Bon…
Je ne vais pas m’arrêter sur des lignes et des lignes d’analyse, pour aller à l’essentiel sur pourquoi j’ai trouvé La Loi du marché particulièrement ennuyeux. Que l’on fasse des films engagés, avec un propos sociétal fort et incrusté à notre époque, c’est louable, autant le faire correctement. L’exemple qui me vient et qui m’avait touchée, était Discount de Louis-Julien Petit. Un réel propos qui ne tombe jamais dans la pathos, rythmé, servi par une belle brochette d’acteurs. Le film de Stéphane Brizé a lui aussi un sujet qui peut nous toucher : le chômage et le monde des demandeurs d’emploi. Pourquoi ça ne prend pas ?
Une réalisation qui m’a parue fainéante par de longs et lents plans fixes où le quotidien y est jeté froid, brut sans émotions. Suffit-il de reproduire la réalité pour s’en approcher et faire passer un message ? Clairement non. Brizé a pris le risque d’employer peu d’acteurs pour ne montrer à la caméra que des personnes authentiques, comme la banquière, qui est vraiment banquière. Cela dit, je comprends la démarche, faire du réel avec du réel pour montrer cette cruelle société qu’est la nôtre, c’est finalement bien pensé. L’administration n’est pas tendre, on ne vous accueille pas à bras ouverts, avec un sourire et des blagues. On se mange les obstacles en pleine face : manque d’argent, dettes à n’en plus finir, crédits à rembourser. Les personnes qui vous annoncent ce genre de bonnes nouvelles font leur travail, sans compassion. Alors pourquoi ça n’a pas pris ? Vincent Lindon ? Je n’ai pas réussi à avoir de l’empathie, je n’ai pas été touchée par sa détresse, peut-être parce qu’on ne la voyait pas, on voit un homme fatigué et impassible qui tente de s’en sortir, qui se trouve un travail pour subvenir aux besoins de sa famille, tel un automatisme. J’aurais voulu plus d’émotions, soit un personnage qui a la rage, soit dépressif, mais quelque chose de plus consistant qu’une personne qui semble accepter une certaine fatalité.
La loi du marché m’a dépassée : j’ai compris le propos et cette volonté d’exposition, néanmoins, il manquait quelque chose de concret pour qu’il soit percutant. Le film s’enfonce trop dans la réalité, exposant un quotidien qui n’est pas inconnu aux Français, mais dont la finalité n’est pas clair. Un film tableau en somme, représentant une réalité bien vécue.
Bonus :
- Le film commenté par Stéphane Brizé
- Entretien avec Stéphane Brizé (16 minutes)
- Le discours de Vincent Lindon à Cannes (9 minutes)
- Entretien avec Claude Halmos, psychanalyste (16 minutes) : Complément d’analyse intéressant permettant de comprendre que le personnage est face à un rouleau compresseur qui est la société. La psychanalyste explique que l’homme se construit de manière privée, puis il s’ouvre au social, celui-ci fini d’ailleurs par atteindre la sphère du privé. Aussi, développe-t-elle que l’on ne pense pas à la destruction psychologique du chômeur. C’est également un segment où Claude Halmos fait passer une publicité pour son bouquin (je l’ai ressenti comme ça).
- Bande-annonce
Sortie en vidéo le 07 octobre 2015.