« All I have in this world is my balls and my word » : Tony Montana, un homme de principes

Si la Vierge avait l'enfant et Rome avait César, Miami a toujours Tony.

En effet, bien que décédé à la suite d'une tragique fusillade, il n'empêche que depuis 1983 l'âme immortelle d'Antonio Montana plane au dessus des palmiers et fait toujours autant vibrer vos lecteurs dvd (ou VHS).

Si Scarface s'est hissé sur le podium des films de gangsters (INDÉMODABLES), c'est parce qu'il a su cristalliser une époque en la rendant culte (le kitsch des années 80 reste aussi frais et authentique que dans les années 80) mais surtout car il a donné naissance à une légende : Tony Montana. L'homme qui a décidé de sortir ses mains de la merde car elles étaient faites pour l'or, celui qui a su faire de son existence un mythe grâce à ses mauvaises œuvres et à sa philosophie.

Car si, comme le veut la traduction française, son manche est de fer et sa parole d'acier, c'est parce qu'il est avant tout un homme de principes.

« All I have in this world is my balls and my word » :  Tony Montana, un homme de principes

Tony Montana, immigré cubain au visage barré d'une cicatrice, n'a pas attendu de débarquer à Miami pour briller de ses méfaits. Mais lorsque le pouvoir, l'argent et la green card sont en jeu, c'est avec toute la témérité qui l'habite qu'il se hissera au sommet, sans pour autant jamais oublier ses principes. Pour comprendre cet homme à l'égo surdimensionné et l'ambition dévorante, il est de mise de saisir que ce petit corps à la gueule cassé abrite un esprit cartésien sans failles. Si sa force et sa droiture sont uniquement au service de sa cause (et non de celle du commerce équitable comme vous vous en doutez) il est impératif de souligner qu'il est capable de tout pour y arriver, sauf de ménager la chèvre et le chou. Tuer des gens, risquer sa vie ou voir son ami se faire tronçonner dans une baignoire sont des choses tout à fait acceptables, dans la mesure où ses aventures sont les clés qui ouvrent les portes du " power " car lui, tout ce qu'il veut c'est " the world chico ". Tout travail mérite salaire. Alors forcément, pour pouvoir s'acheter un tigre et faire en sorte que the world becames yours les efforts ne peuvent être ménagés. Et ça, Tony l'a bien compris. La seule chose qui lui fait défaut, c'est sa philosophie.

« All I have in this world is my balls and my word » :  Tony Montana, un homme de principes

En effet, pour lui les choses sont très (trop) simple et se résument à: " nobody fuck me ". Assassiner, trafiquer, voler, oui ; passer sous le bureau, non ! Et voilà pourquoi on l'aime monsieur Montana. Un esprit incorruptible qui " never lies " (même quand il ment) n'obéissant qu'à ses principes no matter (vraiment) what, refusant de baisser son pantalon et de se mettre à genoux pour qu(o)iconque. La simplicité, la franchise et l'infaillibilité de sa vision s'expriment autant dans ses gestes que dans ses paroles. Par exemple, lorsqu'il tire sur quelqu'un, ce n'est pas avec une oraison funèbre qu'il accompagne le dernier soupir du mourant mais bien en lui dévoilant le fond de sa pensée, soit " die ", tout simplement et en toute honnêteté. Pour continuer dans le même esprit nous pourrions aussi citer le très efficace " hey Franck, you're a piece of shit ". Au lieu de se perdre dans les dédales de questions existentielles quant à pourquoi Franck Lopez a tenté de l'éliminer, Tony exprime très clairement ce qu'il ressent, point-barre.

Car comme qui sème le vent récolte la tempête, il l'a dit, nous l'avons redit : nobody fuck Tony, ou alors si, mais au péril de sa vie (il précise lui-même qu'il faudrait toute une armée pour l'enculer, ce qui, au vu de la fin de Scarface, est tout à fait justifié).

Maintenant que nous abordons toutes ces histoires de récoltes et de tempêtes, il est bon de préciser que même l'infaillibilité a un prix. Si le manque total de flexibilité d'esprit de Tony a fait sa gloire immortelle, elle a aussi provoqué la chute mortelle de son enveloppe corporelle. À force de prêter une oreille trop attentive à ses sentiments (et à son égo) tout en ne dérogeant jamais à ses principes, le baron de la drogue de Miami a provoqué sa propre perte. Après avoir refusé de tuer un homme car il était accompagné de ses filles et de sa femme (pour une fois que Tony était gentil) il décide néanmoins de tuer son meilleur ami Manny qui a osé tomber amoureux de sa petite sœur. Une chose en amenant une autre, c'est sans sa femme (qui l'a quitté), sans son BFF (qu'il a assassiné) et sans sa soeur (qui s'est faite assassiner) mais en compagnie de sa paranoïa et de son " little friend " quand même que Tony finit par quitter Miami pour gravir les marches de l'éternité.

Scarface a fait d'un homme une légende, certes, mais désormais vous le savez, les principes c'est bien mais c'est aussi un peu dangereux pour la santé.

L'implacabilité de Tony restera toujours dans nos cœurs mais nous espérons quand même pour vous que votre âme éternelle ne rejoindra pas la sienne au Babylon (qui est le Panthéon des bandits, oui oui), même si vous aussi vous avez des principes.

Et parce qu'un homme de principes est avant tout un hommes de paroles...

Crédit images: au-bout-du-film.fr (couverture), relevantmagazine.com, lemonde.fr