La isla minima

La isla minimaDans les méandres du Guadalquivir...
1980 au fin fond de l’Andalousie, deux flics enquêtent sur le double meurtre atroce de deux jeunes filles… lié à d’autres meurtres. Un serial killer rode apparemment dans les méandres du delta du Guadalquivir.Le générique offre des images splendides et angoissantes vues du ciel dignes de Arthus Bertrand. Rodriguez, au-delà d’afficher le potentiel touristique de cette partie andalouse à quelques encablures de Séville, tisse un lien entre les sites de l’action et la psyché tortueuses des personnages. Les paysages aériens ressemblent même beaucoup à un cerveau. Comparé à la saison 1 de « True Detective » pour cette raison, ce film ne parvient pas générer une tension extrême ou alors mystique. On reste donc dans une production académique de bon goût (scénario, mise en scène irréprochables), mais la qualification de thriller est excessive pour un bon polar classique mené par un binôme « good cop » « bad cop ». Loin, avec un sujet semblable, de « Zodiac » de Fincher qui, lui a su, créer un suspense fort. Ces 10 Goyas (Les César espagnols) raflés par ce film en font une référence, mais c’est aussi car il renvoie le pays à sa transition post franquiste difficile. L’équivalent de notre post occupation allemande est traité sans manichéisme. Le pays doit se reconstruire autour de la démocratie tout en y associant une génération corrompu (le bad cop) et une jeune génération incarnant le changement (le good cop). Cette association reflète la difficulté à faire table rase du passé et la nécessité d’une période de transition impliquant les deux générations côte à côte. Intelligent, bien mené, esthétiquement bluffant… mais au contenu trop sage et convenu. Le lien avec le franquisme est aussi un peu trop tiré par les cheveux.
Sorti en 2015