Dans The Green Inferno, vous jouez une des victimes des cannibales. Dans Knock Knock, vous êtes au contraire en positon de force dans la peau du bourreau de Keanu Reeves. Comment s'est passé la transition ?
Lorenza Izzo : C'était génial. Justine (son personnage dans The Green Inferno, NDLR) est en effet une victime, tandis que Genesis (rôle qu'elle tient dans Knock Knock, NDLR) a le pouvoir et contrôle les choses. Genesis manipule le personnage incarné par Keanu Reeves pour parvenir à ses fins. Pour moi, c'est excitant de voir que ces deux films où je joue deux personnages radicalement différents sortent quasiment au même moment. Justine était un rôle sympa à jouer, c'est une jeune étudiante naïve avec plein de rêves, qui voudrait changer le monde. Combien d'entre nous se sont déjà un jour senti comme elle lorsqu'on voit un clochard dans la rue ? Je pense que Justine présente de bonnes intentions dans le fond, elle ne sait juste pas dans quoi elle met les pieds. C'est un rôle intéressant à bien des égards, une sorte de nana qui passe progressivement à l'âge adulte sans trop s'en rendre compte. C'est aussi intéressant parce que je fais partie de la même génération qu'elle, celle qui est addict aux réseaux sociaux, aux smartphones et compagnie. Oh mon dieu, mon selfie sur Instagram vient d'être partagé et vu plusieurs milliers de fois, vous savez, ce genre de trucs (rires). Et puis mon opinion sur la question importe : le message social présent dans The Green Inferno m'importait. J'ai l'impression qu'à la fin, Justine a appris la leçon. Elle est devenue moins vulnérable, plus forte et finalement plus mature qu'au début. C'est une belle évolution. C'est important pour moi vous savez, je suis contente d'avoir participé à The Green Inferno, qui, au-delà de moments gores et violents, présente un vrai propos social et j'adore ce genre de films. J'ai fait quelques recherches pour mon personnage Justine, j'ai même rencontré quelques étudiants de Columbia en amont du tournage. J'ai quelques amis qui y sont inscrits, du coup, c'était simple pour moi de pouvoir en rencontrer. J'ai essayé de les observer, de connaître leurs centres d'intérêts et d'apprendre leur façon de penser.
Genesis vient dans un tout autre monde. C'est un sujet dramatique. Je parle de la maltraitance physique qu'elle a probablement subie étant plus jeune et qui explique pourquoi elle est comme ça aujourd'hui. Mais j'avoue que c'était incroyablement fun à jouer. Être une psychopathe manipulatrice qui change de personnalité toutes les deux secondes, c'est marrant à interpréter. Pour une comédienne, ce type de personnage à jouer est un défi magnifique. On doit travailler le langage du corps. C'était une opportunité extraordinaire pour moi. Bosser avec le même réalisateur sur ces deux films, c'était cool. Eli m'a poussé à explorer mes limites.
Si on va un peu plus loin, votre personnage dans Knock Knock est une fille qui séduit des pères de famille pour ensuite les faire craquer et les " révéler " en quelque sorte. Qu'est-ce qui vous a plu dans ce rôle, au-delà du côté fun à jouer ?
Eli Roth, c'est une bonne école pour apprendre la comédie, non ? Il écrit, produit, réalise et joue.La scène du plan à trois est vraiment réussie. Elle est visuelle...
Lorenza Izzo : N'est-elle pas sexy ? J'étais tellement nerveuse. On avait des doublures, mais ... je vais peut-être vous laisser terminer la question, pardon (rires).
... et forte car c'est à ce moment là que les deux filles piègent véritablement Evan. J'ai toujours entendu dire que les scènes de sexe étaient très difficiles à tourner. Est-ce que c'était le cas pour vous ? Comment ça s'est passé ?
On en a parlé toute à l'heure, Eli est réalisateur, mais pas que. Il joue, il écrit, il produit. Vous, est-ce que vous aimeriez un jour réaliser un film ?
C'est marrant parce que Eli Roth est votre mari et Knock Knock parle justement d'un mari qui trompe sa femme, avec en arrière fond le message suivant : " ne déconnez pas avec le mariage ", ça vous fait pas peur ?
Genesis utilise les réseaux sociaux dans le film pour torturer Evan. Est-ce que vous pensez que Twitter, Instagram et toutes ces choses possèdent un tel pouvoir destructeur ?
Pouvez-vous nous parler de vos prochains projets et vos envies, en dehors du fait que vous voulez réaliser un film ?
Vous venez de dire que vous adorez les comédies, mais est-ce que vous allez voir les films d'horreur en salles. Est-ce que vous aimez le genre ?Lorenza Izzo : Je ne les aime pas trop en fait (rires) parce que j'ai peur de tout. Je hurle quand je suis dans le noir. J'ai peur des araignées. J'ai la frousse de tous les trucs religieux, genre les pentacles, les rituels et tout ça. Green Inferno, je peux le mater parce qu'il y a un côté fun. Knock Knock, c'est un thriller psychologique, je peux le voir aussi. Mais les films d'horreur, je peux vraiment pas, sauf ceux dans lesquels je joue parce que je sais ce qui va arriver (rires).
Propos recueillis et traduits par Robin.
Merci aux confrères présents (CinemaClub & Mondociné), mais aussi à Claire d'Okarina, à tous les membres du Public Système Cinéma, ainsi qu'au personnel de la villa Kiehl's.
Retrouvez l'interview d'Eli Roth ici