Mediterranea de Jonas Carpignano, un film sur l’actualité qui ne laisse pas indifférent

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Mediterranea
Réalisé par Jonas Carpignano
Avec : Alassane Sy, Koudous Seihon, Vincenzina Siciliano
Allemagne/USA/France, 2015, 1h47

Date de sortie : 02 septembre 2015

Présenté à la Semaine de la Critique à Cannes

Synopsis
Ayiva quitte le Burkina Faso, traverse la Méditerranée et rejoint le Sud de l’Italie. Rapidement confronté à l’hostilité de la communauté locale, sa nouvelle vie s’avère difficile. Mais Ayiva reste déterminé : ici sa vie sera meilleure, quel qu’en soit le prix.

« Le film évite soigneusement les écueils d’une œuvre « coup de poing » et misérabiliste sur la condition des immigrés, et cela constitue l’une de ses première qualités. (…). Il est par ailleurs révélateur de l’importance de la mondialisation culturelle. Loin d’être anecdotique, cette dimension permet d’éclairer les personnages sous un autre angle, contournant les stéréotypes sur les habitants des pays en développement. » Avoir_alire.com

« Mediterranea sort en salles au moment où l’Europe est encore sous le choc de la photo d’Aylan Kurdi, enfant syrien retrouvé mort, noyé, sur les plages d’une station balnéaire turque. Mediterranea parle moins de l’horreur des passeurs et de la traversée que des difficultés d’intégration à l’arrivée. Jonas Carpignano réussit une chronique sobre et juste, sur la clandestinité, l’espoir et les désillusions qu’elle engendre. Un film d’actualité, à voir en salles. » Toutelaculture.com

Les intentions du réalisateur

« J’ai souhaité faire un film qui capture les aspects ordinaires de l’expérience du migrant alors qu’il doit gérer le quotidien. Oui, il y a le combat, la violence, l’exaltation d’une vie nouvelle, mais aussi les corvées d’une vie quotidienne loin d’être grandiose : la fatigue du travail, la condescendance mais aussi la camaraderie, le plaisir de chanter une chanson, de se saouler ou de faire une rencontre via Facebook. Le film tente de capturer les multiples éléments conflictuels d’un environnement où le migrant n’est pas un marginal, un “autre” qui serait craint ou encouragé selon les idéologies (ce qui est la représentation caricaturale que nous offrent les médias), mais plutôt un élément de plus en plus essentiel dans la chaîne d’un monde globalisé.  C’est pour cette raison que le titre est au pluriel, c’est un lieu de rencontres, de conflits, de confrontations, et surtout, un lieu qu’on ne saurait définir par des frontières. »  Jonas Carpignano (Dossier de presse Haut et Court)

Une rencontre déterminante pour le réalisateur : Koudous Seihon 

Pour le réalisateur Jonas Carpignano dont la mère est afro-américaine et le père italien, la question du rôle des noirs dans la société italienne est quelque chose de crucial. Aussi, quand les premières émeutes raciales éclatent à Rosarno en 2010, il se rend sur place pour mieux comprendre la situation. Il  commence à interroger les gens et à rassembler leurs souvenirs, à écouter leurs histoires, et à écrire le scénario d’un court-métrage sur le sujet.

A l’occasion du casting de son court, Jonas Carpignano repère Koudous Seihon dans un rassemblement qui réunit plus de 600 immigrés africains. Il  remarque Seihon dans son blouson en cuir, avec son mégaphone à la main en train d’interpeller la foule en français, anglais, italien et ghanéen. Impressionné par son charisme, il décide tout de suite de l’enrôler pour son film.

Sa rencontre avec Koudous Seihon (qui joue le rôle d’Ayiva) lui  permet de s’introduire dans le monde des immigrés et de récolter suffisamment  d’informations pour tourner un long métrage Mediterranea.

Le scénario de Mediterranea est directement inspiré de la vie et du caractère de Koudous Seihon. Koudous Seihon a grandi à Zabré au Burkina Faso. Devenu père à l’âge de 20 ans, il lui est impossible de subvenir aux besoins de sa famille. Aussi, il quitte sa ville natale en 2008 et dans l’espoir de trouver du travail il débarque en Italie du Sud. Seihon a travaillé dans les champs de Calabre. C’est un fervent avocat de la cause et des droits des migrants.

Des acteurs non professionnels

99% des acteurs de Mediterranea proviennent de la ville du réalisateur Jonas Carpignano en Italie du sud. Un seul acteur avait un peu d’expérience, Alassane Sy, qui joue le rôle d’Abas. Le réalisateur l’a rencontré au Sundance Labs.

Rihanna : Symbole de la pop culture

Un personnage dans Mediterranea énonce à plusieurs reprises « Rihanna est ma soeur ». Rihanna est partout dans ce film sous forme de sonnerie de téléphone, de chanson emblématique ou de symbole de la mondialisation. Pour Jonas Carpignano, Rihanna symbolise la culture-pop mondiale, c’est aussi sa star préférée. Elle vient de la Barbade et est un véritable exemple de cette culture mondiale hybride. Pour le réalisateur, il n’est pas étonnant qu’elle soit devenue le porte-drapeau de tout ce qui est musical, sociétal et culturel.