Top 5 : Ces atroces adaptations de jeux-vidéos au cinéma.

Top 5 : Ces atroces adaptations de jeux-vidéos au cinéma.
#5. Resident Evil

Au départ, Resident Evil c'est une série de jeux-vidéos développée par Capcom - Street Fighter et Devil May Cry, c'est aussi eux -. Lancée en 1996 sur Playstation, la licence compte désormais plus d'une trentaine de titres sur différents supports. Le cinéma n'a donc pas tardé à lorgner sur cette juteuse franchise pour s'en emparer et en faire une saga. Le premier opus sort donc en 2002 et est réalisé par Paul W.S. Anderson, dont la carrière depuis ressemble à un long tunnel de Resident Evil parfois entrecoupés d'autres essais cinématographiques tout aussi peu réjouissants. C'est également lui qui a porté Mortal Kombat à l'écran, en 1995. Paul W.S. Anderson fait donc de son un pur nanard d'action où les intrigues les plus molles succèdent aux retournements les plus invraisemblables, où les personnages comme les scènes d'action sont ultra-clichées et où les acteurs sont totalement à côté de la plaque. Notons que pendant près d'une heure, les zombies sont absents. Ils finiront par apparaître, pouf, comme ça, parce que... Bah parce qu'il y en avait dans les jeux. Remercions la scripte sur le tournage. Tout cela nous donne un produit fini, si l'on peut dire, qui n'a donc rien d'agréable ou de divertissant. Tout cela à cause d'une incroyable méprise sur le public visé : le gamer. Comme le fait admirablement bien remarquer Karim Debbache dans sa vidéo-analyse du film, il semblerait qu'on prenne le gamer pour un sombre crétin à l'encéphalogramme plat qui aime faire pan-pan sur tout ce qui apparaît à l'écran. Et c'est malheureusement une attitude classique des studios envers les joueurs, que l'on rencontre aussi souvent qu'ils lancent des projets au fan service purement opportuniste. Après tout, si vous êtes assez con pour acheter un jeu et ses suites, vous l'êtes probablement aussi pour aller voir ses piètres adaptations au cinéma. Misère de l'implacable logique capitaliste. Cette façon de traiter le public fait donc de Resident Evil une adaptation feignante écrite par dessus la jambe et qui recourt à tous les clichés éculés du cinéma d'action combiné aux jump scare les plus ridicules du cinéma d'horreur. Là où le jeu laissait place à une atmosphère gothique oppressante, le film nous offre des décors aussi aseptisés que ses personnages et des monstres en numérique qui font saigner des yeux. Beaucoup crient au scandale, mais le film cartonne quand même. Allez savoir. Heureusement, le prochain à paraître, Resident Evil 6 : The Final Chapter, semble être le dernier. On nous promet un scénario incroyable. Par ailleurs, saviez-vous que le maître du film de zombie, Sir George A. Romero, aurait du adapter le jeu ? Si vous êtes curieux de voir ce que ça aurait pu donner, le script est en ligne.

Top 5 : Ces atroces adaptations de jeux-vidéos au cinéma.

Après cinq opus, et un sixième à paraître en décembre prochain, est également une licence à l'aura alléchante. D'autant plus que l'univers et les personnages jouissent d'un véritable travail de scénarisation. En quelques mots, pour les studios c'est du pain béni. Le joueur incarne le très mystérieux Agent 47, à la solde de la non moins secrète Agence pour laquelle il doit exécuter des cibles. Sept ans après le démarrage de la série, les studios se lancent donc dans son adaptation au cinéma. Lorgnant également sur le projet Europacorp s'associe à la Fox et en profite pour leur glisser un mot sur Xavier Gens, dont ils produisent le violent Frontières. Xavier Gens n'est pas le premier réalisateur de genre français a avoir été dragué par les studios américains : Alexandre Aja, Xavier Palud et David Moreau, Pitof, Louis Leterrier... On les débauche généralement pour les mettre aux commandes de gros blockbusters entièrement pilotés par les studios. Et c'est ainsi que ces réalisateurs se retrouvent à n'être plus que de vulgaires exécutants bon marché à la solde des studios. Là encore, vous pouvez compter sur un épisode de Crossed pour tout vous expliquer. Preuve d'une relation de travail à sens unique, on apprend bientôt par Timothy Olyphant que Xavier Gens est débarqué du tournage et son monteur chargé de tourner des scènes supplémentaires ainsi que de remonter entièrement le film. A l'occasion d'une interview en 2011, Xavier Gens confirmera que " le tournage était totalement déshumanisé" et qu'il ne prenait aucun plaisir à tourner ". Le studio met l'échec du film sur les épaules du frenchie, invoquant notamment sa propension pour la violence et son incapacité à faire un film grand public. Confirmant qu'avant d'embaucher le réalisateur, les studios ne se sont pas renseignés sur son identité de cinéaste ni même sur ses Frontières. Gens confesse qu'il est désormais " blacklisté là-bas " , faute de ne pas avoir " fait le yes-man avec la Fox ". A l'image de ses conditions de réalisation, est donc une vulgaire rhapsodie de genres, une superbe cacophonie de plans léchés et de séquences clichées au possible, d'intentions louables et de scénario bas de gamme. On devine que le développement comme la réalisation ont été bâclé faute d'embaucher les bons exécutants et d'accumuler les qui pro quo. L'expérience n'a pas apparemment pas traumatisé la Fox qui lance un reboot, Hitman : Agent 47, sur nos écrans dès demain.

