Gemma Bovery

Gemma BoveryFontaine singe Flaubert
Martin, boulanger en Normandie depuis 6 ans, est en fait un ex lecteur pour une maison d’édition parisienne qui a fait son exode urbain afin de trouver de la quiétude à la campagne. Passionné de littérature, il se fait quand même un peu chier avec une femme hyper pragmatique et un ados fainéant et inculte. Mais voilà que vient s’installer à côté de chez lui une jeune femme qui pourrait se nommer Anna Kaliénine mais qui se nomme en fait Gemma Bovery. Et le mari de la belle, çà ne s’invente pas, s’appelle Charles. Pour lui, le passionné de littérature, il va se réveiller de sa torpeur en imaginant la vie de sa contemporaine au regard de la vie d’Emma. La sensualité de la belle réveille aussi en lui, l’homme endormi.Lucchini est le comédien qui pouvait le mieux porté le rôle principal de cette comédie pastorale incroyablement littéraire. C’est fin, intelligent ; et Lucchini sait jouer de sobriété. L’obsession de ce dernier à traquer la belle comme une victime et de tout faire pour modeler son existence à celle de Bovary fait penser au jeu de transposition du littéraire à la réalité auquel se livrait déjà Lucchini « Dans la maison » d’Ozon. Mais là où ce dernier tranchait pour le suspense, Anne Fontaine reste dans un vaudeville codifié convenu hésitant perpétuellement entre comédie légère et romanesque. La réalisation est élégante, mais à tout vouloir expliquer, elle oublie un hors champ qui aurait pu laisser le spectateur à sa libre interprétation. Il y a les flash back, mais le plus maladroit se situe dans un final grotesque. Dommage.Anne Fontaine est rarement totalement convaincante ; même si agréable à suivre. Ici, après avoir recyclé le Lucchini d’Ozon, elle recycle aussi le « Tamara Drewe » (adaptation d’un roman aussi) de Frears sans plus d’allant que ce dernier, mais aussi la Gemma Aterton de « Tamara Drewe ». Ca manque de créativité mais çà donne envie de lire ou de relire le roman de Flaubert.
Sorti en 2014