Fenêtre Sur Cour (Quand Alfred Hitchcock flatte notre voyeurisme)

fenetre sur cour

genre: policier, thriller, suspense
année: 1954
durée: 1h49

l'histoire : A cause d'une jambe cassée, le reporter-photographe L. B. Jeffries est contraint de rester chez lui dans un fauteuil roulant. Homme d'action et amateur d'aventure, il s'aperçoit qu'il peut tirer parti de son immobilité forcée en étudiant le comportement des habitants de l'immeuble qu'il occupe dans Greenwich Village. Et ses observations l'amènent à la conviction que Lars Thorwald, son voisin d'en face, a assassiné sa femme. Sa fiancée, Lisa Fremont, ne le prend tout d'abord pas au sérieux, ironisant sur l'excitation que lui procure sa surveillance, mais finit par se prendre au jeu

La critique :

On ne présente plus Alfred Hitchcock, le maître du suspense, et réalisateur de nombreux classiques du noble Septième Art : Rebecca, Le crime était presque parfait, La main au collet, L'homme qui en savait trop, Sueurs Froides, La Mort aux trousses, Pychose, Les Oiseaux, Frenzy... Vient également s'ajouter Fenêtre sur Cour, sorti en 1954.
A l'origine, le long-métrage est l'adaptation d'une nouvelle, It had to be murder, de Cornell Woolrich. Néanmoins, pour le scénario du film, Alfred Hitchcock s'inspire également de l'oaristys entre Ingrid Bergman et Bill Capa lorsque ce dernier était le photographe de plateau sur le film Les Enchaînés.

Fenêtre sur Cour est souvent considéré par la presse, les critiques cinéma et les fans du réalisateur comme le ou l'un des meilleurs films d'Alfred Hitchcock. En outre, il est souvent référencé dans le top 5 des meilleurs films du maître du suspense. Encore aujourd'hui, Fenêtre sur Cour reste une source d'inspiration majeure pour le cinéma et les séries télévisées, notamment le très médiocre Paranoïak avec Shia Labeouf, ou encore Les Experts : Mahattan.
Au niveau de la distribution, le long-métrage réunit James Stewart, Grace Kelly, Wendell Corey, Thelma Ritter, Raymond Burr et Judith Evelyn. Attention, SPOILERS ! A cause d'une jambe cassée, le reporter-photographe L. B. Jeffries est contraint de rester chez lui dans un fauteuil roulant.

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Homme d'action et amateur d'aventure, il s'aperçoit qu'il peut tirer parti de son immobilité forcée en étudiant le comportement des habitants de l'immeuble qu'il occupe dans Greenwich Village. Et ses observations l'amènent à la conviction que Lars Thorwald, son voisin d'en face, a assassiné sa femme. Sa fiancée, Lisa Fremont, ne le prend tout d'abord pas au sérieux, ironisant sur l'excitation que lui procure sa surveillance, mais finit par se prendre au jeu.
En l'occurrence, la réputation et l'immense succès de Fenêtre sur Cour reposent essentiellement sur la qualité de sa mise en scène. Le film fonctionne sur le modèle "champ-contrechamp" avec une approche quasi expérimentale.

Paradoxalement, le long-métrage fait partie de ces grosses productions hollywoodiennes en réunissant le couple James Stewart/Grace Kelly à l'écran. Fenêtre sur Cour fait partie de ces films décortiqués, analysés et presque "radioscopés" par les critiques et les sites consacrés aux classiques du cinéma. Réalisé dans un seul et unique décor, Fenêtre sur Cour prend l'apparence d'un huis clos au ton souvent ironique et goguenard. James Stewart est la figure emblématique du film.
D'ailleurs, il est assez amusant de constater que ce dernier est confiné dans une chaise roulante, limitant ainsi ses déplacements, alors que sa fiancée et son infirmière sont actives, donc dans le mouvement.

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Autrement dit, la figure masculine est ici ridiculisée, tout du moins, réduite à quia, à observer et à imaginer la vie quotidienne de ses voisins. Alfred Hitchcock résume Fenêtre sur Cour à une "juxtaposition des symboles".  Le cinéaste adopte la technique de la caméra subjective. Il se focalise à la fois sur le regard de James Stewart et sur les événements qui se déroulent dans la cour.
A partir de là, Alfred Hitchcock interroge le spectateur sur le cinéma lui-même, sur notre propre regard et flatte notre voyeurisme. Jusqu'où sommes-nous prêts à scruter, à épier et à observer ? Telle est la question posée par le maître du suspense. Alfred Hitchcock transporte alors le spectateur dans un réseau d'espaces publics et privés.

A travers le regard de son personnage principal, Jeffries, le réalisateur propose une façade constellée d'appartements aux fenêtres ouvertes et reflétant la vie quotidienne de monsieur et madame "Tout le monde". Ainsi, le spectateur est amené à partager et à prendre partie pour le regard à la fois ébaudi (dans un premier temps) et sadique (dans un second temps) de Jeffries.
Certes, dans la première partie du film, ce voyeurisme pervers fait l'objet des railleries, des anathèmes et des quolibets de Lisa Frémont (Grace Kelly). Mais très vite, la jeune et belle fiancée devient la complice de son amoureux. Comme une évidence, celle qui vitupère ce comportement voyeuriste tombe sous le charme de ce jeu machiavélique. Ainsi, Alfred Hitchcock s'interroge sur les nuances subtiles qui existent entre la réalité et le monde des apparences.
C'est probablement pour cette raison que le cinéaste propose une dichotomie entre l'ombre (l'endroit où se trouve Jeffries) et la lumière (l'extérieur). On pourrait presque y voir une nouvelle réflexion, cette fois-ci cinéphilique, sur l'Allégorie de la Caverne de Platon. A l'époque, qui pouvait savoir que ce regard fallacieux et pernicieux se transformerait en "Loft" ?

Note : 17.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver