Ces livres que j’ai beaucoup aime dernierement

Par Amandine97430

Je suis toujours admirative des gens qui arrivent à lire dans les salles d'attente, en bibliothèque...bref dans tout lieu où il y a des gens et potentiellement du bruit. On va sans doute me traiter de maniaque mais moi je n'y arrive pas. Pour plonger dans un livre, une histoire, il me faut le silence complet.

C'est comme écrire, sans le silence total je n'y arrive pas. Les mots ne pénètrent pas, je relis cinq fois la même phrase non c'est juste pas possible. Pour lire, il faut que je sois isolée et bien installée de préférence. Et surtout, seule. Et vous, vous lisez comment?

Vous avez le temps pour me répondre et en attendant, je vous propose trois chroniques livresques: Les grandes espérances de Charles Dickens, Correspondances de Henry David Thoreau et enfin, Mes alliances d'Elizabeth Gilbert.

*, Charles Dickens ( Éditions L'école des Loisirs).

Pip est un jeune garçon rêveur et sensible. Élevé par une sœur revêche et un beau-frère d'une nature excellente mais tenu sous la coupe de cette maîtresse femme, il aime à traîner au cimetière où sont enterrés ses parents. Les pierres tombales, bien évidemment, ajoutent à l'atmosphère lugubre de l'Angleterre dépeinte par Dickens, toile de fond au récit de l'ascension sociale de Pip.

Enfant, avant même qu'un héritage inattendu éveille en lui " de grandes espérances ", il voit le monde à travers le filtre étrange de son imagination qui frise parfois le surnaturel et le prédispose à la rencontre avec deux êtres qui vont transformer sa vie : un forçat évadé, figure qui reparaîtra de manière récurrente, et Miss Havisham, vieille folle qui n'a de cesse, pour venger sa jeunesse bafouée, d'exhorter Estella à briser le coeur de toute la gent masculine. C'est chez elle, dans une demeure au temps assassiné, qu'il fera l'apprentissage des bassesses de la nature humaine.

Avec Dickens, j'ai un parcours de lectrice un peu bizarre. En effet, quand je veux lire un de ces livres je m'arrange toujours pour me tourner vers une version adaptée en général pour les enfants.

Il est clair que j'ai peut-être passé l'âge pour les illustrations mais il faut croire que dans mon cas non. Ce n'est pas la longueur du texte qui me décourage mais bien les descriptions à rallonge; j'avoue j'ai un peu de mal avec.

Cependant, ce n'est pas une excuse pour ne pas lire du Dickens. Souvenez-vous, je vous avais déjà parlé d' Oliver Twist: une version abrégée et illustrée que j'avais trouvée à la brocante. J'avais beaucoup aimé l'œuvre même si pour le coup il était moins complet - je l'imagine - que l'original ( vous avez dit jamais content?!).

J'ai donc renouvelé l'expérience avec cette fois-ici, Les grandes espérances. J'avais toujours voulu le livre notamment grâce à la Miss Havisham de Jasper Fforde. Et puis, le personnage m'avait inspiré dans l'écriture d'une nouvelle dans le cadre d'un concours d'écriture.

Allons ! En voilà assez de TOI !... Va TE coucher, TU nous as donné assez de peine pour une soirée, j'espère !
Comme si c'était moi qui les implorais de bien vouloir me rendre la vie infernale.

Alors, qu'est-ce que j'en ai pensé? J'ai beaucoup aimé davantage qu'Oliver Twist c'est certain. Je l'ai trouvé plus léger même si la vie de Pip n'a rien d'un conte de fée du moins au début. Mais, il y a de quoi se réjouir et sourire avec la galerie de personnages que nous propose Charles Dickens.

En outre, cette édition est très riche d'une part par ses illustrations très réussies qui ne sont pas sans rappeler celle de Quentin Blake; et d'autre part, parce que le texte a été brillamment " découpé " de sorte qu'il ne nous reste que le meilleur.

