Death Note - Série TV (La mort était au rendez-vous)

Par Olivier Walmacq

genre: animation, fantastique, thriller, policier
année: 2007
durée: 37 épisodes de 20 minutes environ

l'histoire : Yagami Light, un lycéen de 17 ans, brillant élève en cours découvre un livre : le Death Note. Il appartient en fait à Ryuk, un dieu de la mort qui s'ennuie dans le monde des shinigamis. Il l'a laissé tomber sur Terre. Le Death Note est un cahier qui tue tous ceux dont on écrit le nom à l'intérieur. Très vite, Yagami utilise le Death Note pour punir tous les criminels. Il agit sous le nom de Kira, mais se heurte à la pugnacité de "L", un détective anonyme envoyé par Interpol.

La critique :

La distanciation est de plus en plus profonde entre le monde des adultes et celui des adolescents. Tel est le cri d'alarme poussé par le cinéma asiatique depuis une quinzaine d'années. Des films tels que Suicide Club et Battle Royale mettent en exergue cette dichotomie entre un univers consumériste et toute la rage contenue par nos jeunes éphèbes, qui ne comprennent plus le monde qui les entoure.
Mais le noble Septième Art n'est pas le seul à dresser ce terrible constat. On retrouve aussi cette thématique dans l'univers du manga. C'est par exemple le cas de Death Note écrit par Tsugami Oba et dessiné par Takeshi Obata. L'oeuvre d'origine a connu un immense succès au Japon.

Très vite, le phénomène Death Note dépasse largement ses frontières. Une adaptation animée de 37 épisodes de vingt minutes environ est même réalisée par le studio Madhouse en 2007. Entre 2006 et 2008, le manga connaît même trois adaptations cinématographiques : un premier film homonyme, Death Note 2 : The Last Name et L : Change The World.
Attention, SPOILERS ! Light Yagami 
est un lycéen surdoué qui juge le monde actuel criminel et corrompu. Sa vie change du tout au tout le jour où il ramasse par hasard un mystérieux cahier intitulé « Death Note ». Le mode d'emploi inclus dans le cahier indique que « la personne dont le nom est inscrit dans ce carnet meurt ».

D'abord sceptique, Light teste le carnet et découvre que son pouvoir est bien réel. Il rencontre l'ancien propriétaire du Death Note, un dieu de la mort nommé Ryûk. Celui-ci déclare avoir volontairement laissé tomber son carnet dans le but de se divertir. Light décide d'utiliser le Death Note pour exterminer les criminels, dans le but d'éradiquer le Mal et de bâtir un monde parfait dont il sera le dieu.
Il apprend peu à peu à se servir des pouvoirs du cahier. L'utilisateur peut seulement tuer une personne dont il connaît le visage, en y inscrivant son nom. Il peut également en préciser la cause ainsi que les circonstances détaillées, la cause par défaut étant la crise cardiaque. 
Les nombreuses morts inexpliquées de criminels à travers le monde attirent l'attention d'Interpol et du mystérieux L, un détective capable de résoudre n'importe quelle énigme, mais dont personne ne connaît l'identité .

L décide d'enquêter pour capturer le tueur en série, surnommé par le grand public « Kira ». Entre Light et L, tous deux persuadés d'agir pour la justice, s'engage un combat acharné pour découvrir en premier l'identité de l'autre. Certes, les auteurs du mangal original résument essentiellement Death Note à un combat psychologique et acharné entre Light, alias Kira, et L.
Pourtant, on trouve de nombreuses thématiques et différents niveaux de lecture dans cette série animée qui oscille entre le thriller, le fantastique et l'enquête policière : la peine de mort, la justice, les notions de bien et de mal, le sens même de la vie et surtout le complexe d'Icare. En s'accaparant le "Death Note", Light devient peu à peu un génie du mal.

Dans un premier temps, le jeune adolescent utilise le cahier pour punir uniquement les criminels. Mais très vite, Light est inquiété par certains détectives, qu'il s'empresse alors d'éliminer. Surtout, il terrorise peu à peu la population entière, la presse, les médias et la police. Light a donc pour ambition de s'élever au rang de Dieu. C'est le complexe d'Icare.
Impression renforcée par le nom du personnage, donc Light, qui signifie littéralement "lumière". Paradoxalement, le psychopathe juvénile a sombré du côté obscur et du royaume des ténèbres. Comme un symbole, son compagnon invisible, Ryûk, voue une véritable passion pour les pommes, le fruit du péché. Death Note a donc une connotation religieuse.

C'est sûrement pour cette raison que la série animée s'interroge sans cesse sur les notions de bien et de mal et d'une justice inique et impartiale. Mais Death Note revêt également un caractère philosophique et pourrait se voir comme une allégorie de la caverne (de Platon). A travers le Death Note, Light cherche aussi un sens à son existence.
Pour lui, la vie comme la mort sont totalement confondues et indissociables. Pour Light, notre société est composée d'individus semblables à des ombres, qu'il peut facilement éliminer. Symboliquement, Light cherche donc à apporter la lumière dans un monde de plus en plus uniformisé et indifférencié. Quant aux actes criminels de Kira, la série animée convie le spectateur à s'interroger sur la cause défendue par cet être énigmatique et démoniaque. 

Ainsi, Death Note oppose sans cesse deux points de vue : les fans de Kira, qui estiment que ce dernier applique une justice, certes partiale, mais courageuse ; et les opposants à Kira, qui brocardent les actions souvent époustouflantes de ce dernier. En l'occurrence, Death Note se distingue par une intrigue assez fuligineuse. Aussi, sera-t-il nécessaire pour le spectateur de bien suivre les dialogues parfois un peu amphigouriques, ainsi que les nombreux rebondissements qui complexifient davantage une enquête de plus en plus retorse au fil des épisodes.
Sur ce dernier point, la série animée accuse un sérieux baisse de rythme et de tension dans sa seconde partie, beaucoup moins éloquente, il faut bien le dire. Néanmoins, Death Note affirme lui aussi cette distanciation et cette dichotomie entre le monde des adultes et celui des adolescents. En effet, dans Death Note, les adultes sont peu présents.
Tout du moins, quand ils le sont, ils sont souvent ridiculisés et vitupérés par Light lui-même. En outre, le jeune éphèbe sera principalement inquiété par d'autres agents encore impubères. Voilà pour les grandes lignes de cette série souvent passionnante, mais assez décevante sur ces dix derniers épisodes.

Note: 14.5/20

 Alice In Oliver