Hier j’ai eu le temps de me rouler les pouces, mais aujourd’hui, fini de rigoler : conférences sur conférences (et non confidences pour confidences). J’ai pris quelques notes à chaque fois.
CONFÉRENCE DE PRESSE D’EVEREST avec Baltazar Kormakur, Tim Bevan et Jason Clarke
Le réalisateur Baltazar Kormakur a souhaité avec Everest revenir à son identité qu’il avait au départ, dans ses premiers films. Il souhaité surtout faire ressortir l’humain face à la nature, que c’est toujours elle qui est en force, il n’y avait d’ailleurs pas besoin de méchant comme souvent au cinéma, puisque les points d’action sont apportés par Mère Nature. Pour préparer le film, [spoiler] l’équipe a passé beaucoup de temps avec les familles des victimes ainsi que les rescapés en Nouvelle Zélande, faisant ressortir des enregistrements inédits des dernières heures de lutte dans le froid. Des enregistrements précieux, très émouvants, qui n’ont jamais été tendu en 18 ans après le drame. Ceux-ci ont été une source précieuse d’informations, pour mieux comprendre et analyser ce qu’il s’est passé, permettant au réalisateur de retransmettre les faits au plus proche de la réalité. La démarche d’Everest n’était pas un hommage à ces alpinistes, le film est une critique montrant qu’ils ont autant fait preuve de courage, tout comme ils ont fait des erreurs.
Jason Clarke, quant à lui, a ressenti le besoin d’être à la hauteur de Rob et de sa mémoire. Cet homme s’est retrouvé dans la détresse pour aider et rester aux côtés de d’autres personnes, pour les aider à accomplir leur rêve, il a fini seul sur le toit du monde. Pour se dépasser, Clarke a grimpé 14 000m dans les Alpes et 16 000 dans l’Himalaya, il a également suivi Guy (l’homme qui a accompagné la vraie équipe à l’époque) dans un entraînement intensif et en conditions réelles, ils se sont parfois retrouvés en tempête. D’ailleurs, Jason Clarke était le seul parmi les acteurs à avoir subit un entraînement intensif, contrairement aux autres acteurs, appuyant se sentiment d’authenticité et les rapports des personnages entre eux dans le film, à savoir que Rob était expérimenté, accompagnant des personnes qui ne l’étaient pas forcément.
CONFÉRENCE DE PRESSE 99 HOMES avec Ramin Bahrani et Michael Shannon.
Le réalisateur Ramin Bahrani a fait beaucoup de recherches sur les affaires de saisies et de fraudes. Il s’est fait passer pour un journaliste faisant un reportage et a assisté à plusieurs saisies au tribunal, il a constaté que la plupart du temps, les juges expédient en quelques minutes ces affaires – souvent en la défaveur des propriétaires des maisons – sans vraiment juger ou utilisant des critères inappropriés. Les agents immobiliers qui s’occupent de ce genre d’affaires portent souvent une arme, par crainte de représailles, d’autant qu’il y a beaucoup de magouille et de corruption dans ce milieu. Il pensait faire un thriller et lorsque certaines personnes de la profession ont vu son film, ils lui ont dit que ce n’était pas une fiction, mais bien une réalité. Nous avons pu constater durant la conférence que le réalisateur de 99 Homes est en admiration devant son acteur principal, Michael Shannon. Celui-ci a ré-écrit son rôle pour coller au plus près au caractère de l’acteur et faire ressortir son charisme (et son bronzage !). Questionné à propos de la sortie en e-cinéma de son film en France, Bahrani explique que les outils changent, mais que le noyau – le film – reste. Peu importe la diffusion du moment, le plus important reste l’histoire, la distribution est au second plan.
