Une fois la jeune femme arrivée sur place, elle ne parvient pas plus à lui annoncer la terrible nouvelle. Elle lui dit que Giuseppe arrivera un peu plus tard. En l’attendant, elle suggère que Jeanne et elle fassent plus ample connaissance…
Piero Messina propose ici une jolie déclinaison sur le thème du deuil, sans pathos, sans effets mélodramatiques, en s’autorisant juste un artifice scénaristique – le mensonge par omission sur l’absence de Giuseppe, qui tient tout au long du film.
L’émotion passe essentiellement par la relation qui se noue entre les deux femmes, de moments d’embarras en instants de pure complicité, de discussions en confidences, et par les regards échangés. Des petits riens qui réussissent à nous émouvoir, à nous toucher en plein coeur.
Evidemment, cela tient beaucoup au talent des deux actrices. Juliette Binoche et Lou de Laâge sont toutes deux formidables et forment un duo parfaitement complémentaire, qui réussit à rendre crédible le postulat de départ.
Mais la mise en scène de Piero Messina possède aussi quelques qualités.
Certes, il y a quelques afféteries stylistiques bien compréhensibles pour un premier long-métrage, et des idées qui partent parfois dans touts les sens – comme la séquence du générique vue aux rayons X sur le tapis de contrôle d’un aéroport, amusante, mais en décalage avec le reste du film – mais il y a aussi de très beaux plans, laissant entrevoir une certaine maîtrise de l’image de la part du jeune cinéaste italien.
Pour l’instant, L’Attente (L’Attesa) est pour nous l’une des bonnes surprises de la 72ème Mostra de Venise. Il y aura probablement d’autres prétendants au Lion d’Or plus solides, mais un double prix d’interprétation pour Juliette Binoche et Lou de Laâge ne serait pas du tout scandaleux…
L’attente jusqu’à la cérémonie de clôture risque d’être longue…