Nouvelle série Netflix disponible 28 août, Narcos entreprend de raconter la lutte de la DEA contre les narcotrafiquants et leur plus célèbre représentant, Pablo Escobar. Si cette figure centrale du crime organisé et notamment du trafic de drogue à souvent fait fantasmer, il s'est tout naturellement retrouvé au cœur de plusieurs fictions, notamment au cinéma dans Paradise Lost l'année dernière (campé par Benicio Del Toro). A la télévision, cette figure emblématique et charismatique avait pourtant jusqu'à présent dû se contenter de miettes peu en rapport avec une légende de ce calibre. Si Pablo Escobar n'est pas le sujet unique de Narcos, il est indéniable que son aura de criminel impitoyable confère d'emblée à la série, un intérêt bien plus grand que s'il s'était agi d'un personnage lambda. En parallèle de la montée en puissance d' Escobar on assiste à la lutte de deux agents, l'un américain, l'autre mexicain, déterminés à mettre fin à son business. Campé par un étonnant Wagner Moura, Escobar est le personnage le plus marquant de cette première saison (les suivantes devraient tourner autour d'autres évènements). A la fois excentrique, violent puis tour à tour sympathique et angoissant, le comédien brésilien trouve là le personnage idoine pour une performance haute en couleurs.
Steve Murphy, l'agent américain envoyé à Medellin, est interprété par Boyd Holbrook, qui, face à Moura manque comparativement de moelle tandis que Pedro Pascal qui joue le rôle de Javier Pena est lui plus convaincant. Or c'est Murphy qui raconte avec une voix-off très voire trop présente les avancées du récit. Cela nuit quelque peu à la fluidité de l'ensemble, même si ça n'empêche pas de suivre tout cela avec pas mal de plaisir. Grâce en effet au talent de José Padilha ( Troupe d'Elite, le reboot de Robocop), producteur et réalisateur (des deux premiers épisodes) qui imprime sa patte d'emblée, même si celle-ci louche de manière plutôt flagrante vers Scorsese mais sans lui faire injure (la voix-off donc, les arrêts sur image, la musique tonitruante couplée à un montage jouissif) . Force est de constater que ça fonctionne bien même si ça n'a rien d'innovant. C'est efficace et c'est déjà bien même si ça ne redéfinit pas un seul instant les codes de l'univers maffieux. Les bad guys y sont souvent frappadingues (l'éternel second rôle Luis Guzmán, y a entra autres une scène digne du Joe Pesci des Affranchis ou de Casino, ce qui appuie un peu plus la référence à Scorsese), la violence surgit à intervalles réguliers et de manière épileptique mais ça reste bien amené, sans user du surdécoupage et de l'action intempestive. Fourmillant d'images d'archive et semblant assez documentée, Narcos s'intéresse moins à la vie du baron de la drogue qu'à la montée des cartels sud-américains et aux luttes d'influence qui se jouent en coulisses. Si la série pâtit d'un rythme sinusoïdal, elle n'en reste pas moins passionnante de par les évènements proprement incroyables qu'elle s'ingénie à raconter. Mettant à l'honneur des personnages secondaires croustillants et bénéficiant d'une authenticité offerte par le fait qu'ils sont nombreux à jouer en espagnol couplé à un tournage en Colombie même, Narcos a pas mal d'atouts dans sa manche pour avoir envie de poursuivre l'aventure et de s'injecter sa dose de binge watching.
Saison 1 de 10 épisodes disponible le 28 août 2015
Crédits: Netflix