[Critique] – Dheepan

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Réalisé par : Jacques Audiard
Avec :
Antonythasan Jesuthasan, Kalieaswari Srinivasan, Claudine Vinasithamby
Sortie :
26 août 2015
Durée: 1h54
Budget:
Distributeur :
UGC Distribution
3D: Oui – non


Synopsis :
 
Fuyant la guerre civile au Sri Lanka, un ancien soldat, une jeune femme et une petite fille se font passer pour une famille. Réfugiés en France dans une cité sensible, se connaissant à peine, ils tentent de se construire un foyer.

4 Stars

Notre avis :

« Je remercie Michael Haneke de ne pas avoir tourné cette année ». Et nous aussi, puisqu’il a permis  à Jacques  Audiard d’aller chercher, chapeau à la main, sa première palme d’or pour Dheepan, cette année à Cannes. Un titre mérité certes, mais pas si inattendu. Dans ce nouveau long-métrage, le réalisateur ne prend aucun risque, et reste dans un domaine qu’il maîtrise, le drame social.

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Après son film fantôme, pas si mauvais que ça, De Rouille et D’Os, sélectionné à Cannes en 2012, Audiard se décide enfin à quitter les têtes d’affiche et laisse s’exprimer des acteurs encore très peu expérimentés. La jeune Claudine Vinasithamby, qui incarne la fille de fortune du couple postiche, est poignante. Un seul regret, qu’elle ne soit pas plus présente à l’écran. En effet, en début de scénario, on nourrit l’espoir qu’elle sera la clef de l’insertion de la famille. Elle seule croit en la possible formation d’un foyer, et embarque le spectateur dans ses espérances. Seulement, le cinéaste laisse vite de coté la jeune fille, pour se concentrer sur un autre thème du film, la guerre intérieure du personnage éponyme, Dheepan.  Le plus beau geste du film, c’est cette violence qui naît de Dheepan lui même, interprété par Antonythasan Jesuthasan. Si le film montre clairement l’impossibilité pour les immigrants d’échapper à la violence, au Sri Lanka ou dans une banlieue française, ce n’est pas le plus important. La force du film est dans cette seconde partie, où Dheepan, probablement un peu trop héroïsé dans la manière dont le réalisateur à filmé la scène, vient en aide à celle qui est devenue réellement sa femme, Kalieaswari Srinivasan. Ce soldat déchu, qui dans la scène d’ouverture brûle les corps de ses camarades morts, et fuit une guerre qu’il a perdu, prend ici sa revanche. Audiard a compris qu’il n’avait pas besoin de mot pour l’exprimer. Ce minimalisme narratif est le garde fou d’un film qui aurait pu très vite tomber dans le stéréotype. Au contraire, il filme la chorégraphie des corps qui évoluent dans cette banlieue avec grâce, où chacun vit pour ne pas gêner l’autre.

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Cinéma des visages et des effets visuels, les films d’Audiard sont habitués aux plans baignés de lumière et de silence. Mais, si les plans rapprochés sur les figures de Antonythasan Jesuthasan et de Kalieaswari Srinivasan sont bouleversants, les séquences qui hachent le fil de la narration sont ici vides de sens, elles ne servent à rien face à l’émotion des personnages qui envahit l’écran. On peut peut-être soupçonner le brillant Jacques Audiard de connaître que trop bien son histoire du cinéma, et  de servir un film où tous les ingrédients pour l’ultime prix cannois sont présents, rendant le scénario quelque peu mécanique. L’émotion est présente si le film est pris dans sa globalité. Mais en  regardant de plus près, le réalisateur entrouvre des portes mais ne laisse pas la passion s’installer. Brahim et Yalini, Illayaal  avec ses « parents », des liens qui commencent à se tisser mais qui sont très vite occulter de l’écran, malheureusement.

Cette année, Jacques Audiard était le prophète de cette sélection. Une fois de plus, la forme et le fond s’épousent avec brio, pas de quoi être déçu de la palme d’or 2015.

Critique rédigée par Marion Dupont.