Michael Curtiz, 1942
Diffusion dimanche 30 août, 20H45, Arte
En ce dernier dimanche du mois d'août, les chaînes télé, qui vous avaient lâchement abandonné durant cet été (sauf Arte), tente de renouer avec vous en proposant un programme légèrement plus intéressant. Ne vous méprenez pas, il ne s'agit pas encore des dimanches de folie où vous zappez furieusement sur toute les chaînes espérant pouvoir regarder tous les bons films à la fois (persuadé que le don d'ubiquité visuelle est à la portée de tous). Nous dirons simplement que pour fêter la rentrée la télévision a troqué ses séries et documentaires bizarres (propre à l'été) pour vous proposer des films, tout simplement (chose propre à un dimanche soir qui se respecte).
Malgré ce constat pas franchement très festif, Bizard Bizard vous a trouvé de quoi rester enfoncé dans votre canapé, car se soir Arte vous fait voyager dans le temps. N'attachez pas votre ceinture de sécurité et parez vous au décollage, direction Casablanca.
En 1941, alors que Casablanca est aux mains du gouvernement de Vichy, Rick Blaine (Humphrey Bogart) tient un night-club, le " Rick's American Café ", où se mélangent nazis, officiers français, riches et petit peuple. Bien qu'il soit adoré par ses clients et adulé par les femmes, Rick est un homme désabusé n'ayant que faire de sa notoriété et qui, dans ce climat où s'opposent résistance, oppression, bravoure, magouilles et injustice, n'a d'intérêt que pour sa propre cause. Mais lorsqu'il revoit Ilsa Lund (Ingrid Bergman), l'amour de sa vie et l'auteure de son mal être, accompagnée de son mari Victor Laszlo (Paul Henreid), grand chef de la résistance tchèque, venus à Casablanca dans l'espoir de trouver des sauf-conduits afin de rejoindre les Etats-Unis, Rick doit dire adieu à sa " tranquillité ". La bulle dans laquelle il s'était enfermé où le temps et les autres n'existaient plus explose pour laisser la place aux sentiments et à la réalité de la guerre, l'obligeant à faire face à un dilemme entre l'amour et la raison : garder Ilsa ou faire ce qui est juste pour sauver Victor.
Casablanca traite principalement de l'opposition. Ce thème est traduit tout au long du film de différentes façons. D'abord en terme historique, en choisissant comme toile de fond la Deuxième Guerre Mondiale : partant de l'idée que la guerre repose sur le principe même de l'opposition et celle-ci encore plus que les autres contenue de son aspect idéologique. Le thème majeur s'exprime aussi au niveau psychologique avec le combat intérieur de Rick quant à savoir quoi faire, quoi choisir entre la passion et la droiture, l'égoïsme ou l'altruisme, sa propre cause ou celle des autres. Enfin, l'opposition se retrouve partout dans la construction esthétique du film : le café au style oriental rempli d'objets occidentaux, les jeux d'ombres et de lumières -fantastiquement réussis et extrêmement appuyés- où l'ombre des barreaux aux fenêtres se distinguent à presque tous les moments du film, soulignant le paradoxe entre enfermement et liberté et montrant à quel point toutes ces oppositions existent dans un espace-temps qui a crée une sorte d'équilibre sur ce paradoxe où tout le monde est enfermé plus ou moins librement.
Pour conclure, si Casablanca est un chef d'œuvre c'est grâce à un scénario d'une incroyable finesse, faisant naître de l'opposition une harmonie parfaite et mélangeant avec une justesse inouïe amour, humour, drame et suspens.
Interprété magistralement par le trio d'acteurs principaux mais tout aussi superbement soutenu par les seconds rôles, ce film est une perle d'une rare beauté où le spectateur est tenu en haleine jusqu'à la dernière minute.
En bref, restez chez vous ce soir, vous ne le regretterez pas.
(Une heure de colle lundi pour tout ceux qui n'auront pas vu le film.)
Crédits images: giornimoderni.donnamadera.com, kids.britannica.com