CONFLIT, STRUCTURE & IMAGINATION – PART 1
CONFLIT, STRUCTURE & IMAGINATION – PART 2
La structure classique est linéaire c’est-à-dire que les évènements se succèdent par un lien de cause à effet. Cette structure est très efficace pour développer l’arc dramatique d’un personnage.
Parfois cependant, une structure linéaire devient un peu trop prévisible surtout lorsque l’action prend le pas sur les personnages et que ceux-ci sont traités un peu légèrement.
En fait, certains auteurs peuvent tenter des voies un peu plus informelles en optant pour une structure non-linéaire mais avant de sortir des sentiers battus, il est préférable de bien connaître la forme que l’on s’apprête à triturer. En d’autres termes, avant de tenter une structure non linéaire, avant d’essayer de briser les règles, travaillez bien vos scénarios en les étayant d’une structure classique car il est impossible de réinventer un procédé sans en connaître les moindres détails.
A lire :
LA NON LINEARITE DU SCENARIO
Adopter une structure délinéarisée (tels que Pulp Fiction ou Memento) ne prouve en rien que votre script sera meilleur. C’est votre histoire qui, en fin de compte, décide de ce choix. Votre sensibilité d’auteur, elle, décide du choix des histoires que vous voulez écrire.
Quelque soit la structure, les meilleures histoires sont celles qui content la transfiguration d’un personnage. C’est à une véritable transformation de la personnalité du héros à laquelle nous devons assister, pas un changement mineur. Le héros est méconnaissable entre le début et la fin de l’histoire.
Si celui-ci reste le même, il en devient inintéressant. A moins que cela soit voulu par l’auteur et que ce qu’il recherche est une prise de conscience de son lecteur. En effet, si celui-ci réalise que le personnage ne peut pas changer et que c’est une faille majeure et qu’il reconnaisse en lui le même type de faille, le changement peut intervenir chez le lecteur. Cependant, cette intention reste marginale. L’objectif pour un auteur est de montrer un personnage qui va devenir carrément l’opposé de ce qu’il était au début de son histoire.
Concernant la structure linéaire, celle-ci montre toujours un renversement de la personnalité du héros. A partir de l’incident déclencheur qui affecte le quotidien du héros et qui initie une série de conflits croissants en intensité, le héros va entreprendre une série de transformation vers un état psychologique (et parfois même physique) complétement opposé. Ses valeurs, ses croyances seront inversées : le déni deviendra une illumination, une reconnaissance ; l’aveuglement deviendra acception, vérité…
Et cela peut fonctionner non seulement d’une valeur négative vers une valeur positive mais l’inverse est aussi possible tel ��Œdipe qui se crève les yeux pour ne plus avoir à soutenir du regard l’horrible vérité.
Les renversements
Un renversement peut intervenir à n’importe quel moment, dans n’importe quel contenant : scène, séquence, acte. En quoi consiste un renversement ?
Le plus simple est de comprendre le renversement comme une aggravation de la situation du héros ou inversement, sa situation actuelle s’améliore soudain.
Mais cette définition est incomplète : il faut en effet qu’un élément de surprise accompagne ce renversement. Il ne faut pas que votre héros devienne prédictible, sinon vous en faîtes un stéréotype. Cet élément de surprise n’est pas une fioriture narrative mais elle réponds à un besoin : celui du lecteur qui demande à être surpris par ce qu’il lit ou voit sur un écran. Le lecteur veut apprendre quelque chose de nouveau, veut voir quelque chose qu’il n’a encore jamais vu, veut comprendre pourquoi les gens agissent comme ils le font, votre histoire leur apportant quelques éléments de réponse.
Alors si vous ne surprenez pas votre lecteur, il refermera bien vite votre script, l’ennui étant la pire des terreurs qu’il puisse connaître.
La solution est de mettre votre héros dans les ennuis, lui faire prendre à bras le corps le problème de votre histoire et faire en sorte que les choses deviennent de pire en pire pour lui. A cette condition, vous maintiendrez l’attention de votre lecteur.
Le moyen de créer des ennuis pour le héros c’est-à-dire le mettre en situation de conflit, est de jeter sur son chemin des obstacles. Quel est ce chemin ? Il s’agit simplement de son objectif. Votre héros mène une quête, il a un but à atteindre et votre travail va consister à lui mettre des bâtons dans les roues (sous les traits d’un méchant qui peut être aussi une entité comme la nature ou la société ou ce que vous voulez).
