Le 41e Festival bat son plein avec une belle programmation et on peut déjà raconter un peu ce que l’on a vu le premier weekend qui était déjà bien rempli avec ce qu’il faut de bons films et de stars.
Avec un hommage à Keanu Reeves et Orlando Bloom, un portrait de star montante pour Robert Pattinson et les venues d’Alison Brie ou Michael Shannon, les stars ont déjà commencé à fouler le tapis rouge et les planches de Deauville le weekend depuis 4 septembre, toujours au plus près du public. Mais cela ne serait rien sans les films en compétition ou en avant-première qu’on a déjà pu découvrir, de Cop Car à Life en passant par les 2 nouveaux Eli Roth.
Premier film présenté en compétition, 99 Homes nous emmènes sur les traces de Michael Shannon en homme d’affaire véreux, n’hésitant pas à manigancer des expulsion pour faire grandir son marché immobilier. Il va prendre sous son aile un jeune père qu’il vient justement de dégager. Avec une histoire au discours social intéressant et surtout les performances de 2 acteurs habités (Shannon et son regard fou mais aussi Andrew Garfield qui nous rappelle pourquoi cela fait un moment qu’on le suit) le film se regarde avec un véritable intérêt malgré sa trajectoire prévisible.
L’un des événements de ce début de Festival est aussi la présentation du nouveau film d’Anton Corbijn, Life qui s’intéresse à James Dean avant qu’il ne soit connu, à travers les yeux d’un photographe qui cherche à faire ses preuves. Un sujet que l’on imagine forcément personnel pour le réalisateur, ex-photographe de star, qui y trouve bien le moyen d’y raconter certaines expériences vécues. Mais c’est aussi intéressant d’y redécouvrir un James Dean (dont Dane Dehaan retranscrit bien le côté anti-star) aux prémices du mythe d’Hollywood qu’il sera. Un biopic qui prend son temps pour raconter une période anecdotique qui n’en a pourtant pas l’air, avec évidemment une réalisation de grande classe qui donne bien envie de revoir les 3 films du rebelle sans cause.
Le samedi était aussi marqué par l’arrivée du pote trash de Tarantino, Eli Roth, et de sa femme/actrice fétiche, Lorenza Izzo, devenus présenter tout d’abord le tout nouveau film du réalisateur, Knock Knock. Keanu Reeves y campe un père de famille parfait qui apporte son aide à deux jolies inconnues. Mais la soirée va vite déraper car les ingénues ne sont pas vraiment ce qu’elles semblent être et vont lui faire passer le pire moment de sa vie. Roth orchestre ici un petit huis clos gentiment trash et sexy d’une belle efficacité et avec tout ce qu’il faut de second degré pour passer un bon moment au détriment des tortures subies par l’ancien Neo.
L’autre film que présentait Eli Roth était déjà en boîte depuis quelques années et peine à se rendre visible. The Green Inferno souffre évidemment de la comparaison avec son modèle Cannibal Holocaust puisque nous sommes les témoins de ce qu’il va arriver à une troupe d’activistes capturés par une tribu amazonienne cannibale. Naviguant entre horreur gore et quatrième degré avec des situations trop appuyées, des comédiens souvent mauvais, une réalisation et des cgi dignes d’une production Azylum, on sauvera heureusement les effets gores réaliste de Greg Nicotero (maquilleur de talent qui officie superbement sur Walking Dead). A cause de ses défauts et son manque de réalisme, le film désamorce l’effet choc recherché. Ainsi, si les spectateurs sensibles risquent de tourner de l’oeil au premier meurtre bien gore, les amateurs du genre seront déçus par la réputation sulfureuse du film qui n’égale même pas le trash d’un épisode de Walking Dead.
Seconde journée avec un film en compétition, I Smile back qui marquera surtout notre sommeil. Partant avec un personnage d’emblée antipathique, le film sera laborieux pendant toute son heure et demi. Ce qui aurait pu être la descente aux enfers d’une mère dépressive devient malheureusement un long calvaire du spectateur pour voir ce personnage se vautrer dans une situation inextricable et devant accepter son triste sort. Un film qui en bouleversera surement certains tant le portrait est sans concession, mais risque d’en laisser bien d’autres de côté.
L’autre film en compétition de la journée a déjà fait parler de lui à Sundance, et encore plus depuis que son réalisateur a été propulsé derrière la caméra du prochain film Spider-Man. Avec Cop Car, Jon Watts nous offre un film étrange et rempli de bonnes intentions. On y suit deux gamins qui volent une voiture de police. Son propriétaire part donc à leur poursuite et tout se finira au bord de la route. Convoquant autant la vision de Spielberg sur l’enfance et sur les véhicules (comme mélangeant les gamins de l’ambilinien Stand By Me dans le film Duel) que l’absurde et le désert de Quentin Dupieux avec un Kevin Bacon cinglé, le réalisateur nous offre un film original, personnel, étonnant, rempli de choses intéressantes dans ses thèmes et sa réalisation. Il est alors juste dommage que ça n’aboutisse à pas grand chose.
Attendu en avant première, le nouveau film d’Edward Zwick (le Dernier Samourai), revient sur la carrière du champion d’échecs Bobby Fischer en pleine Guerre Froide. Le réalisateur garde ici un style subtile et académique pour nous plonger dans cette période de trouble opposant les USA et l’URSS sur un échiquier. La métaphore est forte mais manque tout de même sérieusement de rythme pour nous tenir éveillé, d’autant plus que Tobey Maguire est d’emblée présenté comme quelqu’un de très antipathique qui ne va rien faire pour obtenir l’intérêt du spectateur. Dommage, ça aurait pu être passionnant si l’on nous laissait un peu plus participer au jeu en jouant plus souvent la carte du thriller politico-paranoïaque.
Le weekend s’achèvera sur une note plus heureuse avec la comédie romantique Jamais entre Amis avec Alison Brie (échappée de Community pour aller fouler les planches) et Jason Sudeikis. Avec ce qu’il faut d’humour américain un peu lourd et de bons sentiments, le film se laisse regarder, en particulier grâce à son actrice pétillante et son comédien qui échappe à ses défauts pour devenir attachant. Avec plein de vues de New-York qui raviront les amateurs de la ville, on suivra l’histoire d’un œil distrait mais bienveillant, nous amusant le temps de cette petite aventure amoureuse qui sera ensuite vite oubliée.