Vous qui pensiez vous prélasser sur votre canapé un oeil sur la télé l'autre sur des mots croisés en pianotant sur vos claviers des recherches Google diverses et variés (ex : " Fréro Delavega frères ? ", " Larusso Morte ? ", " Enfant Ryan Gosling "), et bien vous vous êtes trompé !
Ce soir, Numéro 23, la surprenante, va vous obliger à vous concentrer. Remballez vos Smartphones et vos Télé 7 jeux car il est temps pour vous de chausser vos lunettes de vues afin de pénétrer dans les abymes visuellement reptiliennes de Snake Eyes.
À l'occasion du match de boxe du siècle, le secrétaire de la défense et un certain nombre de gens sont venus remplir les gradins du Palais des Sports d'Atlantic City. Tandis que les coups s'enchainent sous les vivas de la foule, le favori du combat est mis K.O et un petit quelqu'un profite de cette " aubaine " pour tirer sur l'homme politique.
Rick Santoro (Nicolas Cage), un policier corrompu aux goûts vestimentaires plutôt mystérieux, veut comprendre pourquoi son boxeur préféré s'est couché tout en perçant à jour le voyou qui a gâché la soirée et la carrière de son ami (Gary Sinise), chargé de la sécurité du secrétaire. Décidé à mettre ses excentricités vestimentaires entre parenthèses, c'est en cravate et chemise blanche que Santoro va reconstituer les faits afin de découvrir la vérité.
Nous ne passerons pas par quatre chemins, IL FAUT REGARDER SNAKE EYES CE SOIR!
Cela étant dit nous allons tout de même argumenter car nous ne sommes pas que des tyrans autoritaires.
Si vous devez absolument voir ce film c'est surtout et avant tout pour sa mise-en-scène incroyablement génial. Toute l'histoire et sa vérité reposent sur le point de vue de chacun des personnages. Principalement alimenté par des flashbacks, Snake Eyes reprend toujours la même scène en la filmant sous différents angles selon le ressentit ou les dires des protagonistes. La caméra prête son objectivité au jeu de la subjectivité afin de mettre le spectateur au cœur de la narration en découvrant en même temps que Santoro la réalité sur ce qu'il s'est vraiment passé. En utilisant ce processus, le film démontre à quel point l'objectivité ne dépend que de la subjectivité et comment la véracité d'un fait se perd ou se trouve au travers de plusieurs versions. La question du point de vue, de sa traduction et de sa manipulation se retrouve aussi dans la mise en abyme de l'histoire vue au travers des écrans de télévision (très présents) et des écrans de télévision vus au travers du film.
Snake Eyes est une vraie leçon de cinéma, capable de vous montrer la facilité de travestir la vérité à la seule force du point de vue, et de vous faire comprendre que le dit point de vue pourrait finalement être la seule vérité tangible. Ou pas.
C'est donc sur ces questions existentielles que nous vous laissons être ou ne pas être à Atlantic City en compagnie de Nicky et de Gary.
Crédits images: senscritique.com (couverture), telerama.fr