Après « Superstar » en 2012, Xavier Giannoli nous livre son sixième long-métrage avec « Marguerite ». Catherine Frot, récemment à l’affiche de « Bowling », « Associés contre le crime » et « Les saveurs du palais », tient le rôle principal. André Marcon, Michel Fau, Christa Théret, Denis Mpunga et Théo Cholbi complètent le casting. Xavier Giannoli et Marcia Romano, scénaristes de « À l’origine », et « Superstar », signent le scénario, d’après une histoire vraie. Le long-métrage fût présenté, en compétition, à la 72ème édition de la Mostra de Venise. « Marguerite » sortait dans nos salles françaises le 16 septembre 2015.
Synopsis : Dans le Paris des années 20, Marguerite Dumont est une femme fortunée, passionnée de musique et d’opéra. Depuis des années, elle chante régulièrement devant son cercle d’habitués. Mais Marguerite chante tragiquement faux et personne ne lui a jamais dit. Son mari et ses proches l’on toujours entretenue dans ses illusions. Tout se complique le jour où elle se met en tête de se produire devant un vrai public à l’Opéra.
Derrière une étonnante histoire vraie, même si assez anecdotique dans sa portée, le scénario de « Marguerite » en dégage un traitement dès plus intéressant, où c’est avant tout le portrait d’une passionnée qui nous est dressé. Mieux encore, une personne qui n’a aucun talent pour ce qu’elle aime et pratique. Le scénario aborde de manière intelligente tout cela, en présentant le personnage de Marguerite comme un génie mal-aimé, où le tragique viendra ponctuer son existence. C’est un peu de cela dont il s’agit : un drame personnel, entre moquerie et admiration, où l’on ne sait jamais quel sentiment réellement éprouver. Néanmoins, le chapitrage du long-métrage est légèrement mal contruit, puisque là ou le premier, le troisième et le cinquième chapitres se révèlent très bien construits, le deuxième et le quatrième se trouvent bien trop longs et fastidieux dans leur cheminement. « Marguerite » n’en reste pas moins puissant, dans son élaboration psychologique de son personnage principal.
Justement, dans le rôle-titre, on retrouve Catherine Frot, impeccable de bout en bout, tant elle arrive à créer un personnage entre illusion personnelle et tristesse profonde de la vie. Cette passion du chant devient alors un échappatoire à son quotidien maussade, ainsi qu’à un mari trop peu présent pour elle et qui a honte de sa propre femme. La relation entre les deux protagonistes est parfaitement construite, jouant intelligement d’un sentiment de « je t’aime, moi non plus », tandis qu’une belle alchimie s’installe entre Catherine Frot et André Marcon. À leurs côtés, plusieurs autres personnages essayent tant bien que mal d’exister. La faute au scénario, qui veut, dans un premier temps, leur apporter leur propre arc narratif et qui, dans un deuxième temps, ne consacre pas assez de temps au dévelopement de ces derniers. Malgré ce manque de rigueur d’écriture dans les seconds rôles, les interprétations des acteurs sont plus que soignées. Une jolie facade, plutôt qu’une réelle profondeur, en somme.
S’il y a bien un élément cinématographique, dans la conception de « Marguerite », constant dans sa durée et sa qualité, c’est la réalisation de Xavier Giannoli. En s’imprégnant complètement de l’époque à laquelle se déroule l’intrigue, le Paris des années 20, le réalisateur propose une esthétique aux couleurs noirâtres et à l’allure très photographique. Chaque plan est parfaitement cadré, parfaitement établit, afin d’offrir une base, plus qu’optimale, au bon fonctionnement de la mise en scène. S’il s’avère que celle-ci est très belle, elle n’en devient jamais pour autant trop lisse, et amène, par son esthétisme, un aspect palpable à l’écran, rendant extrêmement vivant l’ensemble. La bande-originale de Ronan Maillard conduit, en quelque sorte, « Marguerite », marquant les esprits à certains moments clés, tandis qu’elle se fera plus discrète par la suite et ainsi, ne sature jamais le long-métrage. Un long-métrage qui parle de musique, mais où celle-ci ne le vampirise jamais.
« Marguerite » est un long-métrage passionnant dans ce qu’il met en scène, avec ce personnage passionné par un art qu’elle croit maîtriser. La direction artistique, les interprétations des acteurs, et la mise en scène de Xavier Giannoli subliment le fond, et créent une forme parfaite à cette étrange symphonie psychologique.
Marguerite. De Xavier Giannoli. Avec Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau, Christa Théret, Denis Mpunga, Théo Cholbi, Sylvain Dieuaide, Aubert Fenoy, Sophie Leboutte, …
Sortie le 16 septembre 2015.