"El Abrazo de la serpiente" de Ciro Guerra

El Abrazo de la serpiente,  film sur l’Amazonie avec un indien comme personnage principal est présenté au cinéma Le ZOLA en AVANT-PREMIÈRE, le jeudi 17 septembre à 20h30. La projection a lieu dans le cadre du « MEILLEUR DE LA QUINZAINE 2015 » et des RENDEZ-VOUS DES REFLETS (coupons 2015 acceptés).

Toutes les informations pratiques sur www.lezola.com

El Abrezo

EL ABRAZO DE LA SERPIENTE de Ciro Guerra
Avec : Nilbio Torres, Antonio Bolívar, Jan Bijvoet
Colombie,Vénézuéla, Argentine, 2015, 2h05

Date de sortie : 23 décembre 2015

Synopsis

Karamakate, chaman amazonien, le dernier survivant de son peuple, vit isolé dans les profondeurs de la jungle. Il est devenu un chullachaqui, la coquille vide d’un homme, privée d’émotions et de souvenirs. Sa vie bascule lorsqu’Evan, un ethnobotaniste américain, débarque dans sa tanière à la recherche de la yakruna, une mystérieuse plante hallucinogène capable d’apprendre à rêver. Karamakate se joint à sa quête et ils entreprennent un voyage au cœur de la jungle.

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A propos du film

Ciro Guerra est colombien. Il vit suffisamment près de la jungle pour y être allé tourner son troisième long-métrage, El Abrazo de la serpiente. Le film s’inspire des carnets de voyage de l’ethnologue allemand Theodor Koch-Grünberg (1872-1924) et du biologiste américain Richard Evans Schultes (1915-2001), les deux premiers Occidentaux à avoir exploré le nord-ouest de l’Amazonie pour étudier les savoirs des populations autochtone. Le film, en noir et blanc, mêle ces deux récits de voyages en Amazonie. El Abrazo de la serpiente est un film dont le personnage principal, Karamakate, soit un Indien.

El abrazo de la serpiente, dont le tournage a duré sept semaines dans la jungle du Vaupés, s’avère être le premier film de fiction tourné en Amazonie depuis plus de 30 ans. C’est également le premier film de fiction colombien ayant pour personnage principal un Indien, et le premier film raconté du point de vue des sociétés ancestrales, faisant le lien entre deux histoires.

C’est un film sur l’Amazonie, une jungle qui s’étale sur plusieurs départements du pays et franchit les frontières, dont les forêts hébergent une riche variété de faune, de flore et de biodiversité, et ont servi de refuge à des centaines de langues, de coutumes et de nombreux groupes d’Indiens – dont un grand nombre a disparu sous l’assaut des colons -, mais c’est aussi une histoire qui parle d’amitié, de loyauté et de trahison.

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Note d’intention du réalisateur

« Quand je regardais une carte de mon pays,
je ressentais un profond sentiment de désarroi.
La moitié du territoire était une terre inconnue, un océan vert dont je ne savais rien.
L’Amazonie, ce territoire insondable que l’on réduit bêtement à de simples concepts.
La cocaïne, la drogue, les Indiens, les rivières, la guerre.
Cet immense espace ne comprend vraiment rien d’autre ?
Pas de culture, pas d’histoire ?
Aucune âme pour transcender cela ?
Les explorateurs m’ont fait comprendre que si.
Ces hommes qui ont tout quitté, qui ont tout risqué, pour nous faire découvrir
un monde qu’on ne pouvait pas même imaginer.
Ils ont établi le premier contact,
alors que sévissait l’un des plus terribles holocaustes que l’homme ait jamais connus.
L’homme est-il capable, à travers la science et l’art, de transcender la cruauté ?
Certains hommes y sont parvenus.
Les explorateurs ont raconté leur histoire.
Pas les Indiens.
Voilà de quoi il s’agit.
Une terre de la taille d’un continent qui reste à raconter.
Une terre jamais montrée par notre cinéma.
Cette Amazonie-là a disparu.
Mais le cinéma peut la faire revivre. »
CIRO GUERRA

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La critique de Critikat

« La dérive de la barque vient semer des rencontres sur le parcours des deux hommes. En se répondant, les deux périples montrent l’écart qui sépare la plongée de ces deux hommes dans les coutumes des indiens et font un portrait violent de la colonisation occidentale. Si lefirst contact entre l’ethnologue et la tribu qui l’accueille apparaît comme le partage respectueux entre deux communautés – comme dans cette scène où l’Allemand livre un spectacle d’ombres pour amuser ses hôtes, les relations entre indigènes et colons vont vite laisser place aux coups de fouets des évangélistes fanatiques et aux tueries sanguinaires. L’écart entre les deux temps du récit vient mesurer combien l’Homme blanc a phagocyté les croyances et modes de vie des ces hommes en accord avec la nature.

Quittant le village dans lequel il a séjourné, Theodor refuse d’y laisser sa boussole, au motif qu’elle détournerait les indiens de leur façon séculaire de se repérer grâce à l’attention portée à la nature. Avec le botaniste puis l’ethnologue pour guides, tous deux flanqués d’un autochtone chargé de leur frayer un chemin dans les coutumes locales, le spectateur est invité à cette acuité d’écoute et d’observation. Pourtant, loin de se trouver en accord avec les éléments, le spectateur entre dans cette jungle comme en une cathédrale. Tout est gigantesque, ordonné, chaque liane paraît avoir été arrangée avec soin. La perfection de la photo en noir et blanc, des amples mouvements de caméra apparaissent totalement à contre emploi d’un film qui entend plonger nos sensibilités de citadins modernes dans le bruissement de la nature. En fait de bruissement, le surmixage du film offre à nos oreilles un grondement ininterrompu du torrent ou du vent à l’artificialité exaspérante. Alors que les deux Occidentaux plongent de toute leur âme dans l’altérité absolue du mode de vie des villages qu’ils traversent, aidés par les substances qu’on leur administrent et qui provoquent chez eux des rêveries profondes et violentes, nous sommes, nous, comme au musée, mis à distance sans cesse, par une esthétisation des lieux qui interdit toute approche sensorielle des expériences psychotropes des personnages. »

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Ciro Guerra

Né à Río de Oro (Colombie) en 1981. Ses deux premiers films, L’Ombre de Bogota et Les Voyages du vent, ont été sélectionnés dans de nombreux festivals internationaux parmi lesquels Cannes, Toronto, San Sebastian, Rotterdam, et Locarno, remportant plus de 40 récompenses internationales. Ils représentèrent également la Colombie aux Oscars et furent distribués dans une vingtaine de pays. El abrazo de la serpiente est son troisième film.