SYNOPSIS: Adama est un adolescent de 14 ans. Il vit avec sa mère dans un petit deux-pièces en banlieue parisienne. Il est en échec scolaire même si c'est un élève prometteur. Avec Mamadou, plus jeune que lui, ils vont inverser le cours de leurs vies.
Un adolescent dans un quartier urbain, des dealers, des profs, des parents en difficulté, le premier film de fiction de Mathieu Vadepied partait pour être un film social à la française. C'est oublier que le "jeune" réalisateur a été le directeur photo de Sur mes lèvres de Jacques Audiard et également celui d' Intouchables d' Eric Toledano et d' Olivier Nakache. Le projet de La vie en grand est d'ailleurs né au moment du tournage d' Intouchables. Mathieu Vadepied avait en effet très envie de raconter plus en détails la vie du frère du personnage d' Omar Sy. Et ce n'est donc pas un hasard de retrouver Oliver Nakache et Eric Toledano en producteurs de ce film. Le travail de producteur nous expliquera Olivier Nakache était surtout un travail de collaboration pour mener le projet de Mathieu Vadepied à bien. Ce dernier insiste pour ne pas en faire un film social ou politique bien au contraire Paradoxe au moment où Les Cahiers du Cinéma titrent sur le vide politique du cinéma français, le réalisateur arrive malgré tout à nous parler de la société et donc de politique mais sans jamais perdre son histoire de vue. Tourné en 7 semaines, presque en lumière naturelle et à 2 caméras, le dispositif se devait d'être léger pour travailler au mieux dans les lieux choisis et avec de jeunes acteurs non professionnels.
Et cela n'empêche pas La vie en grand d'être beau. Des couleurs ternes de la journée aux lumières profondes et artificielles de la nuit, la lumière accompagne l'histoire tout comme une réalisation qui ne lâche presque pas le point de vue de son personnage principal, un adolescent à peine sorti de l'enfance qui doit se confronter au monde autour de lui et à ses rêves. Mathieu Vadepied filme la cité sans la magnifier ni la rendre plus laide. Nous la voyons comme la voit Adama son héros : un foyer le plus souvent et parfois un cul de sac à sa vie. Une image travaillée appuyée par une musique très sensorielle. Il a fallu pas moins de 6 mois de travail sur la musique avant que le réalisateur ne trouve son bonheur. Le film repose en grande partie sur son acteur principal, issu d'un casting de 1500 collégiens. Balamine Guirassy apporte une fraicheur mais aussi un dureté qui colle parfaitement à l'histoire d' Adama. Mathieu Vadepied a d'ailleurs expliqué la difficulté a trouver un ado qui puisse tenir jusqu'au bout et la volonté de trouver un non professionnel qui ne chercherait pas à "plaire" à la caméra mais à trouver une vérité essentielle au film et à l'histoire. Loin d'être seul, tous les rôles autour de lui sont aussi pertinents et évitent systématiquement la facilité du cliché. Entre sa mère débordée par l'éducation et le rapport à sa culture d'origine, son meilleur copain à la gouaille irrésistible et un professeur positif, tous ont leur place autour d' Adama.
Mathieu Vadepied tenait à raconter une histoire d'adolescence, l'âge ou l'on se découvre et où l'on se forge sa personnalité. C'est aussi un âge ou les émotions se télescopent et c'est aussi ce qu'à voulu retranscrire le réalisateur en n'hésitant pas à mélanger la poésie, la comédie ou des moments plus difficiles. Jamais dans un seul sillon, le scénario est riche de sensations et de tons différents. Alors oui, quelque part La vie en grand est un film politique. Qui pose la question du délitement de la société, de l'attrait de l'argent facile, du système éducatif et de l'accès à la culture mais tous ces sujets aussi pertinents soient- ils ne sont que des péripéties dans le parcours de ce jeune garçon et sa découverte d'une vie compliquée mais jamais dénuée d'espoir. La vie en grand rassure sur la capacité des cinéastes français a parler d'une réalité sans pour autant tomber dans le misérabilisme ou la leçon d'éducation civique.
Réalisé par: Mathieu Vadepied
Catégories : Critiques Cinéma