Pari réussi donc! Je me réserve pour Noël le drôle de Noël de Mr Scrooge, du même auteur bien sûr.

* CORRESPONDANCES, Henry David Thoreau.

Résumé: Je me dis souvent : consacre-toi davantage à cette tâche si tu sais qu'elle est bonne. Ce n'est pas sans raison que tu es satisfait ou mécontent de toi. Ne possèdes-tu pas une faculté de penser des plus précieuses ? S'il y a une expérience que tu souhaites tenter, alors vas-y. Ne nourris pas de doutes s'ils ne te sont agréables. Rappelle-toi qu'il ne faut jamais manger sans avoir faim. [...] Ne t'attends pas à trouver les choses telles que tu crois qu'elles sont. Fais ce que personne d'autre que toi ne peut faire ; abstiens-toi de tout le reste. "

H. D. T. Prônant une vie en harmonie avec la nature, à l'écart de la société, défenseur du droit à la liberté, opposant à l'esclavagisme, résistant non violent et chantre de la désobéissance civile, Henry David Thoreau fut un précurseur de bien des mouvements d'idées actuels. Tous les thèmes qui lui sont chers sont condensés dans ces lettres, qu'il adressa à son ami Harrison Blake entre 1848 et 1861, et qui constituent un véritable manifeste de sa pensée.

J'ai découvert Thoreau grâce à Charlie et Christopher. Walden a été une lecture très instructive et qui a trouvé écho en moi. Je regrettais néanmoins de ne pas savoir davantage sur l'homme en lui-même.

Sur Sens Critique, un lecteur m'a alors conseillé de lire ses correspondances avec son ami Harrison Blake. Par chance, la médiathèque de ma commune l'avait. Sitôt trouvé sitôt lu.

Il est vrai qu'ici j'ai découvert plus l'homme que le naturaliste même si ses aspirations professionnelles et " religieuses " ne sont jamais loin. Mais, il est évident qu'ici l'humain est au cœur de ses interrogations et de ses pensées.

Je me suis beaucoup posée de questions sur les amours, la sexualité de Thoreau lorsque j'avais lu . Dans ses lettres, il en parle mais vaguement; pour le coup, je pense qu'un biographie pourra m'en apprendre davantage encore. Cependant, l'auteur donne des conseils maritaux à son ami Blake. Le désir est lui aussi évoqué mais il semble au delà de ça du moins au moment où il l'écrit.

Je ne respecte que mes aspirations. C'est par elles que je parle ".

En revanche, il parle de son travail dans la ferme familiale au côté de son frère. On remarque d'ailleurs que la nature n'est jamais loin. Il y trouve toutes les ressources physiques et psychiques dont il a besoin. Thoreau devient aussi le spectateur, le témoin de cette nature sans cesse en mouvement.

Il est aussi beaucoup question de son modèle: Ralph Emmerson. D'ailleurs, les deux hommes se retrouvaient souvent à Concord avec d'autres amis pour refaire le monde notamment sur la question de l'esclavagisme.

Le monde dans lequel vit Thoreau connait des heures troublées mais paradoxalement on ne ressent ça que lorsque le romancier est en ville pour des conférences. Comme si au fond, la nature le protégeait l'éloignait de la bêtise, de la folie des hommes. Réculé au fin fond de sa campagne, ce sentiment disparait pour laisser place à sa quête de vérité, d'authenticité.

En donnant des conseils à son ami, Thoreau ne se pose jamais en détenteur de la vérité absolue ni en modèle. L'homme n'échappe d'ailleurs pas aux doutes, à une remise en question (perpétuelle?). Il cherche toujours des réponses à ses questions en faisant l'expérience de la vie et parfois, il en tire des conclusions. Pour autant, il n'est ni radical ni moralisateur.

