[les lundis ciné] L’adieu aux armes/A Farewell to Arms de Frank Borzage au Korova Bar

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

En partenariat avec le webzine Pichenettes (https://www.facebook.com/Pichenettes) , retrouvez tous les lundis les projections de classique du cinéma au Korova Bar (12 rue Imbert Colomès, 69001 Lyon).  Entrée libre

Lundi 21 septembre à 20h30, L’Adieu aux armes (A Farewell to Arms) de Frank Borzage (1932)  est au programme.

L’Adieu aux armes (A Farewell to Arms)
De Frank Borzage
Avec Helen Hayes, Gary Cooper, Adolphe Menjou
USA, 1932, 1h29

Oscar de la meilleure photographie pour Charles Lang, Oscar du meilleur son pour Franklin B. Hansen. 

Synopsis
Durant la Première Guerre mondiale, le lieutenant Frederick Henry (Gary Cooper) sert dans une compagnie américaine stationnée en Italie. A l’hôpital, il rencontre Catherine, une belle infirmière (Helen Hayes) qu’il séduit au cours d’une soirée. Blessé au combat, il la retrouve à son chevet et comprend qu’il est amoureux d’elle. Après sa convalescence, Frederick doit retourner sur le front et Catherine, pour ne pas l’accabler, lui cache qu’elle est enceinte. Elle gagne la Suisse pour accoucher de leur enfant. Le meilleur ami de Frederick, le major Rinaldi (Adolphe Menjou), intercepte les lettres que s’envoient les deux amoureux, pensant ainsi protéger son ami d’une passion qu’il juge dangereuse pour un soldat. Mais Frederick, fou de ne plus avoir de nouvelle de Catherine, déserte pour la retrouver…

A propos du film
« A Farewell to Arms est la première adaptation cinématographique d’un roman d’Ernest Hemingway. C’est pour l’écrivain une trahison et, même si l’on préfèrerait parler de réappropriation, on ne peut lui donner tort tant le film est d’évidence tout entier une œuvre de Frank Borzage. Le cinéaste déforme ou étire certains aspects du roman, en occulte d’autres, transformant l’œuvre d’origine de telle manière que chaque séquence rentre en résonance avec son univers, ses thèmes et ses réalisations antérieures.

La guerre, si précisément décrite par Hemingway, n’est plus ici qu’une toile de fond servant à révéler et magnifier l’amour de Frederick et Catherine. Borzage signe cependant des séquences saisissantes sur le conflit du Piave, parvenant en quelques plans à montrer l’atrocité et l’absurdité de la guerre, à nous faire ressentir le désastre dans lequel plonge alors l’humanité. Nul besoin de discours, quelques plans suffisent au cinéaste pour décrire la folie des hommes et pour lui, montrer comment la guerre peut détruire un couple lui suffit pour à en démontrer l’horreur.

Si Borzage n’aborde pas la guerre, le chômage, la misère par une mise en scène réaliste, il excelle cependant à les dépeindre dans ses films, faisant alors souvent montre d’un regard acéré. Mais ces drames lui servent avant tout à magnifier l’amour. « C’est par l’amour et l’adversité que l’âme humaine atteint la grandeur » dit un carton qui ouvre Street Angel : les accidents, la pauvreté, la guerre sont des épreuves dont les héros doivent sortir vainqueurs, non pas en changeant le monde ou quelque chose de leur condition, mais en trouvant un amour absolu et total. La mise en scène de Borzage sur A Farewell to Arms est éblouissante, le cinéaste continuant à utiliser la force d’expression du cinéma muet à l’heure du parlant, croyant toujours dans la puissance symbolique des images (un encrier annonçant la mort, le soldat blessé en Christ sur la croix…), dans leur pouvoir d’évocation et d’incarnation. Les éclairages, les cadres, les décors… tout participe à accompagner et à magnifier les sentiments qui animent les personnages. La pureté du regard que porte Frank Borzage sur ses personnages, sa capacité à incarner le monde tout en atteignant une forme de spiritualité, l’intelligence constante de sa mise en scène, sa sensibilité dans la direction d’acteurs, son profond humanisme font de « L’Adieu aux armes » un mélodrame sublime, de ceux qui transcendent le genre, de ceux qui possèdent la grâce. »

Olivier Bitoun pour tvclassik