Le biopic est un genre qu'affectionne beaucoup Hollywood, et dont les œuvres ont depuis quelques années trusté les Oscars, notamment en récompensant leurs acteurs principaux. Eddie Redmayne en Stephen Hawking, Daniel Day-Lewis en Abraham Lincoln, Sean Penn en Harvey Milk, Jamie Foxx en Ray Charles .. Raconter la vie hors normes de personnes ayant réellement existé ajoute un petit plus à des scénarios qui se résument souvent à mettre de mots et des images sur une réalité, au même titre que la mention " tiré d'une histoire vraie " (pour des œuvres qui ne le sont parfois que de très loin). Dans ce genre, le biopic musical tient une place à part : James Brown l'an dernier, Ray Charles donc, ou encore Johnny Cash , beaucoup rencontrent un succès public ou critique. A ce titre, 8 mile marquait l'une des premières incursions réussie d'Hollywood dans le biopic de rap. S'attaquer à la génèse de N.W.A., le premier groupe de gangsta rap de la côte Ouest des États-Unis, où ont débuté Dr. Dre et Ice Cube, produit et co-écrit par ce dernier, approuvé par le premier, flaire le bon coup marketing. Sexe, drogue, guerre des gangs, rap, tous les ingrédients sont à priori là pour attirer le grand public. Pourtant, le projet a été compliqué et long à monter. Il faudra toute la patience d' Ice Cube, très vite accompagné de son collaborateur de longue date, F. Gary Gray (réalisateur sans surprise, entre autre, de Négociateur ou de Braquage à l'Italienne ), pour écrire un scénario d'autant plus solide que le rappeur était au cœur des évènements. Ce serait pourtant une grande erreur que de cantonner Straight Outta Compton à une œuvre uniquement mercantile : le film est dense, prenant, et raconte toute un pan de l'histoire de la musique (et de l'Amérique) que l'on aurait tort de sous-estimer tant son influence sur la culture d' est importante. Produit pour un ridicule 28 millions de dollars, Straight Outta Compton en a déjà rapporté 150 rien qu'aux États-Unis, une suite lui est d'ores et déjà prévue, de nombreux projets de biopic autour du rap on été lancés suite à son succès, et on parle déjà du film comme d'un concurrent sérieux pour les Oscars.
Ce triomphe est-il justifié ? Largement. Car Straight Outta Compton parvient, sur 2h30 qui passent en un instant, à combiner le parcours hors-normes de trois individus ( Dr. Dre, Ice Cube, et Eazy-E, le leader charismatique du groupe), décrire le milieu impitoyable de l'industrie musicale en générale, et les débuts violents du gangsta rap en particulier, et lier le tout avec des problématiques de société qui font forcément échos avec l'actualité de 2015 (la place de la population noire aux États-Unis, notamment dans son rapport avec la police, débat tristement relancé avec les affaires de Ferguson, Trayvon Martin et autres). F. Gary Gray signe-là l'évident meilleur film de sa carrière, en trouvant un équilibre entre ses personnages et les thèmes qu'il aborde sur lequel de nombreux réalisateurs auraient pu se casser les dents. A n'en pas douter, le fait qu'il côtoie le milieu depuis plus de 20 ans (il a réalisé certains des clips d' Ice Cube, Dr. Dre, Outkast ou encore Cypress Hill) et surtout qu'il soit lui-même originaire des quartiers chauds de Los Angeles ont fait de lui le réalisateur idéal pour ce projet.
Il peut surtout s'appuyer sur un trio d'acteurs exceptionnel. Corey Hawkins ( O'Shea Jackson Jr ( Ice-Cube) sont tout bonnement parfaits dans leurs rôles respectifs. Et le défi n'était pas simple : Dr. Dre est toujours en activité, et bénéficie d'une aura exceptionnelle dont Hawkins a dû se libérer ; Tomica Woods-Wright, l'épouse d' Eazy-E, décédé du Sida en 1995, défend scrupuleusement la mémoire du chanteur et a dû donner son feu vert pour le choix de l'acteur l'interprètant ; et O'Shea Jackson Jr n'est autre que le fils d' Ice Cube dans la vraie vie (s'il lui ressemble comme deux gouttes d'eau, pas facile d'interpréter son père au cinéma). On espère revoir très vite ces trois acteurs qui donnent puissance et réalisme à des personnages autour desquels les fantasmes sont nombreux, notamment parce que l'une des caractéristiques du gangsta rap est justement de montrer les artistes sous le prisme du " money-bitches-bling bling ". A ce titre, Straight Outta Compton surprend, en montrant le rap sous un jour bien plus adulte que ce à quoi on aurait pu s'attendre. Certes, on y voit les backstages de la tournée de N.W.A en 1989, avec son lot de groupies et de flingues (mais quel groupe de musique n'a pas le même quotidien ?). Mais le film reste plutôt sage, n'en montrant pas trop. C'est d'ailleurs une critique qui pourrait lui être adressé : de laisser de côté certains aspects importants de cette histoire, comme les agressions de Dr. Dre envers des femmes journalistes, ou la guerre chaude entre le rap de la côte Est et de la côte Ouest (dont, plus tard, Tupac et The Notorious B.I.G seront les victimes les plus emblématiques). Mais au final, qu'importe : le film vaut très largement d'être vu, et il ne s'est jamais prétendu être un document historique sur le courant musical dans son ensemble. Straight Outta Compton est un film fort, excellemment interprété, qui transportera le spectateur, que celui-ci soit fan de rap ou non. A voir absolument. Dr. Dre ), Jason Mitchell(Eazy-E) et
Titre Original: STRAIGHT OUTTA COMPTON
Réalisé par: F. Gary Gray
Casting: O'Shea Jackson Jr., Corey Hawkins, Jason Mitchell,
Neil Brown Jr.,Aldis Hodge, Marlon Yates Jr. ...
Genre: Biopic, Musical, Drame
Sortie le: 16 septembre 2015
Distribué par: Universal Pictures International France
Catégories : Critiques Cinéma
Tagged as: Aldis Hodge, Corey Hawkins, Dr. Dre, Eazy-E, F. Gary Gray, ice cube, Jason Mitchell, Marlon Yates Jr., N.W.A Straight Outta Compton, N.W.A Straight Outta Compton CRITIQUE, Neil Brown Jr., O'Shea Jackson Jr