Après la "petite" comédie "Love et autres drogues" (2013) Edward Zwick revient à ce qu'il sait faire de mieux, à savoir les films historiques. Rappelons-nous entre autres "Glory" (1989), "Le Dernier Samourai" (2003) ou "Les Insurgés" (2008). Cette fois il signe un film qu'on pourrait dire à la fois biopic et film historique pur puisque si Bobby Fischer est au centre et le sujet du film le scénario se focalise essentiellement sur le "combat du siècle" entre Fischer et Boris Spassky, l'un et l'autre représentant symboliquement les deux blocs de la Guerre Froide. Les échecs sont à l'instar de la boxe un sport particulièrement présent au cinéma, l'un et l'autre forment un parallèle d'ailleurs très intéressant. On pourrait d'ailleurs en faire un dossier...
Depuis "La Fièvre des échecs" (1925) de Vsevolod Pudovkin, en passant par Joe Frazier VS Mohamed Ali en 1971 !... Edward Zwick est un passionné d'échecs, il n'est donc pas étonnant qu'il se soit intéressé à ce match historique dans tous les sens du terme. Outre le contexte historique forcément intéressant, le personnage même de Bobby Fischer ajoute un paramètre non négligeable, lorsque le génie mène à la folie. On pense entre autre à "Un Homme d'exception" (2001) de Ron Howard. Le film mène donc deux sujets, une vie qui mène du génie à la folie dans l'écrin terrifiant de la Guerre Froide. Bobby Fischer est incarné par Tobey Maguire qui offre une performance sublime, sans doute un de ses meilleurs rôles avec "Brothers" (2009) de Jim Sheridan. Son adversaire Boris Spassky est interprété par Liev Shreiber, magnifique mais au rôle pas assez étoffé. Du point de vue biopic le film est fidèle et assez méticuleux, le destin incroyable et tragique de Fischer est parfaitement géré et intégré au scénario. Par contre, on a bien du mal à avoir de l'empathie pour les personnages, même sans folie Bobby Fischer est d'une arrogance inouïe tandis que Spassky est malheureusement un peu trop délaissé dans sa caricature du soviétique impassible et droit comme un i. Le réalisateur signe pourtant un film sur un match et ses coulisses qui en font un thriller psychologique prenant et fascinant. Le titre annonce un biopic pur, le titre original est plus honnête , "Le Joueur d'échecs" (1938) de Jean Dréville et "Le Septième Sceau" (1957) de Ingrid Bergman le cinéma d'échec fait écho à la boxe, l'esprit contre la force. D'ailleurs le match de championnat du monde de 1972 au centre de ce film est qualifié de "Match du siècle", comme le match mythique des boxeurs "Pawn Sacrifice" fait référence à un coup d'échec qui consiste à sacrifier un pion pour gagner...
Critiques De Films
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