Top 5 : Ces atroces adaptations de jeux-vidéos au cinéma.
#3. Alone in the Dark

Si, pour certains réalisateurs, être obligé par les studios de fournir un travail de tâcheron est une expérience douloureuse, d'autres y prennent beaucoup plus de plaisir. C'est le cas du réalisateur allemand Uwe Boll. Maître du mauvais goût, fossoyeur de licences vidéo-ludiques, sociopathe cinématographique, gourou incontesté du nanar... On ne présente plus Uwe Boll, dont la trop prolifique carrière lui a valu d'être la cible d'une pétition mondiale pour l'inciter à mettre fin à sa carrière. En Juin dernier, l'énergumène refait parler de lui. L'échec de sa troisième - ! - campagne de crowdfunding pour produire , le pousse à mettre en ligne une sympathique vidéo à l'attention de ses fans. Comment est-ce donc possible qu'un type pareil puisse continuer d'inonder la planète de ses immondices cinématographiques ? Eh bien, vous pouvez dire merci au système de financement allemand et notamment aux moyens de défiscalisation. Mais pourquoi Alone in the Dark est-il si mauvais ? Probablement parce que Uwe Boll ne respecte rien. Que ça soit le public, ses confrères, les acteurs, l'oeuvre originale qu'il adapte, le temps nécessaire au développement du projet, la dramaturgie ou encore la grammaire cinématographique. Uwe Boll fait ce qu'il lui plaît, comme ça lui chante : les règles, très peu pour lui. Et c'est bien dommage, parce que toute ses tentatives cinématographiques finissent en pugilat critique. Difficile de faire du cinéma quand on décide d'ignorer les règles fondamentales comme celle des 180° ou de la caméra subjective. Vous ne serez donc pas étonnés d'apprendre que, lors des projections test d' Alone in the Dark , les spectateurs ont avoué n'avoir rien compris à l'intrigue. Et c'est pourquoi le film s'ouvre sur un interminable carton se confondant en précisions et explications douteuses sur le contexte, ne rendant finalement l'intrigue que plus floue. Quant aux personnages, ils sont inconséquents. Les plans ? Mal filmés. Et les scènes d'action sont d'un mauvais goût ahurissant. Le matériau premier n'était pourtant pas si mal ! En effet, le jeu, édité en 1992 par Infogrames, se voulait comme un jeu d'aventure en huis-clos alternant réflexion et réactivité au stress. Ses suites évoluaient jusqu'au survival d'action/aventure, avec une attention toujours portée aux décors. Quant à l'adaptation d'Uwe Boll, elle restera à jamais un nanar d'action d'une nullité affligeante. Point barre.

