[CRITIQUE] : Seul sur Mars

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Ridley Scott
Acteurs : Matt Damon, Chiwetel Ejiofor, Jessica Chastain, Kate Mara, Donald Glover, Kristen Wiig, Sebastian Stan,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : 108 000 000 $
Genre : Aventure, Science-Fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h21min.
Synopsis :
Lors d’une expédition sur Mars, l’astronaute Mark Watney (Matt Damon) est laissé pour mort par ses coéquipiers, une tempête les ayant obligés à décoller en urgence. Mais Mark a survécu et il est désormais seul, sans moyen de repartir, sur une planète hostile. Il va devoir faire appel à son intelligence et son ingéniosité pour tenter de survivre et trouver un moyen de contacter la Terre. A 225 millions de kilomètres, la NASA et des scientifiques du monde entier travaillent sans relâche pour le sauver, pendant que ses coéquipiers tentent d’organiser une mission pour le récupérer au péril de leurs vies.

Critique :
#SeulsurMars ou un survival SF léger et optimiste visuellement impressionnant, une surprise rafraichissante portée par un Matt Damon habité— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 1 Octobre 2015

#SeulsurMars ou du grand Ridley Scott qui démontre à près de 80 ans qu'il a toujours en lui son mojo et son envie d'offrir du grand cinéma— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 30 Septembre 2015

Unique, #SeulsurMars est une odyssée spatiale picturale ou l'angoisse et le drame sont dominés par une légèreté et un humour ravageur— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 30 Septembre 2015

Nous avons beau discuter un brin - pour être poli - les derniers choix artistiques du papa de Gladiator (une suite façon nouvelle trilogie pour Prometheus, really ?) tout autant que ces derniers essais sur grand écran (le biblique Exodus : Gods and Kings et l'injustement critiqué Cartel, tout simplement le thriller le plus savoureusement jusqu'au-boutiste et nihiliste de ces dernières années), tout cinéphile un minimum avertit se doit pourtant de considérer chaque nouvelle péloche de Ridley Scott comme un putain d'événement à part entière.
Surtout que le bonhomme, à l'instar des derniers grands faiseurs d'Hollywood comme Marty Scorcese ou Steven Spielberg, privilégie une mise en scène du spectaculaire old school, usant du numérique que lorsqu'il est réellement nécessaire.

Alors, à l'annonce de son attachement à l'adaptation ciné du bouquin culte de d'Andy Weir, The Martian aka Seul sur Mars, on ne pouvait que se délecter à l'avance que de voir que les ambitions de l'ainé des Scott et son amour pour les odyssées spatiales n'avaient rien perdu de leur superbes, lui qui a bâti sa renommée sur deux bandes SF cultes : Alien, Le Huitième Passager et Blade Runner.
L'histoire, c'est celle imagé de l’astronaute Mark Watney, qui à la suite d'un violent orage est laissé pour mort lors d’une mission spatiale habitée sur Mars.
Abandonné sur place par son équipage qui s'est vu obligé de fuir, Watney a pourtant survécu et se retrouve seul sur cette planète hostile. 
Avec de maigres provisions, il ne doit compter que sur son ingéniosité, son bon sens et son intelligence pour survivre et trouver un moyen d’alerter la Terre qu’il est encore vivant...
Autant l'avouer tout de suite, le mot qui caractérise le mieux le 23eme long métrage de Ridley Scott, c'est surprenant, sa vision s'avérant bien loin de l'idée du survival tendu et douloureux que sa pourtant excellente campagne promotionnelle, laissait présager.

Car de tout son long, le ton de Seul sur Mars s'échine à jouer la carte de l'ironie et de l'humour, un pari risqué mais gagnant puisque rarement - aussi bien le cinéaste que le genre survival -, ne nous avait habitué à un parti pris aussi original et couillu.
Un humour omniprésent, référencé et rarement hors de propos (on reconnait bien là la patte de Drew Goddard, qui avait traité avec le même ton le genre horrifique via son excellent La Cabane dans la Forêt), collant fidèlement à son matériau d'origine et poussant Scott à abandonner la facture sombre de ses précédents essais pour mieux renouer avec la comédie loufoque douze ans après le mésestimé Les Associés (porté par l'étonnant duo Nicolas Cage/Sam Rockwell).
A bientôt quatre-vingt balais, Sir Ridley se renouvelle (le style chère au cinéaste est ici méconnaissable) et signe avec légèreté un film d'aventure pas comme les autres sur la nature humaine et l'instinct de survie qui est propre à l'homme, ici personnifié par un MacGyver/génie/Robinson Crusoé made in Mars persuadé qu'il va s'en sortir et qui trouve toujours un moyen de se sortir de la moindre embuche.

Finalement plus proche de Seul au Monde que de 2001, l'Odyssée de l'Espace, réaliste, ni pompeux ni ennuyeux dans son propos scientifique à la portée de tous (l'un des défauts majeurs d'Interstellar pour beaucoup), Seul sur Mars est une réussite exemplaire, visuellement impressionnante (et ce dès son excellente ouverture) et aboutie qui s'appuie beaucoup sur la prestation habité d'un Matt Damon en état de grâce.
D'une justesse de jeu indécente, il est le cœur, l'âme et le moteur vibrant de The Martian au point même que la belle brochette de comédiens l’accompagnant (au choix Jessica Chastain, Kate Mara, Chiwetel Ejiofor ou encore Kristen Wiig) a tout du faire-valoir classieux.
Alors certes, certains pourront lui reprocher son optimisme inébranlable (jusque dans sa bande originale disco) et son manque d'action et de tension (jamais la gravité, l'impression d'hostilité et de danger viscérale qui caractérise cette survie sur Mars ne marque la péloche, sauf peut-être dans le final) voir même son accumulation de passages obligés inhérents à tout film catastrophe - sans pour autant paraître une seule seconde poignant -; mais force est d'admettre que la cuvée 2015 du tonton Scott incarne sans contestation possible un divertissement épique, rafraichissant, (très) drôle et savoureusement unique.

Reste qu'il lui manque cependant un tout petit quelque chose pour atteindre la maestria d'un Gravity ou même d'un Interstellar (la faute à une absence de vrais enjeux dramatiques et émotionnels), bien qu'ils s'avèrent tous les trois assez différent.
Mais voir qu'à bientôt quarante ans de carrière, le papa de Gladiator démontre toujours aussi bien son savoir-faire pour mettre en boite des blockbusters racé et intelligent, cela force évidemment le respect et ça mérite sacrément le coup d’œil.
Jonathan Chevrier