KILL YOUR FRIENDS (Critique)

KILL YOUR FRIENDS (Critique)KILL YOUR FRIENDS (Critique)SYNOPSIS: Londres, 1997. Les groupes pop comme Blur, Oasis et Radiohead règnent en maîtres sur les ondes. Steven Stelfox, 27 ans, producteur de musique et chasseur de talents, écrase tout sur son chemin. Poussé par sa cupidité, son ambition et une quantité inhumaine de drogues, il recherche le prochain tube. C'est l'époque d'un business où les carrières se font et se défont. A mesure que les tubes se font plus rares, il tente de désespérément de sauver sa carrière.

Les films dont le héros est une personne foncièrement mauvaise, calculatrice, avide, égocentrique et particulièrement immorale forment quasiment un genre à part entière. Patrick Bateman dans American Psycho, ou plus récemment Jordan Belfont dans Wolf of Wall Street sont de parfaits exemples d'anti-héros issus de ce que l'humanité peut faire de pire, mais évoluant dans un milieu (la finance pour ces deux cas précis) où leur ambition et leur absence de tout remord leur permet de briller. A chaque fois à l'œuvre, ce mécanisme qu'avait déjà utilisé Hitchcock dans Psycho : finir par donner envie au spectateur que le personnage principal s'en sorte, à l'image d'un Norman Bates paniquant lorsque la voiture dans le coffre de laquelle il a caché un corps ne disparait pas complètement dans les eaux du lac où il l'a précipité. Dans Kill Your Friends, exit la finance et bienvenue dans le monde merveilleux de la pop anglaise des années 90, alors en plein boom, porté par les Spice Girls, les All Saints, Coldplay et autres jeunes gens biens sous tous rapports. Si le succès remporté par ces artistes fait rêver le public, l'envers du décor est bien moins étincelant, et pour le coup n'a rien à envier au cynisme des traders de Wall Street : le fana de musique est considéré comme un simple porte-monnaie, les artistes des vaches à lait passées à la moulinette des majors, et ceux qui les fabriquent sont des cocaïnomanes arrogants, sans foi ni loi, et dont la seule ambition est d'écraser leurs collègues pour gravir les échelons d'une hiérarchie qui pousse au chiffre. Owen Harris, réalisateur principalement de série anglaise (dont un passage dans l'exceptionnel Black Mirror) adapte l'ouvrage (plus ou moins) autobiographique de John Niven, passé dans sa jeunesse par les joies des soirées Putes & Coke et des journées de travail à produire la musique dont le monde entier allait se gaver pendant presque une décennie.

KILL YOUR FRIENDS (Critique)

Le travail est soigné : Owen Harris nous dresse le portrait d'une galerie de personnages tous plus étranges les uns que les autres, incarnés par une tripotée d'acteurs doués et investis. Pour l'un de ses premier grand rôle principal, Nicholas Hoult (vous vous souvenez de lui dans les derniers X-Men, mais vous aviez surement oublié qu'il était le petit garçon qui tenait la vedette face à Hugh Grant dans Pour un Garçon) assure comme le professionnel qu'il est. Arrogant, cynique, calculateur, il prête ses traits à la fois poupins et taillés à la serpe à un Stelfox qui n'a qu'un objectif : écraser ses concurrents, quitte à commettre les pires atrocités. Autour de lui, rien à redire du casting : Tom Riley est délectable en clic un peu coincé, James Corden génial en collègue soumis à toutes les substances illicites possibles et imaginables, le jeune Craig Roberts est parfait en jeune stagiaire naïf et soumis, et la trop méconnue Georgia King particulièrement attachante en secrétaire aux petits soins pour son patron. Certes, le film n'invente rien : des mecs insupportables qui prennent tout le monde de haut, on en voit souvent au cinéma. Certes, certains retournements de situation sont quelque peu improbables, et les ficelles sont souvent visibles. Certes, on voit assez rapidement les grandes lignes que suit Owen Harris, et on imagine vite la façon dont le film va se terminer. Pourtant, le réalisateur parvient à créer une ambiance, fruit de décors, lumières, musiques et montages très travaillés. En suivant un scénario particulièrement pervers, en plaçant au centre de l'histoire un personnage que personne ne souhaiterait inviter à boire un café, Kill Your Friends assure le job sans coup férir, mu par une énergie d'abord excitée, puis complètement psychédélique, désespérée même. Un réalisateur qui mène une barque où chaque acteurs est à son poste, une histoire somme toute classique mais malignement abordée, un habillage général de qualité.. Kill Your Friends vous divertira, vous amusera, et vous dégoutera. En tous cas, il ne vous laissera pas indifférent.

KILL YOUR FRIENDS (Critique)

KILL YOUR FRIENDS (Critique)TRÈS BIEN

Catégories : Critiques Cinéma

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