Au Danemark, dans les années 1920, Einar Wegener est un artiste-peintre réputé. Ses paysages sont très prisés et sont très fréquemment achetés par les galeries d’art. Il est marié à une autre artiste-peintre, Gerda Wegener, et semble parfaitement heureux en ménage avec elle.
Mais un jour, pour aider son épouse à terminer un portrait de femme, Einar est amené à se travestir en femme. L’expérience provoque chez lui un trouble inédit. Par jeu, mais aussi pour comprendre un peu plus ce qui a provoqué cet émoi, il se déguise en femme le temps d’une soirée et se fait passer pour Lili, la cousine d’Einar. L’expérience l’affecte encore plus qu’il ne l’aurait pensé et l’amène à s’interroger sur son identité sexuelle. Au fond de lui, il est une femme. Il le sait depuis l’enfance, mais a réprimé cela pendant des années. Maintenant, il n’est plus question pour lui de faire semblant. Il veut être considéré comme une femme, devenir Lili Elbe à temps plein.
Le problème, c’est que dans le Danemark puritain des années 1920, le travestissement est associé à l’homosexualité, et considéré comme un déviance sexuelle. On pousse Einar à consulter des médecins pour faire soigner cette maladie qui l’affecte. Mais tous ceux qu’il consulte le traitent au mieux, comme une curiosité de laboratoire, au pire comme un schizophrène bon à interner.
Seul un chirurgien un peu plus ouvert d’esprit que les autres accepte de lui venir en aide. Il est capable d’effectuer une opération permettant à un homme de se transformer définitivement en femme. Pour Einar, c’est la seule possibilité de pouvoir enfin affirmer son identité sexuelle…
The Danish girl raconte son histoire avec beaucoup de sensibilité et de pudeur.
Si on ne s’étonne plus de voir un film hollywoodien sur le sujet, la question de la transsexualité n’étant plus vraiment taboue, on quand même surpris du résultat. Cela aurait pu donner un grand mélodrame tire-larmes et/ou un film à Oscars reposant avant tout sur le cabotinage des acteurs, mais c’est au contraire un film assez sobre, épuré, porté par des performances d’acteurs d’une grande justesse.
Bon, cela reste malgré tout un film hollywoodien, c’est-à-dire hyper formaté, formellement très classique pour ne pas dire très académique. Tom Hooper n’est pas un grand cinéaste, juste un habile faiseur qui oscille entre le bon (Le Discours d’un roi) et le médiocre (Les Misérables). Ici, on est plutôt dans la première catégorie. Le film traite de son sujet avec retenue et délicatesse. Le cinéaste réussit aussi à tirer le meilleur de ses comédiens. Eddie Redmayne est impressionnant dans la peau de ce personnage tourmenté, tiraillé entre son couple et son besoin vital d’affirmer sa vraie nature. Et Alicia Vikander est très émouvante dans le rôle de son épouse, qui se sacrifie pour aider l’homme qu’elle aime à trouver le bonheur.
On préfère cette approche académique à celle tentée, sur le même sujet, par Xavier Dolan sur son Laurence anyways. Cela dit, il serait étonnant que The Danish girl figure au palmarès de cette 72ème édition de la Mostra, qui récompense d’ordinaire des œuvres plus estampillées Art & Essai…