Making Off ("Demain, je suis célèbre !")

Par Olivier Walmacq

genre: horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
année: 2012
durée: 1h18

l'histoire : Cédric Dupuis, rêvant de célébrité, décide de réaliser le plus grand film d'horreur de tous les temps avec ses amis, mais découvrant à ses dépends les joies d'un tournage et d'une équipe non professionnelle, il va dans un excès de colère tuer quelqu'un. Suite à ce meurtre, il se rend rapidement compte que désormais il n'a plus d'autre solution que de réaliser son propre documentaire. 

La critique :

Le genre horrifique n'a jamais été la grande spécialité du cinéma français. Pourtant, en 2003, Alexandre Aja, le fils d'Alexandre Arcady, change quelque peu la donne, avec Haute Tension, qui rencontre un succès inattendu. Quelques années plus tard, c'est au tour de Martyrs, de Pascal Laugier, de se tailler une réputation auprès des fans du cinéma trash et extrême.
D'autres longs-métrages parviennent eux aussi à susciter le scandale et la polémique. C'est par exemple le cas de A l'Intérieur, du duo Alexandre Bustillo et Julien Maury en 2007. Parallèlement, d'autres films d'horreur français déclenchent l'hilarité générale, au pire la consternation. Au hasard, nous citerons La Horde, La Meute, Promenons-nous dans les Bois ou encore Humains.

Clairement, la France n'est pas encore à la hauteur de certains concurrents européens, notamment l'Espagne et l'Allemagne. D'ailleurs, depuis quelques années, l'horreur à la française s'est peu à peu effritée, jusqu'à disparaître totalement de nos écrans, hormis quelques rares exceptions. Pourtant, le réalisateur, Cédric Dupuis, vient apporter sa modeste pierre à l'édifice, avec Making Off, sorti en 2012.
Le long-métrage n'a évidemment pas eu les honneurs d'une sortie au cinéma. Making Off constitue également le premier film de Cédric Dupuis. Nanti d'un petit budget (quelques milliers d'euros), le film s'est néanmoins taillé une certaine réputation auprès des fans du cinéma trash et extrême.

Il a même bénéficié d'une sortie vidéo en Belgique et en Suisse. Attention, SPOILERS ! Cédric Dupuis, rêvant de célébrité, décide de réaliser le plus grand film d'horreur de tous les temps avec ses amis, mais découvrant à ses dépends les joies d'un tournage et d'une équipe non professionnelle, il va dans un excès de colère tuer quelqu'un. Suite à ce meurtre, il se rend rapidement compte que désormais il n'a plus d'autre solution que de réaliser son propre documentaire.
Parmi les influences de Cédric Dupuis, le réalisateur revendique volontiers le cinéma d'horreur allemand, mais aussi des films tels que C'est Arrivé Près de Chez Vous de Rémy Belvaux.

Making Off joue sur la mode du found footage, sans pour autant sombrer dans le piège de la caricature et du long-métrage calibré et ultra formaté. En l'occurrence, Making Off ressemble à un "film dans le film". Le personnage principal se nomme lui aussi Cédric Dupuis, même s'il est interprété par Olivier Bureau. Clairement, le cinéaste sait rire de lui-même et se démarque par un humour noir, cynique, potache, grivois et égrillard. Ce qui change un peu (beaucoup) des films d'horreur français de ces dix dernières années, à quelques exceptions près. Sur ce dernier point, curieux que Making Off ne soit qu'interdit qu'aux moins de 16 ans. Clairement, l'interdiction aux moins de 18 ans n'aurait pas été usurpée !
Cédric Dupuis va très loin dans l'horreur, le gore et l'outrecuidance. Ceci dit, on ne va pas s'en plaindre...

Pour une fois que l'on tient un film gore français de cette trempe, il serait dommage de rechigner. Cédric Dupuis réalise même plusieurs séquences d'anthologie et signe plusieurs séquences assez barbares et jubilatoires. Comme l'indique le synopsis, Making Off suit la trajectoire du cinéaste amateur Cédric Dupuis, qui décide de réaliser son tout premier film, intitulé Devil Darck Week End.
Non, il n'y a pas de faute d'orthographe à "darck". Très vite, Cédric Dupuis se prend pour le nouvel Alfred Hitchcock. Présomptueux et vaniteux, le jeune homme veut clairement marquer le noble Septième Art et devenir le meilleur réalisateur de tous les temps. Pour y parvenir, le cinéaste n'hésite pas à massacrer ses propres acteurs.

Rapidement, les choses tournent au meurtre, puis au viol, jusqu'à sombrer dans la zoophilie, la nécrophilie et même la scatologie. Encore une fois, curieux que le film n'ait pas bénéficié d'une interdiction aux moins de 18 ans, tant il se montre outrancier et sombre dans la débauche, le gore et le trash. Oui, vous avez bien lu... Making Off est bien un film d'horreur extrême réalisé dans notre petit pays hexagonal !
Souvent inventif et original, le film surprend par son esprit totalement déjanté, sans jamais sombrer dans le lourdingue et les séquences redondantes. Seul petit bémol : Making Off est parfois victime de son propre concept. Heureusement, le film est de courte durée, à peine une heure et 18 minutes de bobine. Pourtant, certaines séquences trash arrivent un peu trop tôt dans le film.
C'est par exemple le cas lorsque Cédric Dupuis se découvre une passion soudaine pour la scatologie, découpant alors l'oesophage de l'une de ses victimes... Je vous laisse deviner la suite... Cette scène peu ragoûtante intervient au bout de 45 minutes de film. Par conséquent, le long-métrage ne parvient plus vraiment à choquer et à impressionner dans sa dernière demi-heure.
Mais ne soyons pas trop sévères. Pour une fois que l'on tient un film gore français ("Cocorico !") extrême et de qualité, on ne va pas se plaindre !

Note: 14.5/20

 Alice In Oliver