Top 5 : Ces atroces adaptations de jeux-vidéos au cinéma.
#2. Prince of Persia

Mais pourquoi Prince of Persia est-il pire que ne serait-ce qu'un seul des films d'Uwe Boll ? Même si le personnage me déplaît très fortement, il faut avouer qu'il est animé par des ambitions louables. Uwe Boll est tellement certain de ce qu'il fait qu'il se défend d'être un David Lynch incompris, rien que ça. Lui, au moins, il croit en ses projets. Prince of Persia ne peut même pas prétende à cela. Voilà l'exemple parfait d'un projet mis en branle pour l'argent et ce en dépit de la logique. Les adaptations de jeux-vidéos au cinéma perdent plus d'argent qu'elles n'en rapportent, déçoivent le public cible et irritent les cinéphiles invétérés. Pourtant, les grands studios persistent et les désastreux essais s'empilent dans la fausse commune des mauvais films. C'est donc tout naturellement qu'ils en sont venus à s'attaquer à l'un de mes jeux-vidéo préféré d'adolescente - et je leur en veux toujours -. En 2003, la licence fait peau neuve et, à mesure que les suites déboulent, l'univers devient de plus en plus sombre sans rien sacrifier à son aura fantastique. Prince of Persia : Warrior Within, souvenez-vous, c'était ce mélange entre Les Milles et une Nuit, une esthétique un peu goth et des guitares bien lourdes en guise de bande-son. C'était surtout un incroyable gameplay : avec le Prince, on pouvait courir sur les murs, remonter le temps et s'adonner à des combats aériens. A tel point qu'on se dit que le jeu préfigurait un peu Assassin's Creed - et c'était totalement le cas ! -. Difficile donc d'imaginer qu'un film puisse synthétiser cette expérience totale en un bon moment de cinéma. Et bien entendu, les joueurs ne s'y retrouvent pas. Il faut dire que malgré l'effort conjugué de quatre scénaristes, l'intrigue reste aussi insipide et prévisible qu'un épisode de La Petite Maison dans la Prairie. En voulant surfer sur le succès d'aventure Pirates des Caraïbes , le projet se voit donc mené par l'association de Disney/Bruckheimer et nous sert une énième soupe aux enjeux gentillets, aux acteurs lisses, aux scènes archétypales et à l'histoire d'amour niaise. Si, pour un budget de 200 millions de dollars, le film n'en cumule que 90 aux USA, ce n'est pourtant pas un échec commercial puisqu'il a rapporté 340 millions de recette autour du monde. Cependant, les 90 millions cumulés aux Etats-Unis ne suffiront pas à lancer une suite et, donc, une licence cinématographique. Ouf, une de moins.

Top 5 : Ces atroces adaptations de jeux-vidéos au cinéma.
#1. Super Mario Bros

Fermons ce top avec la première adaptation d'un jeu-vidéo au cinéma : Super Mario Bros. Et c'est peut-être de sa faute à lui, si de nos jours on continue de massacrer en vain de nombreuses licences. On retrouve ici toutes les erreurs commises par les projets précédents : motivations bassement économiques, effets spéciaux cheap, scènes clichées. Pour compléter le topo, on ajoutera : univers improbable, personnages archétypaux, intrigue montée avec des bouts de ficelles et des one-line qui pousseraient de nombreux comédiens au suicide. C'est d'autant plus dommage qu'on retrouve dans ce Super Mario Bros de très bons acteurs - Dennis Hopper, quoi ! - et une volonté visible de s'approprier l'univers de Mario et Luigi. Dans ce cas, pourquoi ne pas aller jusqu'au bout et faire de ce film une comédie loufoque au clin d'œil appuyé ? Parce qu'il faut bien draguer le joueur, en multipliant les références gratuites. Le gamer ne s'y trompera pas. Il faut rappeler, comme pour Prince of Persia, que Super Mario , c'est avant tout une expérience de gameplay qu'un écran ne saurait transmettre sans une mise en scène travaillée. Mais ici tout l'intérêt repose sur une intrigue bourrée de McGuffins, d'incohérences et de dialogues vaseux. La louable volonté de s'approprier l'univers de Mario ne suffira pas. Pour cela, il aurait fallu couper le cordon d'avec la référence, pour assumer la parodie loufoque sous-jacente. En ne le faisant pas, le malentendu devient total. Parmi toutes ces choses qui choquent le sympathisant comme le gamer acharné : Luigi est le héros et Mario le sidekick gros et rigolo - confirmant la théorie selon laquelle, au cinéma, si t'es gros tu chopes pas -, le Royaume Champignon devient un bouge infâme et dégueulasse digne du Los Angeles de Blade Runner et les créatures du jeu n'ont aucune espèce de cohérence. Le projet est un échec financier total puisque son univers glauque le prive du public des jeunes joueurs et qu'il est vivement critiqué par les fans. A tel point que Roland Joffé, qui aurait produit et réalisé une partie du film, demande à ne pas être crédité au générique. Ça semblait pourtant clair que Super Mario est une pure expérience de jeu, par conséquent inadaptable. C'est aussi bête que de vouloir faire un film avec , non ?

Avant de se quitter, je voulais partager avec vous quelques bonus. Tout d'abord l'émission de Karim Debbache, Crossed. Elle n'a pas son pareil pour décrypter les adaptations cinématographiques de jeux-vidéos, avec justesse, inventivité et humour. Il y a aussi la League of Super Critics qui s'attaque à tout type de film en commentant les pires scènes jamais vues au cinéma. Je vous invite aussi à découvrir la chaîne Pause Process qui nous éduque sur les outils de construction des jeux-vidéos. Enfin, vous pouvez jeter un œil à cette liste SensCritique, publiée par Eneeria, qui liste les adaptations d'œuvres cultes à venir et pour lesquelles on devrait commencer à frissonner...