Michael Shannon choisit ses films en fonction des projets et non en fonction du budget. Il a eu envie de travailler Ramin Bahrani, car celui-ci donne une voix à ceux qui n’en ont pas. De plus, son personnage de Rick est à contre-emploi pour lui, en effet, quelques années auparavant, il aurait joué celui interprété par Andrew Garfield. Pour entrer dans son personnage, il s’est inspiré d’un homme qu’il a rencontré, complexe et pas mauvais. En revoyant le film, il s’est rendu compte que son personnage n’est pas heureux dans ce qu’il fait, fatigué par son métier.
CONFÉRENCE DE PRESSE DE KNOCK NOCK avec Colleen Camp, Lorenza Izzo, Eli Roth et Keanu Reeves.
Le réalisateur Eli Roth a fait une comparaison entre Green Inferno et Knock Knock (deux films du metteur en scène présentés en avant-première durant le festival) précisant que le tournage de Green Inferno fut très éprouvant et dangereux, avec des araignées, des allers-retours en bateau où ils ont manqué plusieurs fois de se noyer, il voulait donc pour son prochain film du calme et de l’air conditionné ! Green Inferno est une montagne russe alors que Knock Knock est un jeu d’échecs.
Keanu Reeves n’est pas un grand bavard, il a sorti des citations de ses films, à la demande d’une personne de la conférence, car il retient plutôt bien ses lignes. Il a aussi mentionné que pour une fois, ce fut assez marrant d’être cinématographiquement « torturé » et de laisser les fantasmes devenir réels.
Quant à Lorenza Izzo, elle a adoré son expérience sur le tournage, il y avait une très bonne ambiance et un beau casting. Elle a précisé qu’ils se sont beaucoup amusés à « torturer » Keanu Reeves entre les prises, notamment en le chatouillant.
CONFÉRENCE DE PRESSE DE LIFE avec Anton Corbijn et Dane Dehaan.
Le réalisateur a insisté sur le fait que son film Life n’est pas un biopic, où James Dean ne fait pas partie du paysage culturel. Son film est avant tout une relation entre le photographe et Dean, entre un photographe et son sujet. Il trouvait intéressant de mettre en avant l’icône dans la vraie vie, notamment en faisant travailler Dane Dehaan sur des détails, tels que la démarche, les gestes, etc, afin de capter une dimension plus humaine que l’image que dégageait James Dehaan à travers ses films. Il a d’ailleurs choisi l’acteur pour sa ressemblance avec Dean et sa profonde interprétation.
Dane Dehaan a regardé le films de James Dean pour s’inspirer. Lorsqu’il a annoncé autour de lui qu’il allait interprété le célèbre acteur mort trop jeune, plusieurs personnes lui ont sorti des faits, des anecdotes, connus de tout le monde, mais en faisant ses recherches, l’acteur s’est rendu compte que tout ce qu’on savait sur Dean était faux.
Ma journée s’est terminée avec la présentation du film Life et un gros dodo.
LIFE
Je vais essayer d’être courte et concise, étant plutôt inspirée en sortant de la projection. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, j’ai été déçue, alors que le film avait un réel potentiel. J’aimais l’idée que le film soit orienté sur le photographe et la photographie, comme nous l’avait si bien vendu Anton Corbijn en conférence de presse. Eh bien non ! On a effectivement une moitié de biopic sur James Dean, une autre sur le photographe Dennis Stock, le tout en étant très partiel, sans une réelle motivation, en restant assez en surface dans l’approche des histoires ou de l’histoire globale. On se retrouve donc avec un film lent, sans énergie, qui perd le spectateur. J’avais vraiment envie de croire en Robert Pattinson et Dane Dehaan, mais aucun des deux n’éclatent par son jeu, de plus, là où Corbijn vantait la ressemblance de Dehaan avec Dean, je me suis évertué à la chercher. Life est un film qui s’éparpille, qui n’arrive pas à faire ressortir un sujet concret, qui aurait pu nous délivrer une ode à la photographie, à l’art et à l’artiste qui tente de travailler un sujet complexe, à savoir montrer la sensibilité de Dean et sa nonchalance, loin du cinéma, sans en faire un personnage ennuyeux. Au final, des choses intéressantes qui ont glissé entre les doigts du réalisateur.