[Critique] N.W.A. Straight Outta Compton

Par Pauline R. @Carnetscritique

Réalisé par F. Gary Gray.

Avec O'Shea Jackson Jr, Corey Hawkings, Jason Mitchell, Paul Giamatti...

★★★☆☆

Sorti le 16 septembre 2015.

1986, Los Angeles. Ice Cube ( O'Shea Jackson Jr.), Dr. Dre ( Corey Hawkings) et Eazy-E ( Jason Mitchell) sont dans la place. Le rap n'est pas encore aussi populaire qu'il l'est maintenant, mais ça chauffe ! Ces trois jeunes gars et leurs copains, tous issus du quartier pauvre et ghettoisé de Compton, couchent sur le papier leur quotidien, entre tensions racistes, guerre des gangs et trafic de drogue. Le flot coule, les rythmes sonnent. Le groupe N.W.A. ( Niggar Wit Attitud) naît, et leur album Straight Outta Compton restera dans les annales comme la pierre angulaire du rap des décennies à venir. N.W.A. STRAIGHT OUTTA COMPTON retrace la vie de cinq rappeurs sur quelques années, parmi les plus tendues qu'ont connu les Etats-Unis.

La scène d'ouverture de N.W.A. frappe d'entrer de jeu en pleine tête. La violence s'immisce dans chaque plan, toujours latente, prête à exploser. L'ambiance est posée. La caméra restera pendant tout le film mobile, s'apprêtant à dégainer, à sursauter, à bondir au fil des dialogues et de la tension qui monte. Cette caméra représente la seule originalité cinématographique du film, jamais esthétisé. Et pour cause : difficile de rendre les grosses chaînes qui pendent, les t-shirt xxl et les coupes de cheveux des 80s sexy ! Si le film de F. Gary Gray n'incarne pas la révélation ciné de l'année, il n'en reste pas moins percutant, instructif et bien mené. On peut lui reprocher certaines longueurs, mais elles reflètent finalement les creux de vague vécus par chaque membre du groupe après sa dislocation. Cette histoire, souvent méconnue des jeunes et très jeunes générations, rappellent à quel point les Etats-Unis des années 80 semblaient revenir dans leur carcan ultra-conservateur, bien loin des luttes pour les droits civiques des années 60 et 70 en faveur des noirs américains. Le rap est libérateur, un moyen de tout dire, sans limite. Le rap est dur. Le rap est parfois difficile à écouter. S'il n'est pas votre tasse de thé musicale, vous subirez parfois dans N.W.A. les fuck mis à toutes les sauces et les basses qui vous percent le diaphragmes. Le film frappe par la crudité des paroles, pas par leur esprit ! Si l'on comprend parfaitement le contexte et les actes de ces gars-là, il est tout de même ardu de ne pas être gêné et/ou révolté par la misogynie, la violence et le sans gêne des personnages. Personnages incarnés par une quinte d'acteurs puissants et naturels. Le propre fils d'Ice Cube, O'Shea Jackson Jr., incarne d'ailleurs son père avec une aisance et une ressemblance déconcertantes. Pour qu'ils puissent s'immerger au plus profond du scénario, F. Gary Gray a demandé aux acteurs de réenregistrer Straight Outta Compton. Le résultat est là. Une diction approprié, un flot très...fluide, et une grande force émane de tout le casting, avec une mention spéciale à Corey Hawkings, absolument magnétique !

Pauline R.