[Critique Vidéo] Kill Your Darlings réalisé par John Krokidas

Par Kevin Halgand @CineCinephile

Synopsis : "Allen Ginsberg, Jack Kerouac, William Burroughs... ils sont les plus grands écrivains américains du 20ème siècle. Kill your Darlings retrace l'histoire de leur rencontre et de leur révolte contre la société américaine. Au milieu d'une frénésie de fêtes, d'alcool et de passions interdites, tous ces jeunes gens enflammés perdent peu à peu leurs repères... jusqu'au meurtre."

L'industrie cinématographique donne chaque année des centaines de films sur grand écran, la plupart étant oubliés quasi instantanément la fin d'exploitation en salle. Une autre facette de l'industrie du 7e Art regroupe les films sortis directement en DVD, appelés dtv, ici le ratio de film mauvais est encore plus grand, mais de temps en temps on a le droit à des pépites. Des petits films indépendants jusqu'aux grosses machines à la production ou distribution mal huilée, le dtv parfois, aurait sa place sur grand écran. Kill your Darlings semble être l'exemple parfait d'un problème de production, avec un casting impressionnant et une histoire passionnante, on se demande ce qui a fait le passage direct en DTV.

Kill your Darlings va faire parler de lui dans un premier temps grâce à son casting : Daniel Radcliffe, Dane DeHaan ( Chronicle), Michael C. Hall ( Dexter), Elizabeth Olsen. Un casting de jeunes acteurs au succès énorme. C'est ce casting qui fait une grande partie du film. L'histoire tourne autour du tandem entre Daniel Radcliffe et Dane DeHaan, interprétants respectivement Allen Ginsberg et Lucien Carr, l'auteur et sa muse. Ce duo talentueux tire le métrage vers le haut, par leurs interprétations complémentaires, les deux acteurs sont plus crédibles que jamais et confirment leurs talents respectifs. Si le duo est mis en avant tout au long du film on regrettera la mise en retrait de Jack Kerouac (auteur de On The Road) interprété par Jack Huston, lui aussi très bon, sans oublier Michael C. Hall qui n'a pas assez de scène pour le rendre détestable. Son personnage n'a pas assez d'expositions pour provoquer une quelconque émotion lors de sa mort, on reste de marbre face à ce qu'il lui arrive. Le sujet, grave, étant sensé donner l'aspect dramatique qui devrait caractériser le film est ici mal amené et n'a donc pas l'impact escompté.

La vie d' Allen Ginsberg est ponctuée de tonnes d'éléments dramatiques. Sur l'heure et demie de film difficile d'en extraire plus que la surface. C'est superficiellement qu'on en apprend plus sur sa vie, sa mère malade, son homosexualité dans un premier temps refoulée et pudique puis assumée et brutale. Allen entretient avec sa muse une relation pudique et malsaine, qui influence sa créativité en tout point. En nous passant en revue sa vie depuis son entrée à l'université de Columbia, le réalisateur John Krokidas donne les bases pour comprendre la façon de pensée de cette auteure rebelle. Le metteur en scène nous emmène dans les années 40 aux États-Unis, dans un climat de bien pensant sur fond de seconde guerre mondiale. L'immersion est réussite, l'image est tachetée d'un grain d'époque. La lumière bleue froide qui accompagne les plans d'extérieur donne une ambiance dépressive en totale adéquation avec la vie des personnages. Les jeux de lumière mettent en avant une fois de plus les deux personnages principaux.

D'un œil assez détaché, Krokidas fait passer ses acteurs pour des enfants qui expérimentent pour la première fois, rendant tout léger, créant une démesure extrême. Les expérimentations mènent tout droit à la création, Allen écrit en repensant et s'inspirant de ses souvenirs, le réalisateur joue avec ces scènes et donne un aspect de flashback au processus créatif, vraiment pas mauvais. Avec une première moitié de film entrainante et rythmée, le film s'essouffle dans sa seconde partie, malgré une scène de cambriolage riche en intensité, la scène de meurtre sensé donner tout son sens au reste du film n'a pas l'effet d'apothéose, au contraire elle est même la moins bonne scène capitale de l'œuvre.

En Conclusion :

Kill Your Darlings est un bon film, une des surprises des sorties DTV du mois de septembre. Un film à voir ne serait-ce que pour en apprendre sur la vie passionnante d'écrivains pas forcément connus chez nous. Après Horns Daniel Radcliffe choisit une fois de plus avec brio son rôle, très bon dans son interprétation d' Allen Ginsberg c'est pourtant Dan DeHaan qui donne sa meilleure performance en meneur charismatique et fragile.

Pour ce qui est des bonus, la version Blu-Ray sortie le 28 septembre 2015, offre quelques scènes coupées, un commentaire audio du réalisateur, mais surtout un entretien des deux acteurs principaux. Daniel Radcliffe et Dan DeHaan parlent de leurs expériences durant 6 minutes, comment ils ont obtenu le rôle, l'ambiance dans le groupe et sur le plateau et leurs appréhensions vis-à-vis de certaines scènes.