Kidist Siyum, Welela Assefa, Surafel Teka, Rahel Teshome
Premier long métrage pour Yared Zeleke, réalisateur de 36 ans, qui est aussi le premier cinéaste éthiopien sélectionné au Festival de Cannes. Lamb est présenté dans la catégorie Un Certain regard
"Lamb est à l'image de mon propre parcours, profondément personnel et inévitablement politique. Il s'agit d'un roman d'apprentissage, semi-autobiographique, imprégné par le chagrin, le courage et l'humour qui caractérisent la vie dans mon pays." déclare
"C'est incroyable ! Je me pince encore pour y croire", dit-il. "Je me sens vraiment reconnaissant, chanceux, et fier de représenter cette partie du monde", a confié le cinéaste à l'AFP à Paris, à quelques jours de l'ouverture du festival. Il a appris la nouvelle de sa sélection alors qu'il était en train de faire le montage son de son film. "Ca a vraiment illuminé ma journée, ma semaine, mon année, ma vie!", lance en riant le jeune réalisateur.
Yared Zeleke est déjà venu à Cannes en 2013 avec le projet de son film, dans le cadre de l'Atelier de la Cinéfondation, qui permet à de jeunes cinéastes de rencontrer des partenaires potentiels. Après avoir monté une société à Addis Abeba avec sa productrice ghanéenne, il a bénéficié du soutien de coproducteurs et distributeurs français. Même si, dit-il, "comme pour beaucoup de premiers films, il a fallu se battre pour essayer de boucler le financement". D'autant plus quand il s'agit d'une histoire "avec des enfants et des animaux qui se passe en Afrique, en Ethiopie". - "Paradis perdu" -
Le cinéma africain est "très fragile", reconnaît Yared Zeleke, qui vit aujourd'hui en Éthiopie après une vingtaine d'années passées loin de son pays. Financer des films de ce continent, "c'est un défi, jusqu'à ce que les gens commencent à s'ouvrir à l'idée que quelque chose puisse venir de cette partie du monde", ajoute-t-il. Mais "alors que l'économie se développe, que de plus en plus de gens sont éduqués, il est temps pour nous, Africains, de raconter nos propres histoires, nourries de nos vies, de nos expériences".
Né à Addis Abeba, où il a été élevé par sa grand-mère, Yared Zeleke a quitté l'Éthiopie pour les Etats-Unis en 1987, pour retrouver son père qui avait fui la dictature communiste. Il n'était pas au départ destiné à une carrière dans le 7 ème Art. Il a d'abord étudié l'agroéconomie "parce qu'il voulait travailler avec les fermiers éthiopiens", avant de réaliser que "son truc, c'était vraiment de raconter des histoires".
"J'ai été envoyé aux Etats-Unis, le pays de tous les rêves pour un Ethiopien à cette époque, et peut-être encore maintenant. Mais pour moi, c'était comme un cauchemar parce que je ne voulais pas quitter ma famille et mon pays", explique le jeune homme, auquel "cela fait du bien d'être de retour".
À travers notamment la société de production qu'il a cofondée, Yared Zeleke veut aussi "aider le secteur du cinéma" en Éthiopie. Car, explique-t-il, dans son pays, "il n'y a pas encore d'institutions ou de financements pour soutenir la croissance du cinéma. Il y a encore beaucoup à faire"."J'ai beaucoup de rêves", ajoute-t-il.
"J'aimerais ouvrir des vidéo-clubs pour que les gens aient accès à des films du monde entier, j'aimerais enseigner le cinéma à l'université ou monter des ateliers pour les acteurs et les professionnels du cinéma". Sources : culturebox.francetvinfo.frLorsque sa mère meurt lors d'une famine, son père l'envoie, accompagné de sa brebis, chez des parents éloignés dans une région plus verte du pays, loin de leur terre natale dévastée par la sécheresse.
Dans ce nouvel environnement, Ephraïm a le mal du pays.
Son oncle lui ordonne d'abattre sa brebis pour une fête à venir. Il élabore alors un stratagème pour sauver Chuni et retourner chez lui.