Nous ne trouvons rien de plus fascinant qu’un personnage qui dise NON à un autre personnage. Vous avez un personnage qui désire quelque chose, qui demande cette chose et on lui réponds NON. La définition d’un conflit pourrait se résumer à ce seul NON.
Bien sûr, d’autres thèmes sont aptes à créer du conflit telle que la trahison ou la vengeance. Toutes choses qui fait l’objet d’un désir ou d’un besoin et qui vaut la peine que l’on se batte pour elles, que l’on mérite ces choses demande de la patience et de la ténacité. Il n’y a rien de plus ennuyeux que deux personnages qui disent OUI à tout, qui ne cessent de se dire qu’ils s’aiment car ce ne n’est pas qu’il n’y a pas d’action, en fait, l’action ne fait pas défaut, le souci est qu’il n’y a pas de conflit. Sans conflit, il ne peut y avoir d’histoire. L’action ne peut quant à elle faire seule une histoire. Les personnages et leurs problèmes interpersonnels sont la force dramatique nécessaire.
Comment le renversement alimente le conflit ou inversement comment le conflit mène à un renversement ?
Le revirement d’un personnage
Un personnage fait quelque chose de surprenant, d’inattendu qui semble ne pas correspondre à sa personnalité. Mais lorsqu’on y réfléchit bien, ce personnage a laissé dans des scènes antérieures à celle où il agit si étrangement des indices, des informations qui, une fois assemblées, justifient son comportement qui, cependant, surprend lorsque celui-ci s’expose.
Lorsque vous définissez la personnalité de votre personnage, posez-vous toutes les questions qui vous viennent à l’esprit puis répondez avec toutes les réponses possibles qui vous viennent aussi à l’esprit pour chacune des questions posées. Vous pourriez ainsi découvrir sur votre personnage des vérités essentielles qui devraient vous permette d’essaimer au cours de l’histoire des informations qui rendront légitime un comportement de prime abord erratique mais cependant inévitable.
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Un personnage réalise soudain (peut-être que les circonstances de la scène le force à reconnaître) quelque chose sur lui-même qu’il a été incapable de voir jusqu’à présent ou qu’il s’est refusé à voir. C’est une révélation, une illumination qui l’oblige à changer ou à mourir (physiquement ou spirituellement).
Le renversement dans la situation d’un personnage
Le personnage souffre soudainement d’une perte : sa famille, sa beauté, sa richesse, sa réputation, sa santé… à cause de quelque chose qu’il a fait ou qu’il n’a pas fait. Ce peut être aussi quelque chose qui le dépasse complètement telle qu’une catastrophe naturelle. Le personnage est soudain dépossédé de tout ce qui faisait son statut quo, de tout ce qui apportait un équilibre dans sa vie. Il se retrouve ainsi perdu, fragilisé, vulnérable donc prêt à agir pour tenter de retrouver cet équilibre perdu.
Un personnage qui croyait en quelque chose : le devoir, Dieu, son pays, sa femme, son meilleur ami… perd soudainement sa foi. Lorsque les valeurs auxquelles on croit perdent soudain tout intérêt, le malaise d’un grand vide s’installe. Le personnage a un travail à faire sur lui-même qui peut être dramatiquement intéressant.
L’attente du lecteur prise à contre-pied
Alors qu’il semble évident que ces deux-là finiront ensemble, le dénouement de votre scénario mène à leur séparation.
Le méchant de l’histoire s’avère ne pas être celui que l’on croyait ou inversement un personnage proche du héros s’avère être le méchant.
Le héros ne réalise pas son objectif, c’est donc un échec pour lui mais cependant, le scénario présente cet échec comme une réussite (le héros se satisfait de ne pas avoir atteint son but). Et l’inverse est aussi possible lorsque le héros réussit mais que cela ne lui apporte pas la satisfaction qu’il en attendait.
L’idée est que ce renversement quelle que soit la forme qu’il prendra apporte un élément de surprise. Vous devriez être vous-même surpris en l’écrivant ce qui garantirait que cet élément de surprise agisse aussi sur votre lecteur. Ne vous focalisez pas dès le début du processus d’écriture vers des conclusions définitives car celles-ci pourraient évoluer en cours d’écriture.
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Cet article est très librement inspiré par Lex Williford