Gravity ("Décoller, c'est atterrir")

Gravity (

genre: science-fiction, aventure, catastrophe
année: 2013
durée: 1h30

l'histoire : Pour sa première expédition à bord d'une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l'astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu'il s'agit apparemment d'une banale sortie dans l'espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l'univers. Le silence assourdissant autour d'eux leur indique qu'ils ont perdu tout contact avec la Terre - et la moindre chance d'être sauvés. Peu à peu, ils cèdent à la panique, d'autant plus qu'à chaque respiration, ils consomment un peu plus les quelques réserves d'oxygène qu'il leur reste. Mais c'est peut-être en s'enfonçant plus loin encore dans l'immensité terrifiante de l'espace qu'ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre

La critique :

Les voyages ou les aventures dans l'espace ont toujours passionné le noble Septième Art. On se souvient (ou pas...) d'Apollo 13 de Ron Howard, qui s'inspirait d'une histoire vraie, mais surtout de films plus complexes ; bien sûr 2001, l'Odyssée de l'Espace de Stanley Kubrick, et dernièrement d'Interstellar de Christopher Nolan. Dans tous ces films, il est aussi question d'un univers immense, énigmatique, indicible et régi à la fois par les préceptes de l'infiniment grand et de l'infinitésimal.
En l'occurrence, Gravity, réalisé par Alfonso Cuaron en 2013, n'échappe pas à la règle. Au moment de sa sortie, le long-métrage est unanimement salué par la presse. Le film recueille des critiques panégyriques. Il obtient même plusieurs Oscars, dont celui du meilleur réalisateur pour Alfonso Cuaron.

Hormis quelques détails, les professionnels de l'astronomie reconnaissent les qualités de Gravity, et notamment son caractère ultra réaliste, entre autres, dans l'utilisation des engins spatiaux. Au niveau de la distribution, le long-métrage réunit seulement Sandra Bullock et George Clooney, presque condamnés à gloser et à pérorer dans le vide interstellaire.
Viennent également s'ajouter les voix d'Ed Harris et de Phaldut Sharma. Plusieurs grands acteurs seront approchés pour interpréter le Docteur Ryan Stone (finalement jouée par Sandra Bullock) : Angelina Jolie, Scarlett Johansson et Natalie Portman. Même remarque pour le rôle du Docteur Kowalski. Dans un premier temps, les producteurs annoncent le nom de Robert Downey Jr.

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Finalement, c'est George Clooney qui hérite du scaphandrier spatial. Attention, SPOILERS ! La navette spatiale Explorer effectue une mission de maintenance sur le télescope spatial Hubble. Trois astronautes sont dans l'espace en train d'effectuer des travaux sur le télescope amarré dans la soute de la navette lorsque le centre spatial de Houstoninforme l'équipage qu'un satellite russe a été détruit par un missile, engendrant un nuage de débris spatiaux. De prime abord sans danger, les débris se multiplient par réaction en chaîne et certains d'entre eux se dirigent droit vers les astronautes.
Ceux-ci se préparent à réintégrer la navette spatiale. Mais il est trop tard, les débris sont sur eux. L'astronaute Ryan Stone qui était amarrée au bras télécommandé de la navette se trouve propulsée dans l’espace et dans la panique perd de vue la navette et ses collègues.

Le commandant de la navette, Matt Kowalski, qui a également survécu et qui dispose, contrairement à sa collègue, d'un MMU lui permettant de se déplacer, parvient à la rejoindre. Il l’arrime à lui à l’aide d’un câble et, grâce à la propulsion de son MMU, l’emmène à sa suite jusqu'à la navette spatiale. Hélas à bord il n’y a pas d’autres survivants et les destructions l'ont rendue inutilisable.
Le seul espoir semble être la station spatiale internationale à 100 kilomètres de là. Matt espère regagner la Terre à bord d'un vaisseau Soyouz amarré à la station spatiale. Le parcours dans l’obscurité sidérale est l’occasion d’un échange entre les deux rescapés et Ryan confie à Matt comment elle a perdu sa fille au cours d’un banal accident. Depuis, elle est hantée par ce destin tragique.

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Gravity oscille intelligemment entre plusieurs genres : la science-fiction, l'aventure, le film catastrophe et le survival. Finalement, le film s'apparente à un huis clos spatial. Ce qui est assez déroutant. D'un côté, les deux protagonistes doivent se déplacer dans un vide à l'immensité incommensurable. De l'autre, ils doivent se débattre dans une combinaison exigüe et dans un univers en proie à de nombreux dangers, notamment les propulsions de débris spatiaux, rapides comme l'éclair et perforant comme des balles de révolver. Plus qu'un paradoxe, un oxymoron. A l'image de l'intitulé du film, donc Gravity (au cas où vous n'auriez pas suivi...) : en effet ici, point de gravité, mais plutôt une apesanteur totale qui va jouer un rôle prépondérant pour nos deux héros en scaphandrier.

A partir de ce dilemme paroxystique, le film propose un périple haletant dans un espace sans limite, sans hauteur, ni longueur, ni largeur et finalement sans repère. La notion d'espace n'existe pas, semble nous dire Alfonso Cuaron. Sur ce dernier point, le réalisateur se transforme en véritable virtuose et érudit de la caméra avec de nombreuses scènes à couper le souffle, et des séquences à priori simplistes, mais d'une redoutable efficacité. Le spectateur est lui aussi convié à plonger dans ce vide intersidéral aussi nébuleux que fascinant, aussi dangereux que captivant.
Néanmoins, contrairement à 2001, l'Odyssée de l'Espace, Solaris (le film de 1972, pas le remake, dans lequel on retrouvait par ailleurs l'ami "Nescafé"... Pardon... George Clooney...) et à Interstellar, Alfonso Cuaron élude tout questionnement de fond sur notre vaste cosmos. Contrairement à ses prédécesseurs, et malgré son habileté technique, Alfonso Cuaron ne propose jamais de réflexion sur ce vide intersidéral et sur le rapport que l'homme entretient avec l'univers.
C'est le gros point faible du film, malgré, je le répète, des qualités indéniables. Bref, un film de science-fiction certes magnifique et d'une beauté insondable, à défaut d'être visionnaire...

Note : 14.5/20

Gravity ( Alice In Oliver