Mais contrairement à eux, personne ne semble se soucier du temps qui passe…
Projeté en compétition officielle au dernier Festival de Cannes, Youth, bien que reparti bredouille, a su charmer les festivaliers par bien des aspects : son caractère doux-amer, son esthétique lumineuse, sa fausse indolence dissimulant bien des tourments, son duo d’acteurs aussi génial qu’inattendu, ou encore cette espèce de tristesse rieuse qui émane de la réflexion tendre et désabusée des protagonistes sur le temps qui passe.
Michael Caine et Harvey Keitel prennent un malin plaisir à se donner la réplique, colorant leur jeu au gré de leurs humeurs, tantôt espiègles, tantôt goguenards. Voici les complices plongés dans leurs souvenirs, dressant un bilan en demi-teinte, évoquant l’amour, l’amitié, la mort, la jeunesse, la beauté, l’art… avec une philosophie malicieuse communicative.
Paolo Sorrentino prend le temps de dérouler son histoire, où l’inaction semble inviter à la contemplation, de croquer ses personnages d’un coup de crayon aiguisé, de sublimer ses images par une mise en scène solaire et poétique. Il émane de Youth une ambiance désinvolte teintée de mélancolie qui n’est pas sans rappeler ce même spleen introspectif qui se dégageait de La Grande Belleza.
Charmant et acerbe, Youth résonne comme une invitation à se plonger, le temps d’un instant, dans une délicieuse torpeur.
Sortie le 9 septembre 2015.