barbet Schroeder (…) Le film présente d’incroyables performances d’acteurs (Martha Keller et le jeune comédien Max Riemelt), ainsi qu’une photographie étonnante (Amnesia se revendique comme le premier film européen tourné en 6K) » Avoir-alire.com
© Les Films du Losange
A propos du film
Barbet Schroeder, le réalisateur de « More« , « Barfly« , « L’Avocat de la Terreur« , « Général Idi Amin Dada » ou « La Vierge des tueurs« , revient sur les écrans, avec « Amnesia« , un film inspiré par la vie de sa propre mère. Une allemande qui a quitté son pays pendant la seconde guerre mondiale et élevé son fils dans le déni de son pays, de sa langue maternelle. En effet, Barbet Schroeder ne parle pas l’allemand. Le pied-à-terre de Martha est la maison familiale du réalisateur, dans laquelle sa mère a vécu après son installation à Ibiza. Précisons, qu’il s’agit aussi de la maison de More, son premier long-métrage.
Dans Amnésia, Martha (Marthe Keller), tente d’oublier L’Allemagne, son pays, celui de la deuxième guerre mondiale. C’est pour elle, une manière de résister à posteriori aux atrocités du nazisme. De ce passé douloureux, elle ne veut plus rien entendre, ni les mots de sa langue maternelle, ni le moteur d’une Volkswagen, ni le son du violoncelle qui lui rappelle son idylle révolue avec son professeur de musique. Lorsqu’une tendre amitié se noue entre elle et Joe son jeune voisin allemand, Martha se trouve confrontée à ses racines. Petit à petit, Joe l’amène à remettre en cause les certitudes qu’elle s’est forgée, et à se réconcilier avec son pays et surtout sa langue maternelle.
© Les Films du Losange
Ce questionnement sur l’horreur de la Seconde Guerre Mondiale est l’objet de la toute seconde partie du film. Avec l’arrivée de la mère (Corinna Kirchhoff), et du grand père (Bruno Ganz) de Joe, nous assistons à un affrontement entre des allemands d’une même génération qui devant l’horreur ont réagit différemment : la soumission ou la fuite. Alors, Martha comprend que tous les allemands n’étaient pas des monstres, certain étaient des gens ordinaires qui exécutaient des ordres pour survivre, nourrir leur famille.
Moins convenue, plus subtile, faisant penser surtout dans les premières minutes, à un conte d’Eric Rohmer, la première partie du film est passionnante. Voir Martha revivre à travers cet amour qui naît en dehors de toute sexualité est captivant. Les rapports entre les deux protagonistes sont magnifiquement mis en scène et subtilement interprétés par deux acteurs remarquables Marthe Keller et Max Riemelt. Signalons, la belle scène des ombres chinoises qui permettent aux protagonistes de se « chevaucher » virtuellement.
A noter, les belles couleurs, les cadres du directeur de la photographie de Luciano Tovoli. Le plan où un yacht passe devant la petite barque de Martha sans la cacher totalement est un véritable tableau plein de poésie.
© Les Films du Losange
Une équipe fidèle et un DJ local
Barbet Schroeder s’est entouré pour Amnésia d’une équipe de collaborateurs fidèles l’accompagnant depuis plusieurs films à l’image du directeur de la photographie Luciano Tovoli, de la monteuse Nelly Quettier ou de l’ingénieur du son Jean-Paul Mugel.
Amnésia se déroulant à Ibiza, Barbet Schroeder s’est adjoint les services d’un DJ local pour composer la partition originale de son film, Lucien Nicolet alias Luciano. Grande figure de la musique à Ibiza, c’est la première fois qu’il compose une bande originale pour le cinéma.
© Les Films du Losange
Barbet Schroeder
Barbet Schroeder est un réalisateur et producteur, de nationalité française d’origine suisse, né le 26 août 1941 à Téhéran (Iran). Enfant, il suit son père géologue en Colombie. Il choisit la France pour mener ses études (jusqu’au baccalauréat au lycée Condorcet et au lycée Henri-IV, puis à l’université de la Sorbonne où il étudie la philosophie). Il collabore alors à la revue cinématographique Les Cahiers du cinéma dont l’ébullition est en train d’accoucher de la Nouvelle Vague. Il réalise deux courts-métrages et Jean-Luc Godard le prend comme assistant dans Les Carabiniers.
Convaincu de sa voie, il fonde en 1962 avec Éric Rohmer la société de production Les Films du Losange et produit les premiers films de l’ex-rédacteur en chef des Cahiers ainsi que la quasi totalité des films de Rohmer. Barbet Schroeder produit également des films de Jacques Rivette, Jean Eustache, Rainer W. Fassbinder et Wim Wenders. Franchissant une nouvelle étape, Barbet Schroeder collabore avec les Pink Floyd pour More (1969) et La Vallée (1972), deux films qui donnent une grande place au thème de la liberté dans des décors représentatifs de la culture hippie.
En 1974, il réalise un documentaire sur Idi Amin Dada dans lequel il révèle le dictateur. Il fait ensuite partie des cinéastes français, tel Jacques Demy, payés par les studios d’Hollywood pour écrire et réaliser des films aux États-Unis. Admirateur de Charles Bukowski, il commande à celui-ci le scénario de Barfly. Après des années passées à convaincre les studios de réaliser le film, Barbet réalise le film (1987) qui lui assure une reconnaissance certaine et lui permet de réaliser Le Mystère von Bülow (1990) pour lequel il est sélectionné aux Oscars. Il réalise ensuite plusieurs autres films aux États-Unis avant de revenir en France.
Filmographie en tant que réalisateur
- 1969 – More avec Mimsy Farmer, Klaus Grunberg (Quinzaine des Réalisateurs de Cannes)
- 1972 – La Vallée avec Bulle Ogier, Jean-Pierre Kalfon (Sélection Officielle à Venise)
- 1974 – Général Idi Amin Dada (Quinzaine des Réalisateurs à Cannes)
- 1975 – Maîtresse avec Bulle Ogier et Gérard Depardieu
- 1977 – Koko, le Gorille qui Parle (Sélection Officielle Un Certain Regard à Cannes)
- 1982/84 – Charles Bukowski (50 vidéos de 4 minutes)
- 1984 – Tricheurs avec Bulle Ogier, Jacques Dutronc
- 1987 – Barfly avec Mickey Rourke, Faye Dunaway (Compétition Officielle à Cannes)
- 1990 – Le Mystère Von Bülow avec Glenn Close, Ron Silver et Jeremy Irons (Oscar du Meilleur acteur, Nominations à l’Oscar et au Golden Globe du meilleur réalisateur)
- 1992 – JF Partagerait Appartement avec Bridget Fonda, Jennifer Jason Leigh
- 1994 – Kiss of Death avec David Caruso, Nicholas Cage, Samuel Jackson (Sélection Officielle Hors Compétition à Cannes)
- 1995 – Before and After avec Meryl Streep, Liam Neeson
- 1997 – Desperate Mesures avec Andy Garcia, Michael Keaton
- 2001 – La Vierge des Tueurs avec Germán Jaramillo (Compétition Officielle à Venise)
- 2002 – Calculs Meurtriers avec Sandra Bullock, Ben Chaplin (Sélection Officielle Hors Compétition à Cannes)
- 2007 – L’Avocat de la Terreur (Sélection Officielle Un Certain Regard à Cannes, César du meilleur documentaire, Étoile d’Or du meilleur documentaire)
- 2008 – Inju, la Bête dans l’Ombre avec Benoît Magimel (Compétition Officielle à Venise)
- 2009 – Mad Men – Saison 3 / Episode 12 – The Grown-ups