[Venise 2015] “El Desconocido” de Dani de laTorre

El-Desconocido Un matin comme les autres,  Carlos (Luis Tosar) prend se voiture pour emmener ses enfants à l’école avant de rejoindre son poste, dans une grosse banque d’affaires espagnole. Alors qu’il est sur le point d’arriver à  l’école, son portable sonne. Au bout de la ligne, un individu lui annonce que ses enfants et lui sont assis sur une bombe. S’ils se lèvent de leur siège ou tentent de prévenir qui que ce soit, la voiture explosera et tuera les trois passagers. L’individu semble être un ancien client de Carlos, furieux d’avoir été berné par le courtier, dont la spécialité est de refourguer des actifs toxiques à des personnes vulnérables. Il lui réclame près de 500 000 € pour lui laisser la vie sauve, ce qui implique que Carlos doit non seulement vider tous ses comptes personnels, mais aussi détourner des fonds de sa propre compagnie. Tout cela en ne quittant pas une seconde l’habitacle de sa voiture et en tentant de rassurer ses enfants, forcément paniqués par la situation. La journée risque d’être longue et mouvementée…

L’idée du cinéaste Dani de la Torre était de combiner un thriller malin reposant sur le principe, simple mais efficace, de Speed ou de Phone Game, avec une charge virulente contre les banquiers d’affaires, en partie responsables, de par leur comportement inconséquent, de la crise économique de ces dernières années. Pourquoi pas? Après tout, les cinéastes espagnols, et principalement les réalisateurs de film de genre, ont toujours réussi à entrelacer leurs scénarios avec de subtiles touches de critique sociale, à lire entre les lignes. Une tradition héritée des films réalisés sous la dictature franquiste, qui donne fréquemment des films joliment subversifs ou porteurs de messages politiques forts. Malheureusement, dans le cas du film de Dani de la Torre, cela ne fonctionne pas du tout.

Avec un scénario aussi foutraque, alignant les coups de théâtre improbables et les situations absurdes, il aurait fallu jouer la carte de l’humour grinçant, de la satire sociale féroce, à la manière d’un Alex de la Iglesia. Ici, le cinéaste fait le choix de rester sérieux comme un Pape et de jouer la carte du premier degré de bout en bout. Cela rend l’ensemble parfaitement grotesque. Et le repentir du personnage principal est un moment de cinéma particulièrement embarrassant.
Luis Tosar fait ce qu’il peut pour sauver les meubles, mais à l’impossible, nul n’est tenu. Ce qui était annoncé comme le film de la rentrée en Espagne est finalement, au mieux, un pétard mouillé ou, au pire, un bon gros nanar.