Dracula, Prince des Ténèbres (Dracula ne meurt jamais)

Par Olivier Walmacq

genre: horreur, épouvante 
année: 1965
durée: 1h26

l'histoire : Malgré les nombreuses légendes circulant sur les vampires dans la région, deux couples partent en voyage dans les Carpates. La nuit tombée, ils n'ont d'autre choix que de faire une halte. Par chance ils trouvent refuge dans un imposant château où un étrange domestique les accueille. Au cours de la nuit, l'un des voyageurs est retrouvé égorgé. 

La critique :

Terence Fisher reste avant tout célèbre pour avoir réalisé de nombreux films d'épouvante pour le compte de la Hammer. Sa collaboration avec la firme commence en 1957 avec Frankenstein s'est échappé. Par la suite, Terence Fisher signe de nombreux classiques de la Hammer, notamment Le Chien des Baskerville, La Malédiction du Pharaon, ou encore La Nuit du Loup-Garou.
En 1965, Dracula, Prince des Ténèbres est le troisième film de la Hammer sur le célèbre comte maléfique et vampirique. Le long-métrage est aussi le second volet d'une trilogie. Il est précédé du film Les Maîtresses de Dracula et suivi de Dracula et les Femmes.

Au niveau de la distribution, Dracula, Prince des Ténèbres réunit le regretté Christopher Lee (décédé cette année à l'âge de 93 ans), Barbara Shelley, Andrew Keir, Francis Matthews, Jack Lambert et Walter Brown. A l'instar de Terence Fisher, Christopher Lee fait lui aussi partie des acteurs fétiches de la Hammer. Grâce à la firme, l'acteur connaît désormais la gloire et la célébrité.
Christopher Lee est devenu un habitué des rôles de "bad guy" au cinéma. Ce n'est pas la première fois qu'il interprète le comte Dracula à l'écran. En effet, en 1958, suite au Cauchemar de Dracula, Christopher Lee appartient désormais à la catégorie des acteurs notoires et même populaires.

Le premier volet a connu un immense succès auprès du public. Les fans attendent impatiemment la suite depuis plusieurs années. En l'occurrence, Dracula, Prince des Ténèbres est réalisé sept ans plus tard. Certes, Christopher Lee est devenu entre temps une vedette et commence à se lasser de ses rôles de vampire au cinéma. Néanmoins, reconnaissant et magnanime, l'acteur accepte de tourner à nouveau sous la direction de Terence Fisher. Attention, SPOILERS ! 
Malgré les nombreuses légendes circulant sur les vampires dans la région, deux couples partent en voyage dans les Carpates. La nuit tombée, ils n'ont d'autre choix que de faire une halte. Par chance ils trouvent refuge dans un imposant château où un étrange domestique les accueille.

Au cours de la nuit, l'un des voyageurs est retrouvé égorgé. Tout comme Max Schreck en son temps, dans le film Nosferatu le Vampire (Friedrich Wilhelm Murnau, 1922), Christopher Lee ne dégoise pas le moindre mot dans le long-métrage de Terence Fisher. Cette absence de dialogues fait l'objet de nombreuses rumeurs. Certains fans pensent que c'est Christopher Lee qui aurait décidé de censurer les dialogues en raison de leur caractère grostesque. D'autres pensent que l'acteur aurait coûté trop cher s'il avait dû parler à l'écran. C'est l'hypothèse la plus probable.
Mais elle ne sera jamais confirmée par les producteurs. Etrangement, Dracula, Prince des Ténèbres est souvent considéré comme l'un des meilleurs "Dracula" de la Hammer.

Certes, dans l'ensemble, le long-métrage se révèle plutôt satisfaisant. Paradoxalement, je le considère comme l'un des épisodes les plus faibles produits par la firme britannique. En outre, Terence Fisher tente de réitérer la même performance que dans Le Cauchemar de Dracula. Le réalisateur tente également de ressusciter le mythe et cette figure symbolique, synonyme de sang, de terreur, de mort et presque de fin du monde... Un peu à la manière de Friedrich Murnau dans Nosferatu le Vampire.
Ici, point de Peter Cushing à l'écran, un autre acteur emblématique de la Hammer, capable de tenir la dragée haute à l'immense (encore une fois...) Christopher Lee. 
Sur le fond comme sur la forme, Dracula, Prince des Ténèbres suit un cheminement classique, un brin trop conventionnel pour susciter totalement l'adhésion.

En vérité, le film n'apporte pas grand-chose de nouveau par rapport à ses prédécesseurs. Il n'est finalement qu'une relecture assez soignée du Cauchemar de Dracula et du chef d'oeuvre de Friedrich Murnau. La première partie du film se contente d'exposer assez longuement la situation et ses divers protagonistes. Pour le spectateur, il faudra donc s'armer de patience avant de voir Dracula débarquer à l'écran. En réalité, les divers personnages ne présentent qu'un intérêt assez relatif.
Seule Barbara Shelley, dans le rôle d'Helen Kent, tire son épingle du jeu. Mordue par le vampire, la jeune femme se transforme elle aussi en créature démoniaque et hystérique. Mais Terence Fisher confère à ce personnage un statut assez particulier. La jeune femme n'apparaît pas vraiment comme un vampire, mais plutôt comme une sorcière maléfique qu'il faut anéantir, brûler et détruire.
Ensuite, Barbara Shelley apporte une petite touche d'érotisme et de sensualité dans le film. 
Toutefois, malgré quelques bonnes idées, Dracula, Prince des Ténèbres ne parvient jamais (ou rarement) à passionner sur la durée. Certes, on reconnaît tout de suite le style un peu clinquant, baroque et funèbre de Terence Fisher, qui réalise un film d'épouvante de qualité.
Mais encore une fois, le film reste un peu trop classique pour réellement surprendre et se démarquer de la concurrence.

Note: 12.5/20

 Alice In Oliver