Festival du cinéma américain de Deauville 2015 – Jour 5

Par Bobby @MissBobbyD

Les jours se suivent, les films s’enchainent et les publications trainent. C’est le propre d’un festival en même temps. La fatigue se fait ressentir, l’inspiration se perd en cours de route, les stars se raréfient et là, pour le coup, ce n’est pas de ma faute. Je ne sais pas comment le Festival s’est organisé cette année, mais la semaine est plutôt plan-plan, pas de grosses personnalités qui défilent, elles sont toutes venues ce week-end. Il en restera quelques-unes pour la fin de la semaine (déjà). Je suis toujours punie et je n’ai toujours pas d’interviews (à part Almereyda hier), même pour les célébrités qui viennent juste pour les hommages et qui ne font pas de conférence. Je crois que cette édition 2015 ne m’aime pas. Tant pis, je ne l’aime pas non plus. Trois films pour ce cinquième jour, Dixieland, Tangerine et Danny Collins.

DIXIELAND

Tout ce qu’ l’Amérique a de plus beau à offrir dans un seul et même film. Une vraie carte postale ! Vous sentez mon second degré ? Bienvenus dans le Mississippi où vous pourrez trouver la crème de la crème américaine, droguée au plus profond de la cloison nasale, où la beauté se montre par de vieux tatouages verdâtres et des couronnes en or comblant quelques chicos manquants, ainsi que par un maquillage à faire pâlir Castorama. Miam. Dixieland pose son « univers » dans cette région idyllique, entre-coupant son récit par des séquences d’habitants vivant là-bas – en tout cas, cela ajoutait de l’authenticité et donnait l’impression que ce n’était pas des acteurs. Tout ça pour montrer que le Mississippi, c’est moche et qu’il y a de grosses probabilités pour finir mort d’une overdose ou, si vous avez de la chance, avoir une carrière prolifique dans la drogue ou le strip-tease (selon si vous êtes un homme ou une femme ou les deux). Entre ces interludes, il y a bien un scénario, d’un mec qui sort de prison et qui rencontre une nana, dont la mère est mourante, qui va se mettre à se désaper pour payer les factures. Vous avez dit original ?! Lui ne souhaite pas retomber dans ses magouilles et aimer sa belle jusqu’à la fin de leurs jours (au bout de deux jours, ils se disent »je t’aime », fort), malheureusement, lui étant un bad boy, il attire les ennuis tel un aimant. Rien de passionnant avec ce Dixieland, photo d’une Amérique profonde biberonnée à la drogue, où ne se dégage ni intérêt, ni émotions. Vite oublié.

TANGERINE

Ou le film qui donne mal à la tête. Attendu à cause de sa réalisation entièrement en iPhone 5S, Tangerine relate une soirée dans la vie de deux transsexuelles. C’en est épuisant. Filmé avec un iPhone ne veut pas dire qu’il faut faire l’impasse sur le scénario ou sur la réalisation. Le premier tient sur un post-it, avec des dialogues ultra redondants, si on n’a pas compris que Sin-Dee cherchait Chester et sa morue blanche, c’est que vraiment on est sourds ! En gros, Tangerine nous fait suivre la furie Sin-Dee qui marche et qui crie comme une dératée. Et des « bitch » ceci et des « bitch » cela, bitch, bitch, bitch… STOP ! Le compte est bon. Merci. Une image constamment filtrée qu’on en dirait un compte Instagram, des acteurs qui en font des palettes entières de caisses, une caméra qui bouge sans arrêt, entre le champ – contre-champ surexploité, l’accélération des mouvements, le suivi beaucoup trop rapide des acteurs en mouvement et une musique qui donne la gueule de bois, Tangerine m’a fatiguée.

DANNY COLLINS

Deuxième coup de cœur de ce festival (toujours hors compétition) et nouveau film de Al Pacino (qui s’enchainait quelques bouses récemment). Danny Collins relate une vieille rock star, qui continue de faire des tournées pour chanter ses grands classiques aux fans qui ont autant vieilli que lui et qui, par un curieux cadeau – une lettre que John Lennon lui avait écrit 30 ans auparavant, dont il ne connaissait pas l’existence –  se retrouve à reprendre sa vie et sa carrière en mains ainsi qu’à reprendre contact avec sa famille. Une vraie bouffée d’air frais dans ce festival placé sous les signes de la solitude, de la drogue et des histoires tristes. Pacino y est simple et hilarant, tous comme les autres acteurs (Jennifer Garner, Bobby Cannavale, Annette Bening, Christopher Plummer et l’excellente toute jeune actrice, Giselle Eisenberg). Danny Collins ne tombe jamais dans le convenu, ni les clichés ou le surjeu. Un film qui plaira au plus grand nombre, qui donnera un coup de fouet à votre moral, vous fera passer un très bon moment. Et puis bon, Pacino dans ce genre de rôle, charmeur, drôle, vivace, on en redemande !