Tourné entre "Allons z'enfants" (1981 ) et "Le Prix du danger" (1983) Yves Boisset, grand réalisateur poil à gratter de la République, adapte cette fois le roman d'espionnage "Chance Awakening" de Georges Markstein. A l'origine cela devait être réalisé par le polonais Andrzej Zulawski mais Lino Ventura refusa car il ne se sentait pas en adéquation avec son univers (?!). Par là même Ventura retrouve son dialoguiste-scénariste Michel Audiard juste après le chef d'oeuvre "Garde à Vue" (1981)... Si Audiard est très souvent gage de qualité il est malheureusement peu en verve ici puisque le film pêche justement et malheureusement par son scénario et ses dialogues. Audiard qui est depuis 1975 (décès de son fils) dans une partie de carrière plus sombre semble être complètement absent de ce film-ci.
Note :Le film démarre de telle façon qu'on ne sait franchement pas le pourquoi du comment et on ne cesse de s'interroger sur le bien fondé de l'intrigue ce qui laisse un goût amer de frustration. Découpé par acte où une voix Off nous annonce l'heure et la date de l'action on remarque surtout les faux raccords et incohérences entre l'annonce et les horaires visibles à l'écran. Sans compter que ces annonces extrêmement précises ne servent finalement pas à grand chose. Et pourtant le film finit petit à petit par devenir prenant avec un petit suspense qui s'installe, efficace qui n'est pas sans rappeler un Melville (avec une tension un cran en-dessous). Ensuite le casting fait le reste, outre Ventura toujours aussi charismatique on remarque surtout un Bruno Cremer professionnel et détaché, ainsi qu'un Michel Piccoli tout en ambiguité flegmatique. Ajouté à une musique de Ennio Morricone (qui avait déjà travaillé avec Boisset sur "L'Attentat" en 1972) le film avait tout pour séduire. Malheureusement s'il reste un film d'espionnage relativement bien fait il reste un film mineur aussi bien dans la filmo de Boisset, de Audiard ou de Ventura (qui ne tournera plus que 4 films après celui-ci). Le titre du film en allemand est "Der Maulwurt" soit "La Taupe", on pense alors et surtout à revoir le magnifique et trop méconnu "La Taupe" (2011) de Tomas Alfredson... Bref une déception au vu du potentiel.
Critiques De Films
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