Parfois aussi, sa recherche me fait penser au célèbre Connais-toi-toi-même de Platon. Cette obligation ou plutôt ce devoir moral ou encore cette aspiration que devrait avoir chaque être humain. Se connaitre pour connaitre et comprendre le monde qui nous entoure.

Je suis simplement ce que je suis ".

Sa vision de la religion est aussi exposée et elle a fait remonter en moi de vieux souvenirs de philosophie. Ces philosophes ( Spinoza en autre?) qui considéraient que Dieu était en chacun de nous, et partout autour de nous: le panthéisme. Je dois dire que c'est une vision qui me plait car elle est en dehors de toute représentation imposée par des mouvements religieux. Elle suppose aussi comme le dit si bien l'auteur: " Je crois en quelque chose, et il n'existe rien d'autres que cela. je sais que je suis. Je sais qu'il y a quelqu'un d'autre qui en sait plus que moi. Dont, en quelque sorte, je suis la créature et le parent ".

Il n'y a pas à dire, Thoreau était brillant et à l'avance sur son temps tout comme Emmerson. Une chose est sûre, nous avons encore beaucoup à apprendre sur eux d'autant que leurs travaux, leurs recherches ont une résonance tout à fait contemporaines.

J'ai envie de lire Désobéissance civile pour le coup et enchainer sur une biographie pour me lancer ensuite du côté d'Emmerson. Affaire à suivre....

*MES ALLIANCES, Elizabeth Gilbert.

Résumé: Ayant décidé de se marier pour régulariser la situation de son compagnon aux États-Unis, malgré ses préventions contre le mariage, l'auteure s'interroge sur la dimension philosophique et culturelle de cette institution. Elle étudie et compare les différentes facettes du mariage à travers le monde : la fidélité, les traditions familiales, les responsabilités des époux, le risque de divorce, etc.

Je sais que la transition est particulière mais qui saut peut-être que la problématique du mariage se posait aussi chez Thoreau.

Avec le recul, je me suis rendue compte que le mariage me faisait aussi peur qu'à l'auteure. D'ailleurs vous avez dû peut-être le remarquer, à un moment je n'ai chroniqué que des films, des livres qui mettaient en avant des mariages qui avaient échoué ( Gone Girl, Last Night ...). D'un autre côté aussi, je n'ai pas besoin de regarder très loin , il suffit de regarder autour de moi. Ceux qui ont divorcé, ceux qui l'ont pas fait mais qui auraient dû, ceux qui sont en sursis et j'en passe. Et, cette terrible statistique qui dit qu'un mariage sur trois finira par un divorce. Donc oui, le mariage me fait peur bien qu'il me fasse encore rêvé aussi.

J'avais adoré Mange, prie, aime qui avait résonné en moi comme un appel à la vie et à se connaitre soi-même (décidément!). Donc forcément, je voulais lire la suite d'autant que le sujet était le mariage. Je me suis lancée avec l'idée que c'était un roman mais il n'en est rien. C'est un ouvrage sociologique d'où le fait que j'ai du demander à un bibliothécaire de m'aider à le trouver vu qu'il n'était pas au rayon roman. Vous voilà donc prévenu!

A cause d'un bout de papier, l'auteure est obligée de se marier avec Felipe pour que ce dernier puisse habiter aux États-Unis avec elle. Alors, pendant un an elle va s'intéresser aux mariages, à sa signification dans certaines cultures notamment orientales. Puis, elle va s'intéresser à sa propre histoire familiale et qui sait où tout cela l'amènera...

On tombe toujours amoureux des aspects les plus parfaits de la personnalité de l'autre. C'est normal, non? N'importe qui peut aimer ce qu'il y a de plus merveilleux chez l'autre. Mais ce n'est pas malin. Le truc vraiment malin, c'est de se poser cette question: acceptes-tu ses défauts?

