[CRITIQUE] : The Program

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Stephen Frears
Acteurs : Ben Foster, Chris O'Dowd, Guillaume Canet, Jesse Plemons, Lee Pace, Dustin Hoffman,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Britannique, Français.
Durée : 1h43min.
Synopsis :
Découvrez toute la vérité sur le plus grand scandale de l’Histoire du sport : le démantèlement du programme de dopage qui a fait de Lance Armstrong une légende. De la gloire à l'humiliation, The Program retrace le parcours de la star du Tour de France. Véritable thriller, le film nous plonge au cœur de la folle enquête qui a conduit à sa chute.

Critique :
#TheProgram est un biopic racé et intelligent sur une figure controversée, un bijou de complexité nerveux et sans concession @STUDIOCANAL— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) September 16, 2015

On le sait, si le pays de l'Oncle Sam adore voir ses héros triompher, il a une passion encore plus dévorante pour scruter leur chute.
Le cas Lance Armstrong est un cas d'école en la matière, symbole de la détermination et du courage qui deviendra peu à peu le champion à abattre, légitimement pour le coup puisqu'il aura battit son empire sur le mensonge et le dopage.
Un destin follement cinégénique donc, a tel point que depuis 2013 (l'annonce officielle de son dopage) Hollywood s'était mis en tête de compter son périple sur grand écran à coups de productions diverses.

Si l'on se demande encore si celles portées par J.J. Abrams (biopic inspiré du livre « Cycle of Lies : The Fall of Lance Armstrong » écrit par la journaliste du New York Times Juliet Marcur) et Jay Roach (produit par la Warner et scénarisé Scott Z. " Contagion " Burns) sont encore d'actualité, le biopic du génial Stephen Frears lui, l'est définitivement puisqu'il débarque dans nos salles obscures hexagonales ces jours-ci, précédé d'une attente des plus importante suite à son excellente et alléchante campagne promotionnelle.
Coutumier des biopics (les excellents The Queen, The Deal et le téléfilm HBO Muhammad Ali's Greatest Fight) et des figures féminines (Tamara Drewe ou encore le très beau Philomena sortie l'an dernier), le cinéaste anglais s'attaque donc à la figure la plus controversée du cyclisme mondial de ses vingt dernières années avec l'appui musclé du génial John Hodge au scénario (auteur de la plupart des meilleures péloches de Danny Boyle, dont le dernier et sublime Trance), et un casting indécent de talent devant la caméra (Ben Foster, Chris O'Dowd, Guillaume Canet, Jesse Plemons, Dustin Hoffman et Lee Pace).
The Program s'échine à dévoiler les coulisses d'une discipline rarement retranscrite sur grand écran tout autant qu'à décortiquer les coulisses de l'un des plus grands scandales de l'histoire du sport par le prisme du destin hors norme d'Armstrong et celui plus terre-à-terre du journaliste David Walsh (dont le livre inspire le métrage).

Pur Rise & Fall romancé et ciblé qui axe son cadre sur vingt ans, de 1993 aux débuts de l'inexpérimenté coureur jusqu'à l'année 2013 et l'aveu de son sophistiqué mensonge chez Oprah, le film de Frears dépeint sans la moindre concession et avec intelligence la personnalité trouble et fascinante d'Armstrong, tout en nous installant confortablement en tant que spectateur privilégié de cet opéra fantstique échappant peu à peu aux mains de son chef d'orchestre.
Un chef d'orchestre aux sales allures de véritable salaud/machine à gagner dont la maladie incarnera une première victoire sur la vie qui allait évidemment en appeler une pléthore d'autres par la suite, le bonhomme profitant de ce nouveau départ pour définitivement s'offrir un nouveau destin, personnel (même si se vie intime est survolée à l'écran) et professionnel; bien aidé par le docteur Ferrari et son programme expérimental.
Passionnant, jamais moralisateur et encore moins accusateur, la péloche fait revivre l'histoire dans la roue du septuple vainqueur du Tour de France et ne cache pas ses intentions de montrer le cycliste tel qu'il est réellement, un battant devenu peu à peu un arriviste pathétique, frustré et colérique capable de toutes les duperies possible pour conserver sa gloire et masquer son entreprise de dopage et de pourrissement d'un sport déjà gangrené jusqu'à la moelle par la tricherie.

Sorte de thriller cynique façon jeu du chat et de la souris quasi-documentaire entre le Lance et sa foule de détracteur - Walsh en tête - cherchant à le faire tomber, mâtiné d'espionnage (les habitudes complexes pour échapper aux contrôles anti-dopage) et de critique médiatique (pas de place au doute, tout le monde voulait voir Armstrong comme un héros des temps modernes), la bande est avant tout et surtout l'outil parfait pour une pluie d'outsiders du cinéma ricain, de dévoiler toute l'étendue de leur immense talent.
Ben Foster en tête, impeccable et impliqué (sa ressemblance avec Armstrong est saisissante), transpire la justesse sur tous les plans et porte (très) clairement le film sur ses larges épaules, bien aidé dans sa partition par les compositions remarquables de Jesse Plemons (parfait en Floyd Landis, coéquipier à fleur de peau d'Armstrong) et Chris O'Dowd (excellent en David Walsh).
En revanche, l'excentricité et le ridicule forcé de la performance de Guillaume Canet en Doc Ferrari, déçoit plus qu'elle ne convainc.

Un brin trop court (une bonne demie heure en plus histoire de mieux développer certains faits n'aurait pas été du luxe) mais porté par une mise en scène intime à laquelle s'ajoute un montage nerveux, The Program est un biopic ciblé racé et intelligent sur une figure controversée et tout le cirque médiatique ayant facilité sa légende, l’avènement puis de l’effondrement d'une icône sans pareil dominant un monde peuplé de cyniques et de naïfs, de menteurs et de victimes.
Bref, ni plus ni moins qu'un sommet de complexité tendu et sans concession qui incarne décemment une nouvelle belle ligne au sein de la filmographie florissante du sieur Frears.
L'un des (grands) immanquable de cette rentrée ciné 2015.
Jonathan Chevrier