Les Terrifiés Anonymes

Par Z. @Bizardbizard

Afin de commencer ce mois placé sous le signe de la folie (qui fait peur) sous de bons hospices, Bizard Bizard se propose d'ouvrir la première réunion des Terrifiés Anonymes (T.A).

Osez dire non à l'effroi ! Osez dire non à la lumière allumée quand vous dormez ! N'ayez plus peur de vous exprimer, il est temps de partager et de se raisonner.

Comme toute peur a une explication, nous avons choisi de frapper là où ça fait mal en revenant sur l'un des films les plus terrifiants de l'univers : Shining. Cette histoire - fruit de l'imagination de l'empereur de la peur Stephen King, et porté à l'écran par le maître de la mise-en-scène, Stanley Kubrick- est le support parfait pour inaugurer la première réunion des T.A. Habités par la témérité des exorcistes de l'extrême nous vous proposons aujourd'hui de revenir sur les troubles évènements qui se déroulèrent à l'hôtel Overlook en mettant la peur au placard et en choisissant la raison pour guide. Car si tout cela est arrivé c'est aussi une question de choix. Alors, avant de vous décider une fois pour toute à blinder la porte de votre salle de bain, lisez donc ça.

Jack Torrance, un écrivain en panne d'inspiration et en difficulté financière, postule à l'offre d'emploi " gardien d'hôtel vide d'où on ne peut pas sortir " (voyez notre air réprobateur). Vous me direz, pourquoi pas ! Après tout quoi de mieux que le calme et la solitude pour faire la guerre à la page blanche ? Oui mais non, car le premier mauvais choix c'est justement ça. On ne choisit pas sciemment d'emmener toute sa petite famille dans un lieu abandonné construit sur un ancien cimetière indien où l'on est condamné à rester bloqué jusqu'au mois de mai. Car l'hôtel Overlook c'est une grande demeure grise encastrée dans la montagne, on y vient en voiture (par des routes terriblement sinueuses), on ne frappe pas mais surtout ceux qui hantent là ont jetés la clé (cette phrase n'a de sens que pour ceux qui connaissent la chanson). Ne tenant pas du tout compte du sombre présage de Maxime Le Forrestier ou même du fait que son fils Danny se soit fait ami imaginaire et tyrannique résidant dans sa bouche, Jack conduit pied au plancher pour atteindre son nouveau logis, tout en s'amusant à parler cannibalisme à son garçon de cinq ans ( signe qui ne trompe pas).

Une fois le gérant de l'hôtel et le gentil cuisinier partis, l'heure de payer l'addition du premier mauvais choix a sonné. C'est entre furieuses balades en tricycle, visions de tsunamis de sang et mauvaise humeur grandissante que passent les jours dans la nouvelle demeure familiale. Si mère et fils choisissent de voir la vie du bon côté, le père lui, voit le sang froid le quitter quand la neige commence à tomber. En effet, alors que Danny ne cesse de décliner, avec force de bon sens, l'invitation des deux petites filles fantômes à jouer avec elles, Jack fait tout l'inverse. Ravi de rencontrer de nouveaux amis qui n'existent pas, le papa décide de lâcher le guidon et de faire fi de la réalité pour s'amuser avec ses petits copains. Deuxième mauvais choix : tout le monde sait qu'on ne parle pas aux fantômes qu'on ne connaît pas.

C'est fort de ses nouvelles amitiés que Jack prend joyeusement la route des enfers pour rejoindre... le bar. Troisième et décisif mauvais choix. Ex-alcoolique de son état et clean depuis un certain nombre d'années, Jack est néanmoins prêt à tous les sacrifices pour rester en " bonne compagnie " et être invité aux soirées, quitte à lâcher son projet d'écriture et obliger sa femme, terrifiée par ces évènements, à devenir meilleure amie avec une batte de baseball.

Et voilà comment tout part en jus de boudin ! Étreinte lascive avec un cadavre, dégradation de biens (radio, chenillette, porte de salle de bain et plus encore), tentative d'homicide sur la personne de sa femme (brave brave brave Wendy ! Une femme d'honneur sans peurs) à la hache, assassinat du gentil cuisinier, tentative d'infanticide sur la personne de son fils et suicide par congélation. Des mauvaises fréquentations, un verre de trop dans le nez, une thérapie à laquelle on a voulu échapper et on en arrive à de telles extrémités.

Vous voyez, finalement tout s'explique... Presque tout... Il est vrai que nous n'avons pas abordé le fait que Jack ait été délivré du cagibi-épicerie par son ami le fantôme Grady, qui, de par sa condition, n'est pas censé exister, et aussi... Bref ! Ne parlons pas de choses qui fâchent, à chaque jour suffit sa peine. Grâce à cette première réunion des T.A nous avons déjà réussi à parler sans tabous en faisant face à nos peurs (n'est ce pas ?!)

En espérant vous avoir un peu aidé à raisonner vos terreurs shiningesques, nous vous remercions chaleureusement de votre attention.

Nous vous conseillons néanmoins de blinder toutes vos portes et recommandons l'achat d'un dreamcatcher. (Raison rime avec prudence après tout).

Allez, la peur ne peut être combattu que lorsqu'elle est revécue

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