A Sapa, au Vietnam pour commencer. Moi qui suis allée aussi, ça m'a fait tout drôle d'aborder ce pays, cet endroit sous l'angle marital. Elizabeth Gilbert découvrira elle que l'union entre deux êtres tient plus d'une sorte d'entreprise, de partenariat. A deux, on est plus fort; à savoir si l'amour est là elle n'a pas eu vraiment de réponses. Il y a du respect sans aucun doute et de l'attachement mutuel mais cela ressemble plus à une alliance raisonnée qu'à notre définition occidentale de l'amour. Sans jamais juger, l'auteure constate que l'orient diffère encore pas mal de l'occidental là où le mariage est une question de cœur. En effet, on choisit l'homme avec lequel on va passer le reste de sa vie, l'homme que l'on aime.

Cependant, si elle a des doutes sur le caractère heureux des mariages orientaux elle en a tout autant pour ceux de l'Occident. Elle a vu trop souvent des gens se marier pour de mauvaises raisons comme certaines de ses amies qui sentaient l'horloge biologique tourner. D'autres qui avaient le besoin irrépressible d'être choisie par quelqu'un aux yeux de tous, d'avoir besoin de ce regard de l'autre pour se sentir belle, aimée et existée peut-être aussi.

A travers ce témoignage, elle met en exergue le poids de la société et combien les femmes pourtant intelligentes, belles en sont prisonnières. Là où est le paradoxe peut-être c'est que ces femmes ont le choix aujourd'hui enfin c'est ce qu'on dit. Mais, le mariage et la maternité sont encore vus par beaucoup et par des femmes comme le but ultime, suprême à atteindre.

J'en ai vu aussi et je continue d'en voir d'ailleurs. Des femmes d'à peine 27 ans qui pressent leur petit ami d'avoir des enfants car elles ont 27 ans ( âge qui résonnent en elles comme 35/40 ans) et que leur horloge biologique fait tic tac. Un genre de tic tac qui ressemble beaucoup à celui que craignait le Capitaine Crochet je trouve.

Il suffit d'observer le couple que je forme avec Felipe et le fil arachnéen qui nous unit. En deux mots, je n'ai pas besoin de cet homme, pas dans le sens où les femmes ont eu besoin des hommes au cours des siècles.

Parenthèse à part, je vous disais tout à l'heure que l'auteure se penchait également à un moment donné sur les femmes de sa famille. Très peu d'entre elles ont eu le choix ou un choix limité; autre époque. Elle remarque aussi que la plupart d'entre-elles s'étaient sacrifiées pour leur mari, leurs enfants. Oubliant leur carrière, leurs rêves de jeunesse pour devenir une mère et une épouse accomplie, exemplaire. Parfois, elles l'ont voulues d'autres fois non. Inconsciemment et/ou non, ces parcours de vie ont conditionné celui d'Elizabeth. Elle le dit d'ailleurs à un moment que dans sa famille, les femmes ont reproduit le même schéma familial et l'ont transmis de génération en génération.

Néanmoins, d'un autre côté la mère d'Elizabeth dit que c'est plus compliqué que ça. Elle dit ne rien regretter et faire de même si elle devait tout recommencer. Mais, elle est inquiète lorsque sa fille annonce qu'elle va se marier pour la deuxième fois. Alors, quoi en pensez? Que rien n'est simple, que le cheminement de chacun est justement propre à chacun? Ne dit-elle pas aussi que pour se construire il faut parfois faire la paix avec son histoire, ce patrimoine génétique?

Mes alliances est un essai initiatique où l'héroïne cherche par tous les moyens de se prémunir contre les effets pervers du mariage. Elle sillonne les routes, les mariages à la recherche peut-être de la recette magique du mariage qui marche. Cependant, elle se rendra compte qu'il n'y a pas une seule façon de sa marier et peut-être et surtout, de s'aimer. Et, que le mariage n'est qu'un mariage; et que les parieurs ce n'est pas lui mais nous.

J'ai pas vu le temps passer et vous?