De: Markus Zusak
Résumé: Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité. Liesel Meminger y est parvenu.
Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s’est arrêtée. Est-ce son destin d’orpheline dans l’Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ? Ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? Au moins que ce ne soit son secret…
Celui qui l’a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres.
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Certains seront peut-être surpris par l’épaisseur de l’ouvrage; j’ai connu » pire » avec Harry Potter et je suis en plein dedans avec Outlander. Cela ne m’a pas découragé pour autant d’autant plus que je ne connaissais pas du tout ce roman. C’est juste que j’avais parlé de son adaptation cinématographique dans un des baromètres; et cela avait donc éveillé ma curiosité.
Je ne savais que les grandes lignes de cette histoire aussi j’ai été surprise que ce soit la mort la narratrice. Je vais certainement dire quelque chose de contradictoire mais tant pis, la mort m’a paru très humaine. Cette dernière a des sentiments, elle s’attache aux Hommes parfois bien malgré elle. Et, elle a même job: accueillir les morts justement. Vous serez d’accord avec moi que ce n’est pas banal d’autant que la Mort adore parler ( parfois trop d’ailleurs avec ces incessants apartés), observer les gens surtout l’héroïne de cette histoire: Liesel Meninger.
Combien de livres avait-elle touchés ?
Combien en avait-elle palpés ?
Elle recommença alors, plus lentement, cette fois, la paume des mains tournée vers les livres pour mieux sentir le dos de chacun. C’était un toucher magique, de la beauté pure, tandis que des rais de lumière brillante tombaient d’un lustre. À plusieurs reprises, elle faillit prendre un volume, mais elle n’osa pas déranger le parfait ordonnancement des étagères.
Finalement, la Mort nous ressemble beaucoup. Elle ne manque pas d’humour en tout cas lorsqu’elle nous dit à nous lecteurs que vous avons une vision erronée de la mort. Non, elle n’a ni cape ni faux; et, elle n’est pas un squelette. Je sais pas pour vous mais je trouve que ça dédramatise le fait de mourir. Bon, en même temps vous allez me dire que c’est un livre. Mais, les livres les mots sont porteurs d’un certain pouvoir; et ce n’est pas Liesel qui vous dira le contraire.
Oui, la voleuse de livres c’est bien elle. Son premier livre volé, c’était le jour de l’enterrement de son frère. Qu’a-t-elle cherché alors qu’elle ne savait même pas lire? Être sauvée, trouver un refuge, un foyer. Et puis, la voilà chez les Hubermann. D’autres livres seront volés et elle apprendra – difficilement- à lire grâce à son merveilleux père adoptif. Qui a dit qu’il fallait lire une histoire chaque soir à son enfant? Liesel découvrira les mots, leurs portées, leurs sens. Elle y verra en eux un échappatoire à la guerre, aux bombes qui font rage. Une façon aussi pour elle de raconter son histoire; une sorte de témoignage, un héritage qui perdura après elle. Et puis, viendra Max l’exilé juif. Il lui offrira des mots, des images; et, même deux romans écrit par ses soins.
Parfois, je me dis que mon papa est un accordéon. Quand il respire et me regarde en souriant, j’entends les notes.
L’amitié, la famille, les mots, les livres ont-ils été plus fort que l’atrocité de la guerre? Il semblerait que oui. A chaque moment important de sa vie, Liesel vole comme si le livre l’appelait. N’y a-t-il pas de « délit » aussi touchant et pardonnable que celui de voler un livre? Ce n’est d’ailleurs pas sans rappeler une histoire que j’ai entendue récemment.
C’est un petit garçon qui a volé un livre car sa mère ne pouvait pas lui en acheter. Quand les parents ont découvert son méfait, ils l’ont obligé de s’excuser auprès du commerçant. Il a donc écrit une lettre aux employés de la librairie. Lettre qui a énormément touché le personnel; ce dernier l’a donc invité à garder le livre. Et si je ne me trompe pas, des gens lui ont même offert des livres par la suite pour qu’il puisse se constituer une petite bibliothèque à lui.
Hitler avait bien compris le danger des livres et surtout, leurs pouvoirs. Que ces derniers étaient une menace pour la dictature qu’il avait mise en place. En effet, le livre n’est-il pas vecteur de connaissance, d’apprentissage, d’affranchissement? De voyage, d’espoir, de magie et de poésie? C’est pour cela qu’aujourd’hui encore dans nos sociétés prétendument modernes, il y a dans certains pays une réelle volonté de maintenir les populations dans l’ignorance la plus complète.
La voleuse des livres est donc de nature un livre dangereux car il montre combien la lecture peut être synonyme de liberté, d’espoir, de rêve et de lutte. Il n’y a qu’à regarder Max et vous comprendrez aisément de quoi je parle…
Quelque part au fond d’elle-même se tenaient les âmes des mots. Elles franchirent ses lèvres et se tinrent à ses côtés.