Après "Les Chevaux de dieu" (2012) le réalisateur franco-marocain délaisse son thème de prédilection (les enfants notamment avec "Ali Zaoua, prince des rues" en 2000) pour une plongée dans le quotidien de prostituées dans la ville de Marrakech au Maroc... On se doute évidemment qu'un tel sujet n'a pas manqué de faire des vagues. Malgré sa présentation à la Quinzaine des Réalisateurs au dernier festival de Cannes, le film a été censuré au Maroc et le réalisateur ainsi que son actrice principale ont été menacés de mort !... Oui montrer des péripatéticiennes de cette façon ne pouvait que faire réagir. Le réalisateur présente son film notamment de cette façon : "Les habitudes, la contrainte et l'hypocrisie sociale font que, lorsqu'on est en situation d'aimer, on nous refuse l'espace nécessaire pour apprendre. Car aimer s'apprend, c'est un sentiment qui doit être encouragé, pas contredit... La femme se retrouve alors considérée comme un ventre, une personne qui est là pour s'occuper des hommes et élever des enfants, mais pas comme une compagne."...
Note :Le réalisateur a enquêté longuement, rencontré des prostituées pour écrire un scénario qui tienne la route. Et surtout, il a trouvé des actrices amatrices absolument superbes et courageuses pour interpréter le plus vieux métier du monde dans un récit pas simple. Car si l'audace du réalisateur est louable le soucis du film réside dans ce film ténu qu'il passe et repasse de chaque côté. On ne doute pas qu'il ait voulu rendre un certain hommage à ses femmes prisonnières de leur situation mais dans un même temps, il y a de nombreuses maladresses sur des scènes pas toujours bienvenues. On est toujours partagé dans le propos du réalisateur qui veut montrer des femmes fortes et "maitresse de leur destin", qui tiennent même les hommes sous leur coupe, tout un symbole de liberté... Mais finalement, elles sont surtout esclaves en premier lieu de l'argent. L'avilissement est bien là, mais jamais on ne voit ces femmes se rebeller vraiment et/ou souffrir psychologiquement... Ce petit manque d'émotion palpable rend le film pas toujours clair dans sa morale. On pense aux scènes où elles obéissent au doigt et à l'oeil à des jeux de rôles particulièrement dégradants. On aurait aimé plus de résistance, plus de rage contre leur situation. Ensuite on aurait aimé plus fond entre leur situation et le contexte sociétal (on survole) plutôt que leurs disputes féminines de base et les soirées lubriques. Finalement le réalisateur signe un film salutaire mais inabouti et bancal. On salue surtout les actrices à l'énergie foisonnante.
Critiques De Films
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