genre: drame
année: 2007
durée: 1h40
l'histoire : A 24 ans, Jack sort de prison où il a passé toute son adolescence pour un meurtre qu'il a commis lorsqu'il était enfant. Dès sa libération, Terry, assistant social, l'emmène le plus loin possible de ce scandale encore présent dans tous les esprits. Terry lui donne un autre nom, lui trouve un travail, une maison. Dans cette ville d'Angleterre qu'il ne connaît pas, Jack se construit une nouvelle vie à laquelle il tente de se tenir. Mais si l'anonymat est un répit, il est aussi une douloureuse contrainte puisque Jack ne peut révéler à ses nouveaux collègues ou amis, et à la fille dont il tombe amoureux, la vraie nature de son passé. Jusqu'au jour où, par hasard, Jack devient un héros local et que sa photo apparaît à la une des quotidiens.
La critique :
En 1993, le meurtre de James Bulger, âgé de deux ans, déclenche un énorme scandale dans la presse britannique. Kidnappé dans un centre commercial, torturé et battu à mort, l'enfant est retrouvé près d'une ligne de chemin de fer. Les meurtriers se nomment Jon Venables et Robert Thompson, tous deux âgés de 11 ans. Bien que très jeunes, les deux moutards écopent d'une lourde peine de prison.
Dan un premier temps condamnés à 18 ans d'incarcération dans un centre de rééducation pour mineurs, les deux marmots psychopathes sont libérés en 2001, soit à peine huit ans après leur jugement. Evidemment, cette affaire sordide inspire le cinéma britannique avec Boy A, réalisé par John Crownley en 2007.
Le film est aussi l'adaptation d'un roman homonyme écrit par Jonathan Trigell en 2004. Au moment de sa sortie, le long-métrage déclenche lui aussi la polémique et interroge, entre autres, sur des notions telles que la réinsertion et la rédemption. Pourtant, la presse et les critiques cinéma sont unanimement panégyriques. Boy A obtient même plusieurs récompenses dans différents festivals : meilleur réalisateur, meilleur montage, meilleure photographie et le grand prix du Jury, ainsi que le prix du public au festival de Dinard en 2008. Au niveau de la distribution, le long-métrage réunit Andrew Garfield, Peter Mullan, Katie Lyons, Shaun Evans, Alfie Owen et Taylor Doherty.
Attention, SPOILERS ! A 24 ans, Jack sort de prison où il a passé toute son adolescence pour un meurtre qu'il a commis lorsqu'il était enfant. Dès sa libération, Terry, assistant social, l'emmène le plus loin possible de ce scandale encore présent dans tous les esprits. Terry lui donne un autre nom, lui trouve un travail, une maison. Dans cette ville d'Angleterre qu'il ne connaît pas, Jack se construit une nouvelle vie à laquelle il tente de se tenir. Mais si l'anonymat est un répit, il est aussi une douloureuse contrainte puisque Jack ne peut révéler à ses nouveaux collègues ou amis, et à la fille dont il tombe amoureux, la vraie nature de son passé.
Jusqu'au jour où, par hasard, Jack devient un héros local et que sa photo apparaît à la une des quotidiens.
Boy A signe donc la révélation et la consécration d'un jeune acteur de talent : Andrew Garfield. En l'occurrence, John Crownley s'attaque à un sujet délicat et tabou : la réinsertion d'un meurtrier d'enfant. Certes, Jack a payé sa dette envers la société pendant son séjour dans un centre de rééducation pour mineurs. Aidé et accompagné par un éducateur (Terry), Jack a changé d'identité.
Certes, les années ont passé, mais l'Angleterre se souvient encore de ces deux jeunes gosses qui ont massacré cette petite fille innocente. Même devenu adulte, la tête de Jack est toujours menacée. Le jeune homme est activement recherché sur internet par certaines personnes qui réclament sa "tête".
Entre son passé qu'il doit tenter d'oublier et ses propres démons intérieurs, Jack peut-il se réinsérer dans la société britannique ? Telle est la question posée par Boy A. Vaste chimère, nous répond John Crownley. Autre question posée par le réalisateur : un tel individu a-t-il gagné le droit de devenir Jack Burridge ? John Crownley confronte alors deux points de vue : celui de son auguste éducateur, Terry (Peter Mullan), convaincu des compétences et des capacités de son protégé, et celui de la société britannique, qui n'a absolument rien oublié, et qui n'est pas prête à pardonner.
Sur ce dernier point, John Crownley convie le spectateur à s'interroger sur des notions telles que la réinsertion et la rédemption. Parfois, le réalisateur verse dans un certain angélisme, à l'image de cette séquence durant laquelle Jack sauve une fillette d'un accident de voiture.
Pourtant, malgré tous ces procédés, difficile d'éprouver de la gratitude, de l'empathie ou encore un certain attachement envers ce jeune adulte au passé criminel. A l'instar des atermoiements de son héros principal, John Crownley, lui aussi, tergiverse. Ce qui explique un scénario parfois un peu trop lisse, terne et conventionnel pour susciter l'intérêt sur la durée.
Néanmoins, le film se montre largement plus éloquent lorsqu'il intériorise le passé et les souvenirs de Jack à travers de nombreux flash-back. Hélas, même sur ce dernier point, certains choix opérés peinent parfois à convaincre. C'est par exemple le cas lorsque le crime originel est révélé lors d'une brève séquence. Certes, la jeune gamine a été assassinée par Jack et son complice du passé.
Mais la fillette se montre réticente, outrecuidante et invective les deux jouvenceaux. Autrement dit, elle aurait presque provoqué les deux adolescents indociles... Ensuite, John Crownley bémolise aussi la gravité des faits. Par exemple, Jack et son comparse se contentent "seulement" de poignarder la fillette. Or, dans la réalité, les deux adolescents l'ont également torturée, battue, bafouée et humiliée avant de la laisser pour morte sur un chemin de fer...
Enfin, comment Jack s'est-il construit dans un univers carcéral ? C'est une question qui est volontairement éludée par le cinéaste... Mais qui a pourtant son importance dans le cheminement mental et la psyché du personnage principal. Bref, John Crownley n'est pas toujours très clair dans ses intentions, d'où l'impression d'assister à un scénario en demi-teinte, peut-être un peu trop ambitieux pour la caméra encore hésitante du cinéaste. En effet, le script aurait mérité davantage de profondeur, de réflexion, d'analyse et de fluidité, laissant ainsi le spectateur en retrait par rapport à cet adolescent en quête de rédemption.
Mais ne soyons pas trop sévères, malgré tout, Boy A reste un film intéressant à décortiquer. Incontestablement, Boy A est un film qui interroge et soulève de nombreuses questions. Enfin, le long-métrage peut aussi s'appuyer sur d'excellents interprètes, notamment Andrew Garfield et Peter Mullan.
Note: 14/20