Synopsis : "En 1987, cinq jeunes hommes exprimaient leur frustration et leur colère pour dénoncer les conditions de vie de l'endroit le plus dangereux de l'Amérique avec l'arme la plus puissante qu'ils possédaient : leur musique. Voici la véritable histoire de ces rebelles, armés uniquement de leur parole, de leur démarche assurée et de leur talent brut, qui ont résisté aux autorités qui les opprimaient. Ils ont ainsi formé le groupe de rappeur des N.W.A. en dénonçant la réalité de leur quartier. Leur voix a alors déclenché une révolution sociale qui résonne encore aujourd'hui."
Les biopics sont devenu légion. Devenu un genre à part entière depuis quelques années maintenant, le biopic se fait de plus en plus présent sur nos écrans. Que ce soit dans le cinéma français comme international. On dit que le cinéma international a de moins en moins d'inspirations. Il faut donc bien piocher au sein de ce qui est déjà ancré à notre culture pour ne pas avoir à produire de nouvelles licences. C'est simple, souvent inintéressant d'un point de vue cinématographique, mais peut également contre toute attente permettre à d'excellents films de voir le jour. Cette fois c'est autour du groupe de rap N.W.A d'avoir droit à son propre biopic. Un biopic romancé, mais qui se veut ancré dans une réalité qui est toujours la notre, ou plutôt, celle de l'Amérique. Straight Outta Compton a connu une effervescence aux États-Unis lors de sa sortie avec pas moins de 50 millions de dollars de recettes en un weekend. Un démarrage prodigieux et des retours dithyrambiques de la part de la presse, spécialisée ou non, comme des spectateurs. Qu'en est-il vraiment ?
Une plongée au cœur de l'Amérique entre la fin des années 1980 et la moitié des années 1990. Un retour de plus de vingt années en arrière, mais des conditions de vie qui n'ont guère évoluées. Straight Outta Compton est un biopic qui revient en détail sur le lancement, puis toute la carrière du groupe N.W.A, ainsi que des rappeurs mondialement connus qui l'on formé. Ice Cube, Dr. Dre, Eazy-E et DJ Yella ont créé et formé ce groupe à la renommée internationale, même connu par les néophytes en matière de hip-hop. De leur début, jusqu'à leur séparation, en allant jusqu'à développer la personnalité de chacun des rappeurs. Straight Outta Compton est un film au scénario ambitieux. Les arcs narratifs sont extrêmement nombreux et chacune des thématiques utilisées, ainsi que chacun des personnages présents va avoir droit à son développement. C'est riche et par moment long, car il faut du temps pour introduire les personnages et réussir à entremêler chacun des arcs narratifs. C'est ce qu'on appelle plus généralement des longueurs nécessaires au récit afin que chacune des séquences ait une amorce travaillée, ainsi qu'un développement de qualité et que chaque message puisse avoir une résonance. Car Staight Outta Compton a plusieurs objectifs qui vont au-delà du simple hommage à un groupe de rappeurs connu.
C'est un film dont le message social a une portée toute particulière aujourd'hui. Un message sur la liberté d'expression, par le biais rap ou de tout autre moyen de communication et qui va s'étendre jusqu'au traitement de la discrimination sélective. Encore aujourd'hui, aux États-Unis, des actes fréquents et barbares nous prouvent que la population des victimes de discrimination sélective. Ce long-métrage permet aux spectateurs d'ouvrir une nouvelle fois les yeux, sur le fait que certaines consciences humaines se permettent d'être à la fois juge et bourreau. Straight Outta Compton le montre et le démontre avec force sans pour autant aller vers une facilité dans laquelle il aurait pu sombrer. Par le biais d'une mise en scène juste, qui utilise avec astuce l'environnement qui lui est prédestiné et de séquences qui s'enchaînent grâce à un scénario remarquable, les messages atteignent directement leur cible sans paraître forcés. C'est d'un naturel et d'un réalisme déconcertant. La contre-attaque d'un groupe de jeune qui a l'impression d'être opprimé au travers du prisme de la musique. Un message social qui se voit rattrapé par une critique du système par le biais des maisons de disque et de l'avidité de l'être humain.
La musique a un intérêt tout particulier dans ce film. Biopic du groupe N.W.A, on retrouve énormément de leurs morceaux dans le film et ces derniers s'avèrent judicieusement utilisés. À la manière d'un Cloclo, film réalisé par Florent Emilio Siri, Straight Outta Compton dispose et use avec précision des morceaux et paroles de ces derniers. Des paroles qui ont un sens et qui permettent au film d'avancer. La musique fait partie intégrante du récit et n'est pas seulement un moyen de rythmer les séquences. Les paroles racontent une histoire et permettent aux personnages d'exprimer leurs ressentis au "moment T". Ce n'est pas pour autant une généralité puisque certains titres vont être utilisés dans le but de rythmer une séquence. C'est un tout qui fait de ce film, plus qu'un simple film sur le hip hop ou juste un biopic. On y découvre des personnages, un groupe de hip-hop, une seule et unique voix qui dénonce avec ferveur et intensité au nom du peuple. Grâce aux remarquables interprétations des jeunes O'Shea Jackson Jr., Corey Hawkins, Jason Mitchell et Neil Brown Jr. entre autres, ce qu'ils dénoncent prend une véritable ampleur. Ils livrent des interprétations qui ont du coffre, des interprétations humaines et touchantes. De véritables révélations, qui en plus de jouer remarquablement bien ressemblent à s'y méprendre aux rappeurs du groupe N.W.A.
En Conclusion :
Lorsque l'on n'est pas fan du groupe N.W.A ou même de hip hop, il est difficile à cerner le succès du film Straight Outta Compton. Puis on voit le film et on se rend compte du magnifique travaille effectué par le réalisateur F. Gary Gray et des techniciens qui l'on entouré. Plus qu'un simple biopic, un film aux revendications sincères et humaines, dénoncés avec colère grâce à la musique et au charisme de ces jeunes rappeurs. Une violence provoquée par des hommes à laquelle les jeunes ont répondu par le rap. Un film fort et puissant, qui malgré ses longueurs et quelques séquences à rallonge, réussit à nous emporter et à nous toucher.