En 2010, j'avais déjà une version de 20 pages de mon script, qui s'appelait
Lamb . Je comptais en faire une thèse mais mon professeur d'écriture de scénario à l'Université de New York, le réalisateur Todd Solondz (Happiness), m'a encouragé à le convertir en long métrage. Un an plus tard, j'ai rencontré mon actuel producteur, Ama Ampadu, et en juin 2011 je commençai à écrire mon premier scénario qui, exactement un an après, reçut un financement du Fonds d'aide au développement du scénario au Festival du Film d'Amiens. Nous avons commencé le casting à Addis Abeba en 2014. J'ai auditionné environ 6500 personnes de tous les styles et de tous les âges sachant que la priorité était donnée aux sept personnages principaux (trois enfants). Mon assistant principal, Terhas Berhe, et moi-même nous sommes rendus dans une dizaine d'écoles. Nous avons arpenté les rues, lancé un message radio pour trouver les perles rares...
L'atmosphère du tournage ? Une anecdote de plateau ?
En dépit des conditions difficiles, l'atmosphère de tournage fut magique, à l'image du merveilleux décor de montagnes qui nous entourait. La première partie de
La plupart des paysans avec qui nous avons travaillé n'avaient pas l'électricité. Certains enfants n'avaient jamais vu d'européens, ce qui a causé des crises de larmes à répétition. Malgré tous les obstacles (un acteur quasiment encorné, un autre presque culbuté par un cheval...) nous avons réussi à terminer le film à temps, grâce à une équipe formidable. Le dernier jour, j'étais soulagé, je savais que j'avais réalisé mon premier long métrage.
Quelques mots sur vos interprètes ?
J'ai eu beaucoup de chance avec les acteurs. Avant de commencer le casting, j'avais fait une liste des caractéristiques de mon personnage principal. Le garçon qui deviendrait Ephraim devait être intelligent, ouvert, confiant, enjoué, à l'écoute, subtil ; avoir été blessé ou traumatisé dans l'enfance sans avoir perdu l'envie d'aimer et d'être aimé ; ne pas avoir peur des caméras; être capable de supporter les stress physique et psychologique que supposent un long métrage.
De tous les acteurs je savais que Kidist Siyum était la fille que je recherchais pour jouer le rôle de l'adolescente rebelle. Welela Asefa, pourtant plus jeune que la personne recherchée, transmettait l'amour comme le personnage d'Emama. Surafel Teka respirait l'autorité comme Salomon, alors qu'il est un homme doux et assez comique ! Rahel Teshome était aussi beau et complexe qu'Azeb.
Le réalisateur Éthiopien Yared Zeleke, était présent au Festival de Cannes 2015, dans la section Un certain regard. " Reconnaissant, chanceux, et fier de représenter cette partie du monde" a-t-il déclaré.
Une autre vue de son pays, après Difret, r éalisé par Zeresenay Mehari, dont l'action se situait il y a presque vingt ans.
Le film de Yared Zeleke se situe sur les hauts plateaux Éthiopiens. Un monde dans lequel "les hommes ne sont pas faits pour la cuisine". Mais un lieu où les femmes, les aïeules en particulier, ne s'en laissent pas compter.
Après la mort de sa mère, un enfant de 9 ans, Ephraïm, n'a plus qu'une seule amie. Sa fidèle brebis, dénommée Chuni. Déraciné pour cause de sècheresse son père se voit contraint de le confier à un lointain parent.
Si le réalisateur ne prend aucun risque, il démontre sa vision, existant entre une certaine modernité des villes et les campagnes reculées accrochées à des rites qui peuvent paraître d'un autre âge. Entre jeunes et aînés, la confrontation est souvent rude. En particulier avec l'attraction de la ville pour une jeune fille qui, en plus de lire le journal, refuse avec obstination de se plier à la tradition.
Filmé dans un cadre majestueux, la directrice de la photo, Josée Deshaies, offre au spectateur des panoramas d'une grande beauté. Une invitation au rêve.
Entre récit initiatique, rêve ou documentaire, Lamb est un film simple, beau et attachant. Le jeune Rediat Amare qui tient le rôle de l'enfant est particulièrement touchant.