Fidelio, l'odyssée d'Alice de Lucie Borleteau

Par Dominique Chailan

Alice (Ariane Labed) est second mécanicien sur un navire de la marine marchande. Seule femme à bord pendant des mois.Le Fidelio, c’est le premier navire sur lequel elle a navigué. Elle y retrouve Gaël (Melvil Poupaud) qui est commandant et aussi son premier amour.Que fait ce film ? Pour un Captain Phillips où tout se passe entre mecs, ici il y a place pour une femme qui, visiblement, aime ce qu’elle fait et le fait bien.Ariane Labed est parfaite dans ce rôle et complète la gamme de visages féminins autres que des superhéroïnes à l’instar d'Adèle Haenel dans les Combattants. Et pourtant qu’on ne s’y trompe pas, derrière le bleu informe plein de graisse, sa sensualité transpire et excite. Ce qu’elle assume tout en étant respectée et en revendiquant ses choix.Alice est la symbolique de la femme plongée dans un monde d’homme et elle lui donne une autre dimension que « une femme dans chaque port ». Ici c'est l’homme qui est dans chaque port !Le décor ingrat sert de base à une micro-société où Alice reprend le poste et la cabine d’un mort. Un cycle de vie de trois mois en autarcie. Tout y est, les classes sociales, les croyances, les étrangers et une seule femme. Femme témoin de cette société où Alice voit les européens regarder un porno et les philippins chanter du karaoké et qu’elle passe en souriant.Philosophie de l’existence et de la place de la femme dans un monde d’hommes que les femmes réalisatrices arrivent décidement bien mieux à magnifier – voir ZeroDark Thirty de Kathryn Bigelow – En salles le 24 décembre 2014En DVD le 17 juin 2015