Révélée par David Lean dans Docteur Jivago, actrice fétiche de Carlos Saura, Geraldine Chaplin a tourné, entre l’Europe et l’Amérique, pour Martin Scorsese, Pedro Almodóvar, Robert Altman, Alain Resnais…
Dans « Peppermint frappé« , Geraldine Chaplin est à la fois Ana et Elena, fille de village et objet de fantasme. Un double rôle impressionnant pour sa première collaboration avec le cinéaste espagnol dont elle deviendra la muse. Une première collaboration (avant Stress, Anna et les loups, Cría cuervos…) récompensée par l’Ours d’argent au Festival de Berlin.
Les Séances
Vendredi 16 octobre 2015 à 14:30 : Institut Lumière
Samedi 17 octobre 2015 à 11:00 : Cinéma Comœdia
Le site du Festival : www.festival-lumiere.org
Peppermint frappé
de Carlos Saura,
Avec Geraldine Chaplin, Jose Luis López Vázquez, Alfredo Mayo
Espagne, 1967, 1h32
Date de reprise : 18 février 2015
Description
Julián (José Luis López Vázquez), radiologue quadragénaire et célibataire, a installé son cabinet dans sa maison de Cuenca. Il est épaulé par la brune Ana (Geraldine Chaplin), jeune infirmière très discrète. Un jour, il est invité par son ami d’enfance Pablo (Alfredo Mayo), aventurier tout juste revenu d’Afrique et jeune marié, qui lui présente son épouse, la blonde Elena (Geraldine Chaplin) : Julián est frappé par le souvenir d’une jeune fille qui battait le tambour des années auparavant, à Calanda, lors de la Semaine Sainte. Hanté par cette image de femme idéale et moqué par Elena, il se tourne vers Ana…
A propos du film
« On dit que lorsque dans un film on peut compter cinq minutes de « bon cinéma », l’œuvre est remarquable. Il y a pour moi dansPeppermint frappé plus de dix minutes admirables et le reste est excellent. Je suis un admirateur de Carlos Saura. » déclarait Luis Buñuel, son maître absolu, à qui Saura dédia son film.
Carlos Saura a une place très importante dans le renouveau du cinéma espagnol des années 1960/1970, dans un pays qui évolue sur tous les plans, politique, social et économique. Comme son maître, Saura se penche sur la bourgeoisie espagnole issue du franquisme, coincée entre vie moderne et traditions, et il utilise les paraboles de la famille et du couple pour exposer ses positions politiques. Peppermint frappé est ainsi l’odyssée d’un être inadapté, médecin aux obsessions fétichistes dans une province conservatrice – au finale, un homme insatisfait. Carlos Saura instaure tout du long un climat troublant : c’est de la rigueur de son éducation que naît l’idéal féminin et érotique de Julián. Et c’est un élément progressiste et libre qui déclenchera l’explosion de violence. La longue montée de la tension amène à la seule issue qui mettra fin au tourment de Julián.
Source Festival Lumière
Peppermint frappé et les festivals.
Présenté au Festival de Berlin, « Peppermint frappé » a valu à Carlos Saura l’Ours d’argent du Meilleur réalisateur.
Déjà distingué à Berlin, Peppermint frappé fait partie des films choisis pour la Sélection officielle du Festival de Cannes. Oui mais voilà : nous sommes en mai 1968… Le 10 mai, tandis que Paris est le théâtre d’affrontements entre étudiants et policiers, à Cannes le Festival s’ouvre normalement avec la projection d’Autant en emporte le vent dans une version 70 mm. Le délégué général Robert Favre Le Bret refuse d’annuler la manifestation, en dépit des demandes formulées par l’association française de la critique. Les professionnels du cinéma sont d’autant plus sensibles au mouvement étudiant qu’ils sont encore sous le choc de l’éviction d’Henri Langlois de la Cinémathèque par le Ministère des affaires culturelles, en février 1968. Quelques films (dont Au feu les pompiers! de Milos Forman) sont présentés les premiers jours. La projection cannoise de Peppermint frappé, qui doit se tenir le 13 mai, est reportée en raison d’une grève. Elle a finalement lieu le 18 mai, mais une partie des spectateurs présents, parmi lesquels des cinéastes comme Jean-Luc Godard… ou Carlos Saura lui-même empêchent la projection de débuter en s’accrochant aux rideaux… Le 19 mai, Favre le Bret annonce que le Festival s’arrête… À noter que cette année-là, dans le jury présidé par l’écrivain André Chamson figuraient entre autres Monica Vitti, Louis Malle, Roman Polanski et Terence Young, et parmi les films de la compétition, Je t’aime, je t’aime, 24 heures de la vie d’une femme ou encore La Motocyclette.
Enfin, précisons qu’en 2008, pour célébrer de façon décalée les 40 ans de Mai 68, le Festival de Cannes a décidé de projeter les films « sacrifiés » de la sélection de 1968. Le film fut projeté dans le cadre de la rétrospective Cannes Classics où un hommage fut d’ailleurs rendu au réalisateur Carlos Saura, présent cette année-là. À cette occasion, Peppermint frappé, jusqu’alors inédit en France, connaît également une sortie en salles.
Fiche technique
- Peppermint frappé
- Espagne, 1967, 1h25, couleurs (Eastmancolor)
- Réalisation : Carlos Saura
- Scénario :Carlos Saura, RafaelAzcona, AngelinoFons
- Photo : Luis Cuadrado
- Musique :TeddyBautista, Luis de Pablo
- Montage : Pablo G. delAmo
- Décors : Wolfgang Burmann
- Costumes :AngelinesCastro
- Production :ElíasQuerejeta, ElíasQuerejetaProduccionesCinematográficas
- Interprètes : Geraldine Chaplin (Elena/Ana), José Luis López Vázquez (Julián), Alfredo Mayo (Pablo), Ana María Custodio (la mère de Julián), Emiliano Redondo (Arturo), Fernando Sánchez Polack (un patient), María José Charfole (une enfant), Pedro Luis Lozano (un enfant), Víctor Manuel Moreno (un enfant), Francisco Venegas (un enfant)
- Sortie en Espagne : 9 octobre 1967
- Présentation au Festival de Berlin : juin 1968
- Sortie